Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

leishmanioses (suite)

Généralités

Ces parasites vivent d’abord chez un hôte vertébré sous une forme leishmanienne sans flagelle, libre dans le sang ou les tissus, puis dans un insecte piqueur sous la forme Leptomonas munie d’un flagelle.

Les leishmanioses se présentent sous différents aspects : d’une part, les leishmanioses viscérales, ou kala-azar*, dues à Leishmania Donovani ; d’autre part, les leishmanioses cutanées, parmi lesquelles on distingue la leishmaniose cutanée africaine (encore appelée bouton d’Orient ou bouton d’Alep), qui sévit dans le Bassin méditerranéen et en Asie centrale, due à L. tropica, et la leishmaniose cutanéo-muqueuse américaine, observée en Amérique latine et due à L. brasiliensis.

Du point de vue épidémiologique, il faut savoir que les différentes variétés de Leishmanias ont une morphologie sensiblement identique. Elles se présentent sous la forme de corpuscules ronds ou ovalaires mesurant de 2 à 6 μ, obligatoirement intracellulaires (au niveau des cellules du système réticulo-endothélial ou des macrophages). Se reproduisant par division longitudinale, elles sont libérées des cellules et vont alors en parasiter d’autres, où elles poursuivent la même évolution. Rappelons qu’en milieu de culture ou chez l’hôte intermédiaire elles se transforment en corpuscules allongés de 20 μ de longueur à flagelles libres : ce sont les Leptomonas. Les réservoirs de virus varient selon les régions. Si, en France, le principal réservoir est le Chien, le Renard constitue un réservoir secondaire ; dans d’autres pays, comme l’Inde, où ces affections sont très répandues, l’homme constitue la source de contage essentielle. Le vecteur des leishmanioses est le Phlébotome, insecte dont il existe plusieurs variétés. Sa petite taille lui permet de passer à travers les mailles des moustiquaires pour piquer, le plus souvent au début de la nuit. La piqûre est généralement peu douloureuse. C’est donc essentiellement par l’intermédiaire de Phlébotomes infestés que s’effectue la contamination. Parfois, c’est par contact direct à la faveur de lésions cutanées, voire par transfusions sanguines pour le kala-azar.


Principales leishmanioses


Le kala-azar

V. l’article.


Le bouton d’Orient

Cette affection sévit surtout en Asie et au Moyen-Orient (Inde occidentale, Pākistān, Arabie Saoudite, Israël, Liban, Turquie), en Afrique (dans les régions présahariennes, où il prend le nom de clou de Biskra) et en Europe (sur le pourtour méditerranéen) ; en France, la zone d’endémie englobe la Corse, la Côte d’Azur, la région pyrénéenne et le sud du Massif central.

Du point de vue clinique, le bouton d’Orient se caractérise par une lésion de la peau d’abord papuleuse, puis nodulaire, dont l’apparition survient quelques semaines à quelques mois après la piqûre infestante. L’évolution est particulièrement lente : de deux à douze mois. Il n’y a pratiquement pas de douleur locale ni de signes généraux. La lésion, peu extensive, devient croûteuse ou bien évolue vers l’ulcération. Cependant, des formes ulcéro-végétantes, infiltrantes ou lupoïdes ont été décrites.

La guérison laisse une cicatrice indélébile et confère l’immunité ; en règle générale, on n’observe qu’un seul ou quelques boutons siégeant au niveau des régions découvertes. L’atteinte des muqueuses reste l’exception, au contraire de ce qui se passe dans les formes cutanéo-muqueuses américaines.


Les leishmanioses cutanées américaines

Ces affections se rencontrent dans toute l’Amérique latine, plus précisément dans les régions équatoriales. Ici, des lésions ulcéro-végétantes parfois très importantes s’accompagnent de lymphangites et envahissent fréquemment les muqueuses, notamment la bouche. Ces formes se distinguent donc des précédentes par leur plus grande gravité. Elles déterminent souvent des mutilations graves qui ne guérissent pas spontanément.

Si le diagnostic peut être avancé sur l’aspect clinique et le contexte épidémiologique, la certitude repose sur la découverte du parasite, recherché dans la sérosité recueillie au fond de l’ulcération éventuelle ou à la périphérie des lésions cutanées. Ce parasite est mis en évidence par examen direct après coloration adéquate ou, au besoin, par culture sous milieu N. N. N. (Novy-MacNeal-Nicolle). Sur le plan immunologique, il n’y a pas d’immunité croisée entre les leishmanioses cutanées et le kala-azar, bien qu’il existe une étroite spécificité antigénique parasitaire.

Le traitement curatif se borne dans les leishmanioses cutanées aux infiltrations locales de glucantine ou de chloroquine. Le premier de ces produits est un antimonié pentavalent utilisé également par voie générale contre le kala-azar. Le traitement prophylactique consiste dans une double lutte contre les Phlébotomes et contre les réservoirs de virus, variables selon la région géographique.

M. R.

Leivik (Halpern)

Écrivain d’expression yiddish (près de Minsk 1888 - New York 1962).


H. Leivik (pseudonyme de Leivik Halpern) descendait par son père du « Shaagas Arié » (de son nom Asser Lion, il donna à son commentaire du Talmud un titre conforme à son caractère : le rugissement du lion), grande figure du rabbinat européen du xviiie s., ce qui en fait un cousin inconnu de l’historien Marc Bloch, du pédagogue Marc-André Bloch, du philosophe Jean Wahl. Mais lui n’était qu’instituteur privé et écrivain public. Sa femme pourvoyait aux besoins de sa grande famille en s’adonnant à la boulangerie.

Son éducation fut aussi traditionnelle que soignée, ce qui le fit se révolter très tôt contre la misère et l’injustice. Leivik participa très jeune au mouvement révolutionnaire, fut arrêté à plusieurs reprises et déporté en Sibérie : l’un de ses derniers ouvrages (Aux travaux forcés chez le tsar, 1958) montre combien la souffrance l’a marqué de son fer rouge.

C’est par amour du peuple et de ses souffrances qu’il choisit d’abandonner l’hébreu pour s’exprimer en yiddish.

Son évasion de Sibérie lui fit traverser l’Europe pour arriver aux États-Unis en 1914.

Là, sa vie fut celle de ses frères en lettres yiddish : le jour, il est colleur de papiers peints, et cela pendant près de vingt ans. La tuberculose faillit le terrasser, mais il sut s’en libérer comme des travaux forcés.

Entre-temps, son œuvre avait fait de lui la conscience de son peuple et de sa littérature.