Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

animal (suite)

Les conduites étudiées se rapportent essentiellement aux grands chapitres d’étude des principales fonctions psychiques : l’orientation dans un labyrinthe chez le Rat (J. B. Watson, E. C. Tolman, I. Krechewsky), l’activité d’exploration (Montgommery), les possibilités de discrimination visuelle (formes, couleurs, profondeur), les fixations sur une réponse donnée en cas de conflit (N. R. F. Maier), les troubles de la socialisation chez le Singe (Harlow), la peur et l’évitement (C. L. Hull, H. O. Mowrer, R. L. Solomon). Dans une direction encore plus tournée vers la psychopathologie, on peut citer l’étude des déterminants sensoriels et psychiques des crises convulsives et les déficits de mémoire qui s’ensuivent, ainsi que les travaux motivés par l’astronautique sur l’effet des radiations ionisantes sur les performances dans une tâche donnée.

Les études de conditionnement, classique ou instrumental, représentent la seconde catégorie d’approche expérimentale du comportement animal, et les réponses recueillies sont assez différentes de celles qui viennent d’être rapportées. Tout d’abord, il s’agit de réponses autres que celles de locomotion : dans le conditionnement classique, l’animal est immobilisé dans un harnais jusqu’à ce qu’il ne cherche plus à fuir ; dans le conditionnement instrumental, l’expérience ne commence qu’à partir du moment où le sujet a découvert l’usage du levier dans la boîte de Skinner et où il cesse d’émettre des réponses d’investigation pour se borner à appuyer sur cet « instrument ». Dans les deux cas, on dit que « la topographie des réponses doit être fixée », ce qui permet d’ailleurs de contrôler au mieux les conditions d’environnement dans lesquelles elles sont émises.

D’autre part, ces réponses sont fort peu variées : il s’agit toujours de salivation ou de retrait de la patte dans le cas des conditionnements classiques à la nourriture ou au choc électrique, ou bien d’appui sur un levier (pour le Rat) ou sur un disque (pour le Pigeon) dans le conditionnement opérant. Cet état de choses répond à l’intention de démontrer qu’une même réponse peut être induite, après conditionnement, par toute une variété de stimuli : en cela, les praticiens du conditionnement prennent le contre-pied des objectivistes, qui étudient au contraire des conduites spécifiques de réponses à des « stimuli déclencheurs » tout aussi spécifiques. C’est d’ailleurs pour prouver la généralité des lois du conditionnement que l’on fait appel à des réponses « neutres » telles que l’appui sur un levier, car ces réponses ne font partie du « répertoire naturel » d’aucune espèce.

Le but de la procédure est de suivre dans leur détail les modifications du comportement et de les contrôler en rendant peu à peu plus complexes les conditions pour lesquelles les réponses sont récompensées ou « renforcées ». Les skinnériens le justifient en disant qu’il est plus exact de déterminer, par modifications graduelles des variables expérimentales, quelles sont les modalités de renforcement qui modifient la conduite dans tel ou tel sens (augmentation ou diminution de la fréquence d’appuis) que d’émettre des conjectures théoriques quant à la manière dont l’animal a pu s’adapter ou non à une tâche donnée présentée d’emblée dans toute sa complexité, ainsi que le font les béhavioristes classiques.

B. L’interprétation des résultats d’expérience. Les études expérimentales classiques (béhavioristes, réflexologistes) s’efforcent de comparer les résultats relatifs à diverses conditions ou situations auxquelles sont soumis des groupes d’animaux comparables. Une même procédure expérimentale est appliquée à tous les animaux relevant d’une même condition, ce qui autorise à synthétiser les résultats numériques sous forme de statistiques de groupes. Le plan d’expérience est d’ailleurs établi en vue d’une telle élaboration statistique, ce qui a l’avantage de permettre d’éprouver les effets de plusieurs variables expérimentales.

Dans le conditionnement opérant, au contraire, les sujets sont suivis individuellement et pas à pas, de sorte que leur éventuel manque d’homogénéité importe peu : la statistique est donc difficilement applicable au traitement de telles données ; l’essentiel étant de déterminer quelles conditions de renforcement modifient la fréquence des réponses. Les skinnériens ne se contentent pas de résultats indiquant une modification seulement probable de la performance, mais agissent sur les conditions de renforcement jusqu’à obtenir une modification assez nette du comportement pour que toute inférence statistique soit inutile. Leurs résultats portent donc sur un grand nombre de réponses émises par très peu de sujets.

• Applications modernes au domaine pratique. Souvent ignorées, ces applications témoignent de la vitalité des recherches concernant le comportement animal par les prolongements pratiques qu’elles leur donnent.

1. Les tropismes et la pêche. Le galvanotropisme des Poissons se manifeste par une nage rapide en direction de l’anode dans un champ électrique polarisé. Cette réaction est mise à profit pour effectuer des « inventaires de population » sur un tronçon de cours d’eau : l’abondance des captures permet de juger de l’empoissonnement local.

Les Poissons sont également attirés par la lumière artificielle, la nuit surtout. Des essais récents ont montré la possibilité d’effectuer par ce moyen la pêche industrielle en mer : le prix de revient en est beaucoup plus bas que celui des méthodes traditionnelles utilisant un appât. Les Poissons attirés par phototropisme se groupent habituellement à quelque distance des lampes dans une région d’éclairement moyen, correspondant à leur photopréférendum ; en vue de les rassembler le plus possible au moment de les encercler dans le filet, on diminue l’intensité lumineuse des lampes pour qu’ils se rapprochent de celles-ci.