Annecy (suite)
Annecy a mieux tiré parti de son site, composé de trois éléments principaux : un contrefort du Semnoz, le coteau d’Annecy-le-Vieux et, entre les deux, la plaine des Fins. Le vieil Annecy, celui des ruelles étroites conduisant au château, est l’héritier du bourg fortifié médiéval installé sur le Crêt du Maure, au pied du Semnoz. Il connut un destin très particulier, recueillant dès le xiiie s. les comtes de Genève, qui abandonnent leur ville transformée en république, puis au xvie s. l’évêque, chassé à son tour par la Réforme. Annecy, capitale politique et religieuse, atteint son apogée au xviie s., sous l’épiscopat de saint François de Sales, qui fonde en 1610 la Visitation, bientôt suivie d’autres monastères et de nombreux établissements d’enseignement. La population grandit et s’installe dans les faubourgs.
La Révolution et l’Empire bouleversent complètement cette topographie encore féodale et tracent les grandes lignes de la ville moderne, celle du Thiou et de la plaine des Fins. Annecy devient un centre industriel avec une grande manufacture de coton, une papeterie, une verrerie, une indiennerie, installées dans d’anciens couvents et utilisant la force motrice du Thiou ou le lignite d’Entrevernes. Ces activités industrielles se développent sous la restauration sarde, pendant la période du Buon Governo, qui ouvre aux entreprises locales le marché piémontais : les Forges de Cran datent de cette époque. L’annexion de la Savoie par la France a un effet contraire, et la création de zones franches étend l’influence de Genève sur la partie septentrionale du nouveau département de Haute-Savoie ; la fin du xixe s. est marquée par l’essor du tourisme, avec pour attractions le tour du lac en bateau et la visite des gorges du Fier. Dès 1904, grâce à l’initiative de quelques hommes, parmi lesquels Jules Barut, Léon Laydernier et Louis Aussedat, Annecy connaît les bienfaits de la houille blanche : l’équipement des chutes du Fier procure de l’énergie à bon marché aux industries traditionnelles, qui se transforment (papeteries, forges), et à des activités nouvelles (électrochimie, mécanique). Cette seconde phase du développement industriel d’Annecy sera courte, mais d’autres suivront, provoquées par des éléments extérieurs, notamment par Genève (bijouterie mécanique) et Paris (décentralisations d’industries de pointe, électronique et mécanique de précision notamment) : pour ces productions, le coût de l’énergie et celui des transports interviennent peu dans le prix de revient.
La ville occupe maintenant toute la plaine des Fins, dont les terrains sont propices aux établissements industriels. Elle gagne les coteaux d’Annecy-le-Vieux, de grande valeur résidentielle. La population compte une forte proportion de cadres et de spécialistes. Les activités de services s’adaptent à cette clientèle. Annecy, ville industrielle, connaît les formes les plus modernes du commerce urbain, lesquelles suscitent de nouvelles entreprises d’importance régionale.
M. L.
➙ Alpes françaises / Rhône-Alpes / Savoie (Haute-).