Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

La Salle (René Robert Cavelier de) (suite)

 M. Constantin-Weyer, Cavelier de La Salle (Rieder, 1928). / M. de Villiers du Terrage, l’Expédition de Cavelier de La Salle dans le golfe du Mexique, 1684-1687 (A. Maisonneuve, 1931). / C. de La Roncière, le Père de la Louisiane, Cavelier de La Salle (Mame, Tours, 1936). / R. Viau, Cavelier de La Salle (Mame, Tours, 1960). / P. Leprohon, le Destin tragique de Cavelier de La Salle (Debresse, 1969).

Lascaris (dynastie des)

Empereurs de Nicée (1204-1261), restaurateurs de l’Empire byzantin.



Introduction

Si beaucoup de notables byzantins s’accommodèrent sans peine du système féodal introduit par les croisés au lendemain de leur conquête d’avril 1204, beaucoup d’autres, princes, généraux, fonctionnaires, gagnèrent des régions où ils se crurent à l’abri des entreprises des Francs. Il y eut parmi eux Théodore Lascaris (1204-1222), qui s’établit à Nicée avec l’appui du sultan d’Iconium.

Avant d’avoir pu s’y organiser politiquement et militairement, Théodore dut accepter le combat avec les Latins, mais la catastrophe qui le menaçait tourna court : le comte Louis de Blois, chargé de conquérir Nicée, fut tué à la bataille d’Andrinople (14 avr. 1205). Théodore profita de ce répit pour organiser son État sur le modèle de l’ancienne Byzance, et le nouveau patriarche, le savant Michel Autoreianos, procéda à son couronnement dans la cathédrale de la ville (1208). Théodore se voulut dès lors le seul empereur légitime des Byzantins, et le patriarche de Nicée se prétendit le chef suprême de l’Église grecque, même si d’autres principautés helléniques, « despotat » d’Épire* et empire de Trébizonde*, contestaient leur autorité.

Ces prétentions ne faisaient pas l’affaire des Latins, qui avaient de leur côté un empereur, Henri de Hainaut (1206-1216), frère et successeur de Baudouin de Flandre, tué en 1205, et un patriarche, le Vénitien Tommaso Morosini († 1211). À la fin de 1206, Henri pénétra en Asie Mineure, mais le danger bulgare l’obligea, l’année suivante, à conclure une trêve de deux ans avec son adversaire. Théodore connut la même bonne fortune du côté turc : au printemps 1211, il tua le sultan d’Iconium et dispersa son armée.

D’autre part, la guerre d’usure entre Théodore et Henri de Hainaut se termina en 1214 par le traité de Nymphaion (auj. Kemalpaşa), qui, en fixant les frontières de deux empires, reconnaissait le droit à l’existence de celui de Nicée. De cet accord, Théodore allait tirer le plus grand profit : sa première démarche fut d’éliminer son voisin et compétiteur oriental David Comnène, qui, par suite du traité de paix, avait perdu le soutien des Latins, et d’annexer le territoire qu’il possédait sur le littoral méridional de la mer Noire.

Par une diplomatie active et intelligente, il s’employa ensuite à renforcer de tous côtés sa position : il engagea des pourparlers avec Rome sur l’union des Églises, permit aux Vénitiens de commercer librement et en franchise sur tout son territoire, et épousa en troisième noces Marie, une fille de la régente Yolande, dont l’impérial époux, Pierre de Courtenay, avait péri dans les geôles épirotes. Ce mariage lui permit, à la mort de la régente (1219), de faire valoir, menaces à l’appui, les droits de sa femme sur Constantinople. Sa démarche n’aboutit pas, mais le nouvel empereur latin, Robert de Courtenay, menacé à l’ouest par Théodore Ange d’Épire, signa un pacte d’amitié avec son beau-frère de Nicée Théodore Lascaris, et fut fiancé à une fille de ce dernier.


La suprématie de Nicée

Théodore Lascaris, ne laissant à sa mort (début 1222) que des filles, remit la succession à son gendre Jean III Vatatzès (1222-1254), un noble originaire de Thrace et apparenté aux Doukas.

Après la défaite infligée à Poimanenon, au sud de Brousse, aux frères de son défunt beau-père, qui tentèrent de lui ravir le trône avec l’appui des Latins, Jean III accapara presque toutes les possessions franques d’Asie Mineure et la plupart des îles de la mer Égée. Des troupes qu’il fit débarquer en Thrace enlevèrent des villes côtières et s’avancèrent jusqu’à Andrinople, qu’elles évacuèrent à l’arrivée de Théodore Ange d’Épire, qui se dirigeait vers Constantinople. La capitale ne dut son salut qu’à l’intervention du souverain bulgare Jean III Asen II : à Klokotnica, sur la Marica, Théodore Ange Doukas Comnène fut vaincu (1230) et fait prisonnier, et son empire fut ramené à ses anciennes frontières. Cette victoire, qui dégageait Constantinople, avait aussi pour effet de soulager Nicée en éliminant son rival le plus dangereux. Jean Asen, bientôt vexé dans ses prétentions de tuteur de l’Empire latin par l’élection de Jean de Brienne à la tête de ce dernier en 1231, fit alliance avec Jean III Doukas Vatatzès et maria sa fille au fils du basileus, Théodore II Lascaris, à Gallipoli en 1235. Les deux compères s’emparèrent de places tenues par les Francs jusqu’à la Marica, ravagèrent le nord de la Thrace et vinrent même assiéger Constantinople par terre et par mer. Mais sans succès, car la brouille éclata entre les deux associés : Jean III Asen II, préférant comme voisin un Empire latin moribond à un Empire grec restauré, se retourna contre Vatatzès et fit alliance avec les Francs. Nouveau revirement en 1237 ; à la suite d’une peste qui ravagea son royaume, le tsar bulgare scella la paix avec le basileus de Nicée. La mort de Jean Asen (1241), qui laissait pour successeur un enfant de neuf ans, eut pour conséquence un affaiblissement de la Bulgarie, et Vatatzès en profita pour lancer une expédition contre Thessalonique (1242), où régnait l’insignifiant Jean Ange. Il ne put prendre la ville, ayant été rappelé par la nouvelle que les Mongols de Gengis khān* avaient envahi l’Asie Mineure et battu le sultan d’Iconium, mais l’entreprise ne fut pas sans effet : le basileus de Thessalonique renonça aux insignes impériaux et reconnut la suprématie de Nicée.

L’invasion mongole, qui fit les pires dégâts dans les États voisins de Trébizonde et d’Iconium, épargna l’empire de Nicée. Vatatzès profita de l’affaiblissement de ses rivaux pour s’emparer de la Macédoine et même de Thessalonique (1246) : son dernier souverain, Démétrios, fut emmené en Asie Mineure et remplacé par un gouverneur général, Andronic Paléologue. Les dernières années du souverain furent consacrées à parachever l’œuvre de restauration : recouvrement de Rhodes sur les Génois (1249) et intervention contre Michel II d’Épire (1252) ; tractations avec le pape Innocent IV, disposé à sacrifier à l’union des Églises l’Empire latin agonisant.