Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Laos (suite)

• Les Tibéto-Birmans. Arrivés les plus récemment de Chine, depuis un siècle à un siècle et demi, ils occupent les parties les plus hautes des montagnes, généralement entre 1 000 et 1 500 m d’altitude. Ils ont subi fortement l’influence de la civilisation chinoise. Les Miaos sont les plus nombreux. Ils cultivent le riz par essartage et parfois le maïs, ainsi qu’un grand nombre de légumes. Mais ce qui les différencie le mieux des autres minorités ethniques est la culture du pavot à opium. Elle nécessite le choix de bons sols, un houage systématique et la répétition de la culture plusieurs années de suite sur le même rây. Le sol épuisé, ils vont défricher d’autres parcelles, alors que la forêt ne peut plus se reconstituer sur les précédentes. Cela entraîne une instabilité de l’habitat et de la population, les villages se faisant et se défaisant au gré des disponibilités en terres neuves. Les transports se font à dos d’homme ou par caravanes de bœufs ou de petits chevaux bâtés. Le trafic de l’opium permet à ces populations de disposer de plus d’argent frais que les autres.

Les Miaos et les Yaos construisent des maisons allongées en bois avec toit de chaume, à même le sol, abritant une famille étendue. Divisées en clans, ces tribus sont patrilinéaires, patriarcales et patrilocales. Ils peuvent facilement démonter leurs maisons et émigrer vers d’autres montagnes où les terres sont meilleures. Ils ont ainsi gardé une grande liberté et un goût d’indépendance qui les rend très difficilement assimilables à la nation lao.

• Les minorités étrangères urbaines. La minorité chinoise, à peine 1,5 p. 100 de la population totale, occupe une place dans l’économie sans proportion avec son importance numérique. Elle contrôle la plus grande partie du commerce, du crédit et des petites entreprises industrielles dans les villes et les petits centres. Originaires du Guangdong (Kouang-tong), du Fujian (Fou-kien) et de l’île de Hainan (Hai-nan), les Chinois, ayant adopté ou non la nationalité lao, constituent une communauté structurée avec ses temples et ses écoles.

Les Vietnamiens, venus surtout à l’époque coloniale, forment une main-d’œuvre plus qualifiée que la main-d’œuvre laotienne, en particulier dans les mines d’étain. Ils exercent également des métiers artisanaux dans les centres urbains.

Pakistanais et Indiens ont le monopole du commerce des tissus dans les grands centres.

Une petite colonie française composée de professeurs, de conseillers, d’experts, de commerçants et d’hôteliers joue encore un certain rôle, à Vientiane notamment.

Une grande diversité ethnique caractérise ainsi le pays, où l’intégration nationale n’est pas encore achevée et est retardée même par la guerre endémique qui y sévit depuis une vingtaine d’années.


Une économie en déséquilibre

La croissance de la population est rapide : 2,5 p. 100 par an avec une très forte natalité (voisine de 50 p. 1 000) et une forte mortalité (de l’ordre de 25 p. 1 000). Les jeunes sont très nombreux : 55 p. 100 de la population ont moins de 20 ans. Les densités sont très faibles, mais sont tout de même passées de 4 à 13 habitants au kilomètre carré depuis 1921. Le Laos souffre d’un relatif sous-peuplement. La grande dispersion d’une population en majorité rurale rend difficile l’établissement d’une infrastructure socioculturelle et sanitaire solide.

L’économie est caractérisée par la prépondérance très nette du secteur agricole traditionnel. La culture du riz en rizières ou en essarts (rây) dépend très étroitement des conditions climatiques, soumises à de très fortes variations interannuelles. La récolte varie donc beaucoup d’une année à l’autre, et les rendements sont faibles : 8 à 10 q à l’hectare. C’est une des rizicultures les plus extensives du Sud-Est asiatique. La récolte ne suffit pas à la consommation du pays, dont le dixième environ doit être importé. L’élevage, qui pourrait être une richesse, a beaucoup souffert de la guerre (Vientiane est approvisionnée en viande à partir de Thaïlande). Mais, coton, café et tabac sont des cultures commerciales encore très peu développées.

Les ressources forestières sont importantes, mais leur exploitation est rendue difficile par le mélange des essences et les difficultés de transport. L’exploitation du teck, qui, comme toutes les exportations, doit passer par la Thaïlande, pourrait être développée si des taxes prohibitives n’étaient pas prélevées par le monopole thaï. Ce sont surtout quelques produits de cueillette en forêt qui alimentent les ventes : cardamome, benjoin et stick-lac (laque en bâton).

Les transports et voies de communication très médiocres expliquent en grande partie l’inorganisation de la commercialisation des produits agricoles, qui est le principal frein au développement de la production rurale. Les voies ferrées sont absentes, et le réseau routier est très rudimentaire. Le principal axe routier nord-sud n’est pas praticable toute l’année et très mauvais sur certaines sections, si bien que le Mékong, malgré tous les défauts précédemment énumérés, reste une voie de communication essentielle.

La difficulté des transports et la faiblesse des sources d’énergie ont entravé la naissance d’une industrie. Seuls existent l’artisanat et de petites industries de consommation. L’achèvement du barrage de la Nam Ngum (puissance installée 32 MW) dans la plaine de Vientiane doit favoriser le développement de l’irrigation et de l’industrie, qui demeurent soumises à l’octroi des prêts étrangers ou nationaux d’origine publique. Le taux de couverture des exportations officielles n’est guère supérieur à 10 p. 100 ; il atteint parfois 25 p. 100, si l’on tient compte des exportations d’opium et des réexportations clandestines vers la Thaïlande. L’étain assure en moyenne la moitié des exportations en valeur ; les produits de la forêt le tiers. La majeure partie des exportations se dirigent vers la Malaysia et Singapour, la Thaïlande. Celle-ci est le principal fournisseur du pays, suivie par le Japon et les États-Unis.