Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

León

Région d’Espagne ; 38 363 km2 ; 1 172 000 hab. Formé des trois provinces de Léon, Zamora et Salamanque, le León est une région historique qui, géographiquement, est indissociable de la Vieille-Castille.



La situation

Elle correspond en effet à la partie occidentale du bassin de Vieille-Castille. Le socle mésétain aplani y affleure largement dans l’Ouest en un paysage monotone que dominent parfois de pittoresques reliefs résiduels ou de lourds blocs faillés et que le Douro (Duero) et ses affluents ont entaillé de profondes gorges (Arribes del Duero). Vers l’est, le socle s’ennoie sous des dépôts argileux miocènes modelés en molles collines, tandis qu’au nord les débris arrachés aux monts Cantabriques ont été étalés en un vaste plan incliné dans lequel le río Esla et ses affluents ont creusé leurs vallées (Páramo leonés). Seule la dépression du Bierzo, qu’un bombement du socle isole au N.-O., échappe au réseau du Duero.

Ces hautes terres connaissent un climat rude. À l’abri des montagnes, elles reçoivent peu de précipitations (tombant très concentrées en automne et au printemps). Si León enregistre 665 mm de moyenne annuelle, Salamanque ne reçoit que 396 mm, et Zamora à peine 300 mm. À la sécheresse s’ajoute le froid en hiver, avec des moyennes de températures pour janvier de 2,1 °C à León et 3,9 °C à Salamanque (les minimums inférieurs à – 10 °C ne sont pas rares).

La gamme des cultures est, de ce fait, très restreinte. L’olivier est exclu, sauf sur les versants bien abrités des Arribes del Duero. La vigne, autrefois importante, ne subsiste plus que dans la Tierra del Vino au sud de Zamora, dans les Arribes del Duero et sur le Páramo leonés, où elle régresse. En dehors de quelques crus, comme le fameux vin de Toro, elle produit des vins courants qui subissent durement la concurrence de la Manche.

La culture principale est celle des céréales, qui couvrent même une partie des terres irriguées par les eaux du río Esla et de ses affluents, bien que la betterave à sucre y soit la spéculation essentielle. Si dans La Armuña, à l’est de Salamanque, de grands propriétaires ont depuis quelques années fortement mécanisé la culture du blé et emploient de plus en plus d’engrais et d’insecticides, qui leur permettent d’obtenir des rendements honorables et de remplacer la jachère par des légumineuses, le plus souvent les techniques restent très extensives. Même sur les meilleures terres, le blé n’est cultivé qu’une année sur deux, en alternance avec la jachère, sur laquelle paissent les moutons, qui sont traditionnellement associés à ce système de culture. Dans l’Ouest, où les sols granitiques sont de très mauvaise qualité, l’avoine et le seigle supplantent le blé et ne sont plus cultivés qu’une année sur trois ou quatre, voire cinq. Ici, l’élevage devient l’activité essentielle. Sous une forêt claire de chênes verts, comme en Estrémadure, les moutons trouvent de maigres pâturages et les porcs bénéficient de la glandée ; mais les rendements sont des plus médiocres.

Plus que les conditions naturelles ingrates, l’absentéisme des grands propriétaires, l’incapacité des petits propriétaires à investir expliquent l’archaïsme de la vie rurale. Comme la Vieille-Castille, le León est une terre d’émigration qui se vide de sa population. Les courants migratoires se dirigent principalement vers le littoral cantabrique. Les villes de la région sont en effet peu attirantes pour des populations en quête de travail. En dehors des capitales provinciales, Zamora (49 000 hab.), León (105 000 hab.) et Salamanque (125 000 hab.), que leurs fonctions administratives animent un peu, les villes ne sont que de gros marchés ruraux (tout au plus dotés de quelques industries alimentaires) endormis au pied de leur forteresse, qui rappelle leur origine de place forte lors de la Reconquête.

L’industrie est presque inexistante. De la tradition textile, il ne reste que les fabriques de draps de laine de Béjar, au pied de la cordillère centrale. Quelques mines d’étain et de wolfram dans l’ouest de la province de Salamanque, des mines de fer et de charbon dans le nord de la province de León sont exploitées au profit des industries de la côte cantabrique essentiellement et ne rapportent guère à la région. Une partie du charbon est cependant brûlée sur place pour produire de l’électricité dans une grande centrale située près de Ponferrada. Associée à l’électricité d’origine hydraulique que les rivières encaissées permettent de produire en abondance, cette énergie a suscité l’implantation d’une industrie chimique encore modeste.

R. L.


L’histoire du royaume de León

Le royaume de León se confond tout d’abord avec celui des Asturies*. Alphonse Ier (739-757), gendre de l’instigateur de la Reconquista. Pélage, a étendu ses conquêtes jusqu’aux territoires du León et de la Galice, et on peut voir en lui le premier roi de León. Mais ce royaume n’accède pas à une véritable indépendance avant l’abdication d’Alphonse III le Grand (866-910), qui doit s’incliner devant le soulèvement de la noblesse, appuyée par la reine et ses enfants. Il lui faut alors diviser ses États. Il donne à son fils aîné, García, les régions récemment colonisées situées sur le plateau de la Castille et de León, tandis qu’Ordoño reçoit la Galice et la Lusitanie, et Fruela les Asturies.

Le premier souverain, qui prend le nom de García Ier (910-914), ne choisit pas la ville de León comme capitale, il s’installe à Oviedo. C’est son frère et successeur, Ordoño II (914-924), qui y fixe définitivement la résidence des souverains. Ces deux monarques tentent de faire quelques incursions contre les Arabes, mais celles-ci sont presque toutes vaines, car c’est l’époque où domine ‘Abd al-Raḥmān III (912-961), c’est-à-dire la période la plus florissante du califat. Néanmoins, Ordoño II inflige, avec l’aide du roi de Navarre, Sanche Ier Garcés (905-925), une défaite retentissante au calife à San Esteban de Gormaz (917).