Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lesage (Alain René) (suite)

Romancier, Lesage est l’héritier de la tradition française du roman « bourgeois », illustrée par Sorel, Scarron et Furetière, ainsi que du roman « picaresque » espagnol. Mais il renouvelle le genre en appliquant au roman son talent d’observateur ironique et sa veine réaliste. Un pot-pourri, un roman à tiroirs, une « revue », tel est Gil Blas de Santillane. Picaro, sympathique vaurien, Gil Blas fait son éducation tout au long du livre. Il découvre tout un monde : aventuriers, valets, comédiens, auteurs, médecins, clergé, noblesse, honnêtes gens parfois. Plutôt que l’Espagne, c’est la « comédie humaine » de la Régence que Lesage a peinte dans ses travers et ses vices. Dans un style clair et concis, plein de naturel et de prestesse, Lesage a écrit un roman réaliste et truculent qui fait de lui l’un des plus séduisants moralistes de son temps.

M. L.

 H. Patin, Éloge de Lesage (Didot, 1822). / C. A. de Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. I (Garnier, 1844 ; 2e éd., 1864) ; Causeries du lundi, t. II et IX (Garnier, 1857-1862). / K. Veckenstedt, Die Geschichte der Gil Blas Frage (Brunschwig, 1879). / L. Clarétie, Lesage romancier (A. Colin, 1890 ; rééd., Slatkine, Genève, 1970). / E. Faguet, Dix-Huitième Siècle. Études littéraires (Lecène et Oudin, 1890). / E. Lintilhac, Lesage (Hachette, 1893). / G. Haack, Untersuchungen zur Quellenkunde von Lesages « Gil Blas » (Kiel, 1896). / H. Cordier, Essai bibliographique sur les œuvres d’Alain-René Lesage (H. Leclerc, 1910). / R. Laufer, Lesage ou le Métier de romancier (Gallimard, 1971).

Lescot (Pierre)

Architecte français (Paris v. 1510 - id. 1578).


Fils d’un prévôt des marchands, procureur à la Cour des aides, Pierre Lescot appartient à la haute bourgeoisie parisienne. Il a fait des études ecclésiastiques ; les marchés de 1558 le désignent comme seigneur de Clagny, révérend père, abbé de Notre-Dame de Clermont, conseiller et aumônier ordinaire du roi. Si, contrairement à Delorme*, il n’a pas eu de formation technique, Lescot s’est intéressé à la peinture et aux mathématiques : c’est essentiellement un humaniste.

Sa carrière artistique, surtout parisienne, sera étroitement liée à celle du sculpteur-architecte Jean Goujon* (surnommé « la droite de Clagny »), d’abord au jubé de Saint-Germain l’Auxerrois (1542-1544), puis semble-t-il à l’hôtel de Ligneris (l’actuel musée Carnavalet) en 1545 ; mais surtout à la fontaine des Innocents, prévue à l’angle des rues Saint-Denis et aux Fers (Berger) pour l’entrée du roi Henri II en 1549. Goujon traite les nymphes de cette fontaine en harmonie avec l’architecture : souci de ne pas percer la muraille, art d’une intellectuelle pureté. De l’association de ces deux humanistes, pensant l’un sa sculpture en architecte et l’autre ses ordonnances en peintre, devait sortir la première des grandes œuvres de l’âge classique en France : le corps d’hôtel qui constitue la partie sud-ouest de l’actuelle cour Carrée du Louvre.

Dès 1527, François Ier avait fait démolir la grosse tour du Louvre ; lorsqu’il décide en 1546 d’élever un bâtiment à l’emplacement de la grande salle, il en donne la surintendance et le contrôle à Lescot. Henri II, devenu roi en 1547, étendra ces charges nouvelles à l’ensemble des chantiers royaux en les confiant à Delorme, mais conservera à Lescot son autorité sur le Louvre.

Le corps d’hôtel était prévu de deux fois quatre travées avec avant-corps central contenant un escalier droit. Ce « grand degré » — reporté en 1549, à la demande du roi, dans la travée nord dotée d’un avant-corps — et une modification symétrique au sud donneront à la façade son aspect définitif à trois frontispices. L’espace intérieur ainsi dégagé comprenait la salle de bal (avec sa tribune des musiciens, soutenue par les caryatides de Goujon) et, ouvrant sur celle-ci par un arc triomphal, la salle du trône (le « Tribunal », seule partie voûtée à l’origine). Cet édifice, conçu pour rester isolé, va s’insérer en fait dans tout un ensemble, dont la première articulation sera le Pavillon du roi (1556-57, décoré par Scibec de Carpi), à partir duquel vont rayonner vers l’est l’aile sud (début de la cour Carrée), vers le sud la Petite Galerie de 1566 (d’où partira la Grande Galerie du Bord-de-l’Eau).

Dans ce chantier très important, et qui devait l’occuper jusqu’à sa mort, Lescot a fait œuvre classique, à la mesure de la royauté. S’il répand volontiers les allusions symboliques sur ses façades ou ses voûtes, et jusqu’aux voussures de la chambre royale, il sait se garder des excès du maniérisme contemporain. Tout, dans l’œuvre de Lescot, se plie à l’ordonnance, avec une sobriété, une retenue qui annoncent le grand siècle.

H. P.

➙ Louvre.

 C. Aulanier, Histoire du palais et du musée du Louvre (Éd. des musées nationaux, 1947-1971 ; 10 vol. et index).

lésion

Anomalie de forme et de structure d’une cellule, d’un tissu ou d’un organe.


Le terme de lésion est très général et ne présume en rien de la cause, de la dimension, de la nature ni des conséquences de la modification observée.

L’étude des lésions est l’anatomie pathologique. Cette discipline fait appel d’une part à l’examen à l’œil nu et d’autre part à l’examen au microscope. Ces deux examens complémentaires l’un de l’autre permettent de distinguer et de classer les différentes lésions.


Comment décèle-t-on une lésion ?

Une lésion peut être une perte de substance. Une plaie, une déchirure, un éclatement d’organe sont des lésions. Il en est de même d’un ulcère, qui est une perte de substance survenant insidieusement, par suite d’un processus pathologique. Une lésion peut aussi être une augmentation ou une diminution de volume, globale ou localisée d’un organe, ou encore une formation tissulaire nouvelle, une néo-formation n’existant pas à l’état normal : on en étudie la forme, la dimension, les rapports (le voisinage), etc. Enfin, une lésion peut se présenter comme une modification de la couleur, de l’aspect de la surface, de la consistance des tissus.