La Fayette (Marie Joseph, marquis de) (suite)
Une longue éclipse
La Fayette s’est réfugié à temps en territoire ennemi ; il refuse d’être prisonnier de guerre. Considéré comme révolutionnaire, il entre en prison le 18 septembre 1792. Il sera soumis à un régime sévère et enfermé notamment à Olmütz, en territoire autrichien. Son épouse obtiendra de le rejoindre. Libéré enfin au bout de cinq ans (19 sept. 1797), il rentre en France après le 18-Brumaire et s’établit au château de la Grange-Bléneau, héritage de sa femme.
Resté profondément libéral, il rompt avec Napoléon en 1802 et disparaît de la vie publique jusqu’en 1815. Les Cent-Jours* feront de lui un député (mai 1815) et, après Waterloo, il exigera l’abdication de l’Empereur (22 juin).
Une nouvelle opposition
En 1818, La Fayette est élu dans la Sarthe et devient l’un des chefs des libéraux, puis membre de « haute vente », le conseil suprême de la Charbonnerie (1821). Il trempe alors, prudemment, dans quelques complots. Aux élections de 1824, le régime réussit à le faire battre. Mais ses loisirs lui permettent d’entreprendre un dernier voyage triomphal aux États-Unis : il y est reçu dans 182 villes et localités. Son nouveau prestige lui vaut d’être réélu en Seine-et-Marne (1827 et 1830).
Seul survivant notable de la grande Révolution, il retrouve, au lendemain des journées de Juillet, son ancien titre de commandant de la garde nationale, mais n’utilise pas sa popularité pour faciliter la venue de la république : son indécision l’amène finalement à faciliter la montée sur le trône du duc d’Orléans, qu’il accueille à l’Hôtel de Ville. Le nouveau régime ne tardera pas, pourtant, à lui retirer sa fonction militaire, et la rupture sera totale au lendemain des obsèques du général Lamarque (1832). La fin de son existence est consacrée à militer pour la liberté des peuples, celle des Polonais en particulier.
S. L.
➙ États-Unis / Révolution française / Restauration.
J. Delteil, La Fayette (Grasset, 1928). / J. Kayser, la Vie de La Fayette (Gallimard, 1928). / A. Latzko, le Général Lafayette (Grasset, 1935). / M. de La Fuye et A. A. Babeau, La Fayette, soldat de deux patries (Amiot-Dumont, 1953). / J. Rousselot, la Vie passionnée de La Fayette (Seghers, 1958). / G. Marchou, La Fayette, le cavalier de la chimère (Letouzey et Ané, 1960). / F. Ribadeau-Dumas, la Destinée secrète de La Fayette (Laffont, 1972).