Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lepautre (les) (suite)

Fils de Jean, Pierre Lepautre (Paris 1660 -id. 1744) remporta le prix de sculpture en 1683 avec une Invention de la forge par Tubalcain, et fut envoyé l’année suivante à Rome. Il en revint en 1701, ne se présenta pas à l’Académie royale, mais à l’académie de Saint-Luc, dont il fut élu recteur. C’est lui qui, remarqué par Mansart, mit au net les desseins du grand architecte et grava à l’eau-forte plusieurs planches d’après Le Brun. Le musée du Louvre possède son Faune portant un chevreau, copié de l’antique à Rome en 1685. Le parc des Tuileries conserve son groupe d’Arria et Paetus, de 1695 ; son Atalante, de 1702 ; son Énée portant son père Achise, de 1716. Pierre Lepautre a également sculpté le banc d’œuvre de l’église Saint-Eustache à Paris, sur un dessein de l’architecte Jean Silvain Cartaud (1675-1758).

G. J.

Lépidoptères

Ordre d’Insectes à métamorphoses complètes, dont les stades de développement sont usuellement appelés chenille (larve), chrysalide (nymphe) et papillon (imago).



Caractères généraux

Les Papillons se reconnaissent à leurs deux paires d’ailes membraneuses parées de couleurs souvent éclatantes ; celles-ci sont produites par des écailles microscopiques, régulièrement insérées sur la membrane alaire et dont la présence justifie le nom du groupe (du grec lepis, lepidos, « lamelle », et ptera, « aile »). Les pièces buccales, très spécialisées, permettent l’aspiration des liquides, habituellement le nectar des fleurs, grâce à une longue trompe formée par l’allongement des deux maxilles ; les mandibules sont très réduites et non fonctionnelles ; les palpes labiaux, triarticulés, flanquent la trompe lorsqu’elle s’enroule sous la tête. Toujours bien développées, les antennes prennent diverses formes selon les groupes : filiformes (Noctuelles, Phalènes), en fuseau (Sphinx), en massue (Rhopalocères), en peigne (Bombyx).

Les chenilles ont un corps allongé et cylindrique ; leur progression caractéristique est due à l’existence, en plus des trois paires de pattes thoraciques communes à tous les Insectes, de pattes abdominales (cinq paires en général) agissant comme des ventouses. De leurs pièces buccales broyeuses, les larves se nourrissent de divers végétaux, et beaucoup causent de sérieux dégâts aux plantes cultivées.

Sous le tégument rigide de la chrysalide s’élaborent les organes du futur papillon. De nombreuses nymphes sont entourées d’un cocon soyeux.


Cycle biologique et métamorphoses

La plupart des Lépidoptères ont une génération par an, mais, comme le montre le tableau, pour quelques espèces européennes, la mauvaise saison est traversée à l’un ou à l’autre des quatre stades du développement : œuf, larve, nymphe ou adulte. Parmi les formes bivoltines (deux générations annuelles), citons la Piéride de la Rave (Pieris rapace), le genre Selenia, une race de Bombyx mori (ver à soie) ; Araschnia levana montre jusqu’à trois générations par an, et les adultes ont des teintes suffisamment différentes pour avoir été décrits sous des noms spécifiques distincts (variations saisonnières). Quand les conditions climatiques sont favorables, les générations se succèdent sans interruption ; c’est le cas, par exemple, de la Piéride de la Rave dans les régions méditerranéennes ou d’espèces vivant dans les habitations ou les entrepôts (Ephestia kuehniella ou Teigne de la farine) ; les Teignes des vêtements et des fourrures ont également plusieurs générations annuelles. Par contre, le développement dure plusieurs années dans quelques cas : les chenilles de la Sésie du Peuplier (Ægeria apiformis) et de Cossus cossus vivent dans le bois des arbres pendant deux ou trois ans ; les chrysalides du Grand Paon de nuit (Saturnia pyri) ou du Bombyx de l’Ailanthe (Samia cynthia) n’éclosent souvent qu’après une diapause de deux ou trois ans.

Les Lépidoptères constituent un matériel de choix pour l’étude expérimentale des métamorphoses. Lymantria dispar (travaux de Kopec, 1917), Sericaria (ou Bombyx) mori (Bounhiol, 1938), Galleria mellonella (Piepho, 1940), Platysamia cecropia (Williams, 1947) ont permis de dégager l’essentiel des mécanismes endocriniens intervenant dans les transformations : cerveau, corpora allata, glande thoracique émettent des hormones qui retardent ou favorisent les mues nymphale et imaginale.


Distribution géographique

Les Papillons sont répandus sur tous les continents, du Spitzberg à la Patagonie ; dans l’Himālaya, on en rencontre jusqu’à 6 000 m d’altitude. Ce sont les régions équatoriales et tropicales qui recèlent la faune la plus riche, la plus variée et la plus colorée ; en Amérique tropicale, les couleurs les plus fréquentes sont le bleu, le violet et le rouge ; le jaune, l’orangé et le noir dominent en Afrique tropicale ; le vert et le rouge abondent dans la zone australienne.

La répartition d’une espèce dépend de plusieurs facteurs : conditions climatiques (en particulier température) favorables, existence d’une plante hôte pour la chenille, possibilité de migration chez l’adulte. Vanessa cardui se rencontre sur tous les continents, mais ne trouve pas en Europe les conditions favorables à sa reproduction ; à chaque printemps, le continent se repeuple d’adultes venant des régions méditerranéennes. Parnassius apollo vit en Eurasie, mais seulement au-dessus de 600 m d’altitude ; sa distribution est donc discontinue. Des Teignes comme Plutella maculipennis ou Tinea pellionella sont devenues cosmopolites par suite de leur commensalisme avec l’Homme. À l’opposé, certaines espèces ou certaines variétés ont une répartition très limitée : on a décrit plus de 400 races du genre Agrias d’Amérique équatoriale, chacune ayant sa localisation géographique.


Phylogénie et classification

Les plus anciens Lépidoptères fossiles datent de l’Éocène et se rattachent aux familles actuelles ; la paléontologie n’apporte guère de renseignements sur l’origine de ce groupe, qui a dû se différencier pendant le Secondaire, mais n’a pris d’extension qu’avec les plantes à fleurs, source de nourriture pour la larve comme pour l’adulte. On place néanmoins les Lépidoptères dans le super-ordre des Mécoptéroïdes, avec les Diptères, les Trichoptères (Phryganes) et les Mécoptères (Panorpes).