Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Laon

Ch.-l. du départ. de l’Aisne.


Laon n’est que la deuxième ville (28 613 hab. en 1968) et même la troisième agglomération (après Saint-Quentin et Soissons) du département. Perchée sur une butte de calcaire grossier détachée au nord des plateaux du Soissonnais et dominant la plaine crayeuse reliant Picardie et Champagne, Laon a eu longtemps un rôle de défense, attesté par ses portes et remparts médiévaux et fut aussi, jusqu’à la Révolution, siège d’évêché, d’élection et de bailliage.

Le passé prestigieux de Laon puis le rôle de chef-lieu en ont fait une ville d’administration et de services beaucoup plus que d’industrie (24 p. 100).

À une métallurgie de transformation plus ancienne (charpentes métalliques), la décentralisation récente a ajouté des emballages métalliques (Carnaud), la confection et le matériel électrique, mais les effectifs restent faibles et à main-d’œuvre surtout masculine (à plus de 75 p. 100). Laon souffre du manque de voie d’eau et d’une liaison ferroviaire de second plan (Paris-Hirson et Reims-Tergnier).

Le secteur tertiaire est donc prépondérant, occupant près de trois quarts des actifs, avec un fort pourcentage de femmes (40 p. 100 du tertiaire), confirmant un rôle de commandement, aux limites vite atteintes (dès 15 à 20 km pour le commerce) devant le rayonnement de Reims, Saint-Quentin ou Soissons. Au total, l’activité reste modeste.

Le bilan démographique 1962-1968 montre annuellement un solde migratoire négatif (– 0,6 p. 100), enlevant, surtout vers Paris, beaucoup d’un excédent naturel notable (1,3 p. 100) et ne laissant qu’un excédent qui est le plus faible des villes picardes.

Divisé entre sa ville haute, administrative et commerciale, et sa ville basse, industrielle, Laon souffre de son site et de son rôle passé malgré ses efforts pour attirer usines lointaines et ruraux environnants dans les nouvelles zones industrielles et résidentielles de la plaine. La ville reste surimposée à un département partagé, par son allongement méridien, entre des centres multiples.

J.-P. M.

➙ Aisne / Picardie.


Laon, ville d’art

La situation élevée de la ville ancienne met en valeur un ensemble monumental qui date pour l’essentiel de la seconde moitié du xiie s. et du premier tiers du xiiie. La chapelle des Templiers, élevée au milieu du xiie s., est formée principalement d’un octogone, selon le parti souvent adopté par cet ordre. Bâtie vers la même époque, la chapelle à deux étages du palais épiscopal rassemble des voûtes de plusieurs types : berceau en plein cintre ou brisé, voûte d’arêtes, croisée d’ogives. Commencée vers 1150, l’abbatiale des Prémontrés, Saint-Martin, offre un plan d’inspiration cistercienne, avec un chœur rectiligne et un transept sur lequel s’ouvrent des chapelles carrées.

La merveille de Laon, c’est cependant la cathédrale Notre-Dame. L’édifice actuel a été commencé en 1160 environ par l’évêque Gautier de Mortagne. Son ordonnance intérieure à quatre étages est caractéristique des grandes églises de cette époque, celle du premier épanouissement de l’art gothique. Mais elle revêt une majesté particulière. Au-dessus des grandes arcades, des baies géminées font communiquer la nef avec les tribunes voûtées et éclairées qui surmontent les bas-côtés et qui ont été conçues pour assurer l’équilibre de l’édifice avant l’adjonction des arcs-boutants. Sous les fenêtres hautes règne un triforium. Les voûtes sont sexpartites, ce qui entraîne l’alternance de leurs supports (faisceaux de trois ou cinq colonnettes reposant sur les grosses colonnes des arcades). Une absidiole à deux étages s’ouvre sur chaque bras du transept, à la croisée duquel s’élève une tour-lanterne. À l’origine, le chœur était peu profond et se terminait par une abside. Au début du xiiie s., celle-ci fut démolie et le chœur allongé, un grand mur droit, largement ajouré, le fermant désormais à l’est. Depuis cette modification, qui rapproche l’édifice des cathédrales anglaises, le chœur est presque aussi développé que la nef, dont il reproduit d’ailleurs, chose rare pour l’époque, les dispositions essentielles.

La façade occidentale, logique mais tourmentée, date du premier quart du xiiie s. La sculpture de ses portails, et des fenêtres qui les surmontent, lui est en partie antérieure. Affreusement mutilée à la Révolution, puis radicalement restaurée, elle reste d’un grand intérêt, comme les vitraux du chœur et du transept. Les deux clochers symétriques, aussi légers que robustes, portent des figures de bœufs en ronde bosse. C’est sur leur modèle — imité en Allemagne, notamment à Bamberg — qu’ont été achevées, vers 1230, deux des quatre tours d’angles du transept. Ajoutées postérieurement, les chapelles latérales ont reçu au xvie s. d’élégantes clôtures de pierre dans le goût de la Renaissance.

Trois portes fortifiées du xiiie s. donnent accès à la ville ancienne où subsistent des maisons construites du xve au xviiie s. C’est à Laon que s’est éveillé, sous Louis XIII, le talent des frères Le Nain*, qui ont souvent puisé leur inspiration dans la campagne environnante.

B. de M.

 L. Broche, la Cathédrale de Laon (Laurens, 1955).

Laos

État de l’Asie du Sud-Est.



Un pays continental et montagneux

Le Laos est situé dans la partie occidentale de l’ancienne Indochine française. De situation continentale, il est parcouru sur une bonne partie de sa longueur du nord au sud par le Mékong.

Son relief montagneux est très accidenté, surtout au nord, avec des vallées étroites très encaissées et des crêtes relativement planes où passent les sentiers. La Chaîne annamitique constitue l’épine dorsale de ces reliefs, qui s’abaissent légèrement vers le centre et le sud sous la forme de plateaux (plateau des Boloven). La vallée du Mékong, très étroite au nord, s’élargit vers le sud à partir de Vientiane en une série de plaines pour atteindre sa plus grande extension dans la région de Savannakhet.