Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lawrence (Ernest Orlando)

Physicien américain (Canton, Dakota du Sud, 1901 - Palo Alto, Californie, 1958).


La famille de E. O. Lawrence est d’origine norvégienne. Son grand-père, maître d’école, a émigré aux États-Unis en 1840. Lui-même fait ses études aux universités du Dakota du Sud, du Minnesota et de Chicago, et il est reçu docteur en philosophie à l’université Yale en 1925. Sa carrière est alors rapide : en 1927, il est chargé d’un cours dans cette université et, en 1930, il devient professeur de physique à l’université de Californie, où se situera toute son activité.

Ses nombreux travaux portent sur l’effet photo-électrique dans les vapeurs, l’émission thermoélectronique, les potentiels critiques, la physique biologique et médicale, mais son principal titre de gloire est l’invention du cyclotron, mis au point en 1931 avec la collaboration de M. Stanley Livingston. Cet appareil, construit d’après une idée émise en 1927 par le Norvégien Rolf Wideröe, a fait faire d’énormes progrès dans le domaine de l’accélération des particules. Lawrence en fait construire de nombreux modèles, qui permettent de réaliser un nombre considérable de réactions nucléaires. Cette merveilleuse invention lui vaudra l’attribution du prix Nobel de physique pour 1939.

Nommé en 1936 directeur du laboratoire des radiations de Berkeley à l’université de Californie, il en fait une pépinière de chercheurs et le haut lieu de la physique nucléaire aux États-Unis. Il dirige alors des travaux collectifs, et souvent il y participe. C’est ainsi qu’en 1940 sera découvert le neptunium et que sera observée la fission du plutonium sous l’action des neutrons lents. Dans ce laboratoire sera aussi engendrée la quasi-totalité des éléments transuraniens.

Dans la préparation de l’explosif nucléaire, Lawrence est chargé de la séparation de l’isotope 235 de l’uranium par le spectrographe de masse. C’est dans ce dessein que, démontant le gros cyclotron de Berkeley, il crée en 1941 le calutron, qui fournit le premier des masses pondérables.

Lawrence meurt en pleine activité à l’hôpital de Palo Alto, à la suite d’une intervention chirurgicale.

R. T.

➙ Accélérateur de particules.

Laxness (Halldór Kiljan)

Romancier islandais (Laxness, près de Reykjavík, 1902).


Il a su rendre avec beaucoup de chaleur et d’imagination les problèmes les plus importants du xxe s. Halldór Guðjonsson naît le 23 avril 1902. Ses parents l’élèvent dans leur ferme, Laxness, nom qui lui servira de pseudonyme par la suite. Après un an au lycée de Reykjavík, il s’embarque en 1919 pour Copenhague ; il a déjà écrit un petit roman : Enfant de la nature. En 1921, il est en Allemagne, où il tente de rédiger un roman philosophique qui ne sera jamais publié. Cependant, il découvre l’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis et établit sa demeure de 1922 à 1923 au monastère de Saint-Maurice de Clervaux, au Luxembourg : le 6 janvier 1923, il se convertit au catholicisme.

C’est là le premier moment dans sa création littéraire. Un recueil intitulé Sur la montagne sacrée esquisse son développement spirituel, mais c’est avant tout le Grand Tisserand de Cachemire, publié en 1927 à son retour en Islande, qui fait part largement de ses expériences religieuses. Ce roman, influencé en partie par le mouvement surréaliste français, marque par son style un tournant important dans les lettres islandaises.

Pourtant, Laxness se détache très vite de la religion et de l’introspection pour se tourner, a la lumière du communisme, vers l’homme, dont il va faire la matière de ses prochaines œuvres. Il séjourne pendant trois ans au Canada et aux États-Unis, où il écrit un certain nombre d’essais qu’il groupe sous le titre : le Livre du peuple, et qui paraissent en 1929 ; en 1930, il rentre en Islande, se marie et s’établit définitivement à Reykjavík ; mais il aura toujours le goût des voyages.

Il publie en 1931 et 1932 le roman en deux parties : O vigne pure et les Oiseaux sur la plage, qu’on a coutume d’appeler Salka Valka, du nom de l’héroïne. Cet ouvrage a pour toile de fond la vie dans un village de pêcheurs en Islande ; les personnages sont présentés à la fois avec amour et détachement ; et l’auteur fait preuve d’une grande liberté de langue et de style.

Laxness fait un voyage en Russie en 1932 et rend compte de ses impressions dans Voyages à l’Est, qui paraît en 1933. La même année, il publie un recueil de nouvelles : Traces de pas, et en 1934 une pièce, jouée à Reykjavík : Court-circuit.

Il écrit, de 1934 à 1935, les deux volumes de son second grand roman : les Gens indépendants, roman qui dépeint la lutte que doit mener, en Islande, le petit fermier contre les éléments, mais aussi contre la communauté, pour pouvoir conserver son droit de vivre en homme libre.

Avec le roman en quatre parties — Lumière du monde, Château du pays d’été, Maison du poète et Beauté du ciel — qui paraît de 1937 à 1940 et qui est consacré au poète paysan Ólafur Kárason Ljósvikingur, un incompris dont la vie est faite de perpétuelles souffrances, Laxness oppose le génie poétique au matérialisme du monde moderne. Il se plaît à y faire jouer les contrastes : la satire de la société et l’éloge des vieilles traditions, l’ironie et le pathétique, un réalisme brutal et un lyrisme débordant.

Trois nouveaux titres paraissent ensuite : la Cloche d’Islande (1943), la Blonde Esclave (1944) et Incendie à Copenhague (1946). Il s’agit là d’une trilogie qui, depuis sa réédition de 1957, porte le titre du seul premier volume. Pour la première fois, l’action se déroule dans le passé, au temps de la domination danoise du xviiie s. C’est une période sombre pour l’Islande, et l’auteur décrit la volonté farouche et fière des Islandais au milieu des épreuves.