Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Languedoc (suite)

Les négociants en pastel firent édifier les hôtels Renaissance de Toulouse. De cette époque datent la façade sur cour du « Duché » d’Uzès, ensemble où se conjuguent tant de styles, l’hôtel de Conti et la maison des Consuls de Pézenas. L’architecture classique trouve en Languedoc une terre d’élection. Elle s’épanouit à Toulouse comme à Montpellier et fait de Pézenas une ville du Grand Siècle avec l’hôtel d’Alfonce, où Molière joua, l’hôtel Malibran et tous ceux qui confèrent une allure majestueuse au cours Jean-Jaurès. Classiques aussi l’hôtel de ville et les maisons à arcades d’Uzès, les hôtels des drapiers de la ville basse de Carcassonne, les majestueux bâtiments de l’abbaye de la congrégation de Saint-Maur à Lagrasse, le collège des Jésuites devenu lycée à Tournon. Parmi les châteaux des xviie et xviiie s., citons Assas, avec sa façade à fronton triangulaire, balustres et ferronneries, Castries et ses jardins dessinés par Le Nôtre, L’Engarran, dont l’avant-corps central est relié aux ailes par des quarts de rond et la porte encadrée d’atlantes, et La Piscine (tous deux dans les environs de Montpellier), Pennautier, Saint-Géry et tant de gracieuses folies de briques roses autour de Toulouse, de pierre blanche autour de Montpellier. Quais, portes, esplanades, promenades, jardins, places des temps classiques marquent Toulouse, Montpellier, Nîmes. Et le décor de Saint-Ferréol, réservoir du canal du Midi, mérite le qualificatif de « versaillais ».

Albi, Carcassonne, Montpellier, Toulouse ont d’importants musées. Le musée Goya de Castres conserve quatre toiles du maître (dont l’autoportrait dit Goya aux lunettes et la Junte des Philippines) ainsi que des primitifs espagnols et des œuvres du Siècle d’or.

J. P.

➙ Auvergne / Guyenne / Rouergue / Roussillon.

 R. Rey, la Sculpture romane languedocienne (Privat, Toulouse, 1936) ; l’Art des cloîtres romans (Privat, Toulouse, 1955). / E. Lambert, « l’Art en Languedoc », dans Visages du Languedoc (Horizons de France, 1949) ; Abbayes et cathédrales du Sud-Ouest (Privat, Toulouse, 1958). / R. Mesuret, Toulouse et le Haut-Languedoc (Arthaud, 1961). / Merveilles des châteaux de Provence (Hachette, « Réalités », 1965). / M. Durliat, Languedoc méditerranéen et Roussillon (Arthaud, 1968).

Languedoc-Roussillon

Région économique de la France méridionale ; 27 448 km2 ; 1 707 498 hab. Capit. Montpellier.


Elle regroupe cinq départements : trois en bordure de la Méditerranée (Aude, Hérault et Gard) et un département montagnard, appartenant au Massif central (Lozère), correspondent approximativement au Languedoc ; le dernier (Pyrénées-Orientales) forme une entité originale à la fois culturelle et linguistique, englobant la terminaison de la chaîne frontalière de l’Espagne et la plaine du Roussillon au-delà du pas de Salces (ou Salses).

Le nom de Languedoc provient d’une particularité linguistique (en occitan, oui se disait « oc »), mais l’ancienne province (v. Languedoc) était beaucoup plus étendue que la région actuelle. Elle oscillait entre deux capitales, Toulouse pour le Haut-Languedoc, axé sur le versant atlantique, et Montpellier pour le Bas-Languedoc, proprement méditerranéen.

Au lendemain d’une longue stagnation et de difficultés économiques réelles, le Languedoc-Roussillon peut apparaître actuellement comme une des terres d’expérimentation de l’aménagement régional en raison des travaux entrepris par la Compagnie nationale d’aménagement de la région du Bas-Rhône et du Languedoc (C. N. A. R. B. R. L.), de l’implantation de six unités touristiques nouvelles sur le littoral et de la création du parc national des Cévennes. Ces mutations en cours se répercutent sur les structures humaines et contribuent à valoriser un cadre naturel varié servi par des conditions climatiques favorables.


Le milieu physique


Les atouts du climat

Le climat est soumis aux influences méditerranéennes, qui s’exercent sur la majeure partie de la région, mais se dégradent rapidement vers les hauts cantons pour laisser place en Lozère et sur les hauteurs pyrénéennes à un type montagnard soumis à des hivers rigoureux et enneigés. Le bas pays se caractérise par une forte insolation, la sécheresse et la chaleur des étés, la clémence des températures en hiver. Les saisons intermédiaires sont assez peu marquées, mais se distinguent par l’abondance et la violence des précipitations concentrées sur un faible nombre de jours. Ici, les moyennes n’ont pas une grande signification, car le milieu languedocien, malgré les avantages incontestables que lui confère le voisinage de la mer, présente finalement un certain nombre d’excès d’irrégularités (notamment dans le domaine pluviométrique). À Montpellier, il peut geler pendant une quarantaine de jours (plus du double de Perpignan), et les mois d’hiver reçoivent en moyenne approximativement le quart des pluies annuelles ; les gelées de 1956, 1959, 1963, sans remonter à la catastrophe de l’hiver de 1709, ont détruit une bonne part du vignoble et des oliviers. La région cévenole est une des régions les plus arrosées de France (lames d’eau génératrices de crues catastrophiques), toute proche d’un littoral qui est un des pôles d’aridité du pays. Enfin, les vents sont fréquents et violents, balayant la vallée du Rhône et le Roussillon : mistral, tramontane.


Les conséquences : hydrologie et végétation

Les cours d’eau, généralement courts sur le versant méditerranéen, peuvent exercer de grands ravages lorsqu’ils ne sont pas corrigés par des ouvrages d’art destinés à pourvoir les basses terres en eau pour l’irrigation. Réduits à de minces filets d’eau en été, l’Hérault, l’Orb dans le Biterrois et surtout, le Vidourle enregistrent des crues soudaines (« vidourlades »). Le Tech, la Têt et l’Agly, fleuves roussillonnais, présentent des caractères différents par leurs bassins montagnards, qui les soumettent à une alimentation plus étalée dans le temps et à un régime plus régulier. Le Lot, le Tarn et leurs affluents qui drainent la Lozère sont tributaires de la Garonne et ne ressemblent en rien aux petits fleuves côtiers du Bas-Languedoc.