Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lagerlöf (Selma) (suite)

De 1915 à 1921, elle rédige les deux volumes de nouvelles groupées sous le titre le Monde des Trolls ; en 1919 paraît son roman Proscrit, et, de 1925 à 1928, une trilogie : l’Anneau des Löwensköld, Charlotte Löwensköld et Anna Svärd, parue de 1925 à 1928. Dans la dernière période de sa vie, ses ouvrages, bien que de valeur inégale, restent en partie légendaires, en partie autobiographiques : Mårbacka, qu’elle écrit de 1922 à 1930, Automne, paru en 1933, et Mon journal d’enfant, livre de souvenirs.

Par la candeur et la fraîcheur de son imagination, son don de la fable et la grâce émouvante de ses meilleurs récits, Selma Lagerlöf apporte un véritable renouveau du romantisme dans la Suède de son époque. Elle meurt le 16 mars 1940, à Mårbacka, le centre de son univers de traditions et de légendes qu’elle a su traduire et transporter, en un style narratif proche le plus souvent de la simplicité. Loin des fureurs démoniaques d’un Strindberg, sa féerie complète plutôt celle des contes d’Andersen et rejoint ainsi naturellement cet aspect remarquable du génie scandinave.

J. R.

 O. I. Levertin, Selma Lagerlöf (Stockholm, 1904). / M. Kristensen, Selma Lagerlöf (Copenhague, 1913). / L. Maes, Selma Lagerlöf, sa vie, son œuvre (Éd. Je sers, 1939). / E. Wagner, Selma Lagerlöf (Stock, 1950).

Lagides

Dynastie égyptienne (305-30 av. J.-C.).



Fondation de la dynastie

Lorsque mourut Alexandre* le Grand en 323 av. J.-C., ses généraux et ses soldats hésitèrent, en l’absence d’héritier de son empire. Ils voulurent maintenir l’unité du royaume en organisant une régence, néanmoins ils se partagèrent l’exercice de la responsabilité territoriale. L’initiateur de ce « partage des satrapies », dont les conséquences furent graves (le monde hellénistique est né de cette division du pouvoir entre plusieurs chefs), fut Ptolémée, fils de Lagos (av. 360-283), noble macédonien, ami de longue date d’Alexandre, garde du corps. Il se fit donner l’Égypte : il savait combien cette province était puissante puisque Alexandre lui-même n’avait pas voulu la confier à un satrape unique (y avaient été installés deux monarques soumis à un contrôle financier, tandis que les troupes étaient confiées à divers officiers) ; il connaissait la richesse du pays et la fortune qu’avait, en 10 ans, amassée Cléomène de Naukratis († 323 av. J.-C.), le responsable des tributs (qui avait fini d’ailleurs par imposer au pays son pouvoir absolu sans qu’Alexandre ait pu ou voulu s’y opposer).

À peine en place, il chassa et fit mettre à mort Cléomène et, seul maître du pays, il n’hésita pas à se lancer à la conquête de Cyrène en profitant des troubles intérieurs qui ébranlaient la cité ; il noua par ailleurs d’étroites relations avec les rois de Chypre*, île dont il sera bientôt maître. En quelques années, les bases de la future puissance lagide étaient en ses mains.

Perdiccas, le régent du royaume, dont les ambitions étaient grandes, lança en 321 contre lui ses troupes, que le Nil arrêta. Les officiers, dépités et peu désireux de se heurter à l’armée égyptienne, l’assassinèrent. Un nouveau partage du pouvoir devenait nécessaire entre les diadoques (les successeurs d’Alexandre). Ptolémée Lagos (av. 360-283 av. J.-C.) se vit offrir la place de Perdiccas : il refusa, non par modestie, mais plutôt parce qu’il ne voulait pas se faire l’artisan du maintien de l’unité d’un empire trop grand pour qu’on pût en être vraiment le maître, et qui ne pourrait que nuire à l’indépendance d’une Égypte dont il avait fait son bien. La nouvelle distribution des satrapies eut lieu à Triparadisos (Syrie).

Toute l’activité du souverain tendit désormais à assurer son autonomie en profitant des rivalités des chefs macédoniens et en les dressant à l’occasion l’un contre l’autre (Séleucos Ier fut longtemps son protégé à sa cour avant de pouvoir chasser Antigonos Monophtalmos). Il mena diverses expéditions pour s’assurer la possession de glacis qui protégeraient la vallée du Nil (ainsi, en 320, il s’empara de la Cœlésyrie [Syrie creuse], terre de conquête traditionnelle des anciens pharaons), pour s’installer dans les îles de l’Égée (à Cos notamment) et pour empêcher tel rival de protéger contre ses propres intérêts la liberté des cités grecques (en 308, il mena ses troupes dans le Péloponnèse) ; malgré certains échecs (en 306, Démétrios le chassa de Chypre), il devint si fort qu’en 305-304 il put (après Antigonos Monophtalmos et son fils) prendre le titre de roi et affirmer ainsi sa liberté. Ptolémée Ier Sôtêr (roi de 305/304 à 283) fondait une dynastie qui allait régner sur l’Égypte jusqu’en 30 av. J.-C., la plus durable de celles qui s’étaient partagé le monde hellénistique.


Ptolémée II Philadelphe (de 283 à 246)

Ptolémée II (309/308 - 246 av. J.-C.) avait épousé sa sœur, et son surnom évoque l’amour de ce couple fraternel. Il continua et amplifia l’œuvre de son père. Sa puissance lui permit une diplomatie active, ses ambassadeurs allèrent jusqu’en Inde et à Rome ; poussé par sa femme, il intervint durant la guerre chrémonidéenne en Grèce, mais il ne put empêcher la chute d’Athènes (263-262), qui dut capituler et se soumettre au gouverneur nommé par les rois Antigonides ; il fut plus heureux en Syrie puisqu’il put assurer les conquêtes de son père en Syrie creuse (ou Cœlésyrie). À l’apogée de sa puissance, il tenait, outre Chypre et Cyrène (où néanmoins Magas [v. 330-250 av. J.-C.], le beau-fils de Ptolémée Ier, se donnait des airs d’indépendance dans sa province), la Syrie, la Pamphylie, la Syrie creuse, les Cyclades (il était hêgemôn, chef de la confédération des Insulaires).

À l’intérieur, il donna à l’Égypte une solide armature administrative, permettant par un contrôle rigoureux de toutes les productions du pays une exploitation rationnelle et centralisée du terroir au profit de la royauté et de ses serviteurs grecs ou macédoniens. Sa richesse (accrue encore de ce qu’il avait valorisé le Fayoum, remis en service le canal de Néchao et créé une monnaie nouvelle) et son prestige faisaient d’Alexandrie, dotée du musée et de la bibliothèque, la capitale intellectuelle du monde hellénistique où se pressaient hommes de science, médecins et poètes (qui glorifiaient la dynastie). Alexandrie attirait les Hellènes, qui fournissaient les cadres de l’administration ou devenaient fermiers des monopoles ; ils avaient abandonné leur cité, leur statut d’homme politique, puisqu’il n’existait guère en Égypte de libertés civiques au sens où les Grecs l’entendaient (les Lagides ne furent pas de grands fondateurs de cités comme l’étaient les Séleucides), pour une vie d’affaires et de profits qui ne devait guère aux leçons de la vieille Grèce : la race nouvelle de l’Homo economicus naissait en Égypte, terre d’entreprise pour gens actifs.