Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kropotkine (Petr Alekseïevitch, prince) (suite)

Les étapes de la vie de Petr Kropotkine

printemps 1872

Premier voyage de Kropotkine en Europe et notamment en Suisse. Il adhère à l’Association internationale des travailleurs (Ire Internationale).

1874

Revenu en Russie, il participe à l’action révolutionnaire. Arrêté, il est écroué à la forteresse Pierre-et-Paul, où il reste deux ans. Malade, hospitalisé, il réussit à fuir.

1876

Il arrive en Angleterre, puis se fixe en Suisse et collabore à la Fédération jurassienne d’esprit libertaire.

1877-78

Voyages : Belgique, France, Espagne. Partout, fréquentation des milieux anarchistes.

1879

Fondation du Révolté (22 févr.) à Genève. Kropotkine en est le principal collaborateur. Ses articles seront par la suite (en 1885) réunis en volume (Paroles d’un révolté). Expulsé, Kropotkine se rend à Londres, puis se fixe en Savoie, à Thonon.

1883

Inculpé dans le procès des anarchistes de Lyon, dit « procès des 66 », il est condamné à cinq ans de prison et incarcéré à Clairvaux. Il est libéré en 1886.

1886-1917

Séjour en Angleterre. Retour en Russie au printemps 1917.

1921

Décès à Dimitrov, près de Moscou (8 févr.).

Kruger (Paul)

Homme politique sud-africain (Vaalbank, près de Colesberg, colonie du Cap, 1825 - Clarens, Suisse, 1904).


Paul Kruger descendait d’une famille allemande du Nord émigrée au Cap au xviiie s. Il reçut une stricte éducation puritaine qui le marqua profondément. Sa jeunesse mouvementée ne lui permit pas de faire des études sérieuses ; aussi la Bible resta-t-elle sa principale source d’inspiration, avec une préférence marquée pour l’Ancien Testament. Kruger se crut véritablement l’objet d’une élection divine particulière et eut de véritables élans mystiques qui le poussèrent, à vingt-cinq ans, à se réfugier un temps au « désert » dans le veld transvaalien. Cette tournure d’esprit explique son autoritarisme politique et son manque de souplesse dans les rapports diplomatiques.

La rude vie de pionnier que Kruger mena dans sa jeunesse accentua ces traits de son caractère. En effet, en 1836, âgé seulement de onze ans, Kruger participa avec ses parents au Grand Trek, qui vit les Boers chassés par les Britanniques se réfugier dans le Transvaal, au nord du territoire de l’Orange et de la rivière Vaal.

Encore enfant, il se battit contre les tribus des Zoulous et des Matabélés. Le 16 décembre 1838, il prit part au célèbre combat de Blood River contre le roi zoulou Dingaan (Dingane). À vingt-sept ans, il commandait en chef une expédition contre le chef bechuana Sechele. À la même époque, il participait également à de grandes chasses dans la région du Zambèze.

Sa famille avait pris part à la fondation du Transvaal, dont l’indépendance fut reconnue par la Grande-Bretagne en 1852 par le traité de Sand River. C’est à partir de 1860 que Kruger commença à jouer un rôle politique important dans la vie de son pays. En 1864, sous la présidence de M. W. Pretorius, il exerça le commandement général des forces du Transvaal.

Profitant des luttes politiques internes, la Grande-Bretagne occupa le Transvaal en avril 1877. Kruger, qui était alors vice-président, vint en Grande-Bretagne réclamer le départ des troupes britanniques et l’indépendance de son pays. Devant l’insuccès de sa démarche, il organisa en 1880, de concert avec M. W. Pretorius et le général P. J. Joubert, l’insurrection des Boers.

Les Anglais subirent un cuisant échec à la bataille de Majuba Hill (27-28 févr. 1881) ; aussi Gladstone reconnut-il l’indépendance du Transvaal, dont Kruger fut élu président en 1883 et qui reprit en 1884 le nom de République sud-africaine, soulignant ainsi les ambitions des Boers. Cette même année, la découverte de l’or au Transvaal y provoquait une véritable ruée d’aventuriers de toutes nations.

Kruger fut réélu président en 1888, en 1893 et en 1898. Sa politique tendit, dès lors, à favoriser l’élément boer de la population aux dépens des étrangers, les uitlanders, attirés par les mines d’or et de diamants (lois de 1890, de 1891, de 1892, de 1894). Refusant de donner un statut légal à la langue anglaise, Kruger s’écriait : « C’est mon pays, mes lois, ceux qui ne veulent pas y obéir peuvent quitter le pays. »

Il voulut également préserver l’indépendance de la République, menacée par l’avidité des financiers anglais, qui désiraient s’emparer du « pays de l’or et des diamants ». Aussi fit-il construire une ligne de chemin de fer directe reliant Pretoria à Lourenço Marques, en Mozambique, et conclut-il en 1889 une alliance défensive avec la république d’Orange. En décembre 1895, le raid de Leanders Jameson sur le territoire du Transvaal annonçait clairement les intentions de la Grande-Bretagne.

En 1898, la Grande-Bretagne, qui s’était assuré la bienveillance allemande et avait fait capituler la France à Fachoda, envisagea de venger l’échec de Majuba Hill. Son haut-commissaire, Alfred Milner, provoqua Kruger, et la guerre éclata en octobre 1899. Jusqu’en février 1900, les Boers furent partout vainqueurs, mais, écrasés par le nombre, ils furent repoussés par les Britanniques, qui occupèrent Bloemfontein et Pretoria. Pour vaincre la résistance acharnée des Boers, les Britanniques brûlèrent le pays et créèrent des camps de concentration pour les femmes et les enfants. En octobre 1900, Kruger partit pour l’Europe demander l’aide des nations. Accueilli avec enthousiasme par les populations, il fut repoussé par les gouvernements.

Il se retira alors à Utrecht, où il écrivit ses Mémoires, publiées en 1902. Il mourut en Suisse le 14 juillet 1904. Son corps fut enterré cette même année à Pretoria, où, deux ans auparavant, un traité de paix (paix dite « de Vereeniging ») avait été signé, qui accordait aux Boers une large autonomie, fruit de leur long combat pour la liberté.

P. P. et P. R.

➙ Afrique du Sud / Transvaal.

 M. Lebesque, Un héros de la liberté : le président Kruger (Sorlot, 1941). / J. S. Marais, The fall of Kruger’s Republic (Oxford, 1962).