Lagerkvist (Pär) (suite)
En 1940, Pär Lagerkvist est élu membre de l’Académie suédoise. Il publie deux nouveaux recueils, Chant et bataille (1940), la Patrie et l’étoile (1942). Deux ans plus tard paraît le Nain, roman séduisant, très énigmatique, qui traite de toutes les basses tendances de l’humanité avec une ironie qui rappelle celle de Swift. En 1947, il se rend en France et en Italie et écrit une pièce, la Pierre philosophale ; puis en 1950 paraît un autre grand roman, Barabbas. Il s’agit de l’histoire du Christ vue par Barabbas, que sa venue a libéré mais qui ne peut entendre son message et reste l’homme étranger sur la terre. Ainsi reparaissent avec une insistance tragique les problèmes de l’homme, de la foi, du destin.
Le prix Nobel de littérature lui est attribué en 1951. En 1956, il publie la Sibylle, roman qui s’attache au problème de Dieu, qui est l’étranger, l’absent insondable, impitoyable et terrifiant, ou en d’autres termes une énigme faite pour exister. Il écrit en 1962 Pèlerin sur la mer, où il médite sur l’amour ; en 1964, la Terre sainte, œuvre très symbolique qui soulève encore le problème de la religion, mais où les seules réponses se situent en dehors du cadre religieux ; enfin paraît en 1967 le roman Mariamne.
Une certaine hauteur caractéristique du ton et du style, une dévotion absolue à l’indépendance de la pensée ont fait de Pär Lagerkvist un auteur très apprécié en Suède, qui pratique constamment le mélange des genres : théâtre, nouvelles et romans, méditations et poèmes. Après avoir dépeint son angoisse devant le spectacle d’un monde bouleversé, il s’est fait l’apôtre d’un art intellectualiste quelque peu secret. De sa révolte initiale, il est passé à une acceptation de la foi en l’homme, qu’il cache désormais, de même que sa profonde sensibilité, sous des formes plus classiques et un masque d’ironie.
J. R.
O. Oberholzer, Pär Lagerkvist, Studien zu seiner Prosa und seinen Dramen (Heidelberg, 1958).