Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

K’ouen Ts’an

En pinyin Kun Can, nom monastique de Liu Jieqiu (Lieou Tsie-k’ieou), surnom Shi Qi (Che K’i), peintre chinois (1612-av. 1680).


À la différence de tant de loyalistes Ming* qui choisirent l’état monastique non par vocation (tel Shi Tao [Che T’ao*]), mais pour éviter de servir la dynastie mandchoue, Kun Can, même s’il trouva, lui aussi, dans la foi bouddhique un refuge politique, fut un véritable ascète, animé d’authentiques préoccupations spirituelles.

La première partie de sa carrière reste obscure. Né au Hunan (Hou-nan) en 1612, Kun Can est attiré dès sa jeunesse par les études religieuses. Cependant, ce n’est que plusieurs années après la chute des Ming, vers l’âge de quarante ans, qu’il se fait moine de la secte chan (tch’an*). Quelques années plus tard, en 1654, il arrive à Nankin ; il y pratiquera la méditation jusqu’à la fin de sa vie dans des monastères des alentours : d’abord au Bao’en si (Pao-ngen sseu) et au Qixia si (K’i-hia sseu), puis à celui de Niushou shan (Nieou-cheou chan) [« Colline de la tête de bœuf »].

Malgré un tempérament solitaire et taciturne, sa forte personnalité lui vaut la considération des milieux bouddhistes et intellectuels de la ville. Kun Can a peut-être connu le peintre Gong Xian (Kong Hien*) et fut l’ami de Gu Yanwu (Kou Yen-wou), un des philosophes les plus importants de sa génération.

Son activité picturale est attestée dès 1657, mais les années les plus fécondes se situent entre 1660 et 1674. Dans ses paysages, le plus souvent de grands formats, l’artiste fait preuve d’un style non conventionnel, sans atteindre pour autant la diversité de Shi Tao ou la personnalité de Bada shanren (Pa-ta chan-jen*). Quelques détails dénotent l’influence de la peinture intellectuelle de Dong Qichang (Tong K’i-tch’ang) [1555-1636] ainsi que celle des maîtres Yuan*, et en particulier Wang Meug (Wang Mong*), dont Kun Can retrouve la luxuriance et la densité baroque. Néanmoins, les compositions se veulent fidèles à la nature, et plusieurs d’entre elles représentent des sites que le peintre connaissait bien (par exemple le temple Bao’en, rouleau vertical daté 1664, coll. Sumitomo, Ōiso, Japon).

Techniquement, la force de Kun Can réside dans les contours ombrés, réalisés par l’emploi d’un pinceau presque sec, et dans le maniement de la couleur, d’une grande originalité. Des lavis légers aux tons bruns, rouges ou bleutés ne jouent pas le rôle traditionnel de simples rehauts décoratifs, mais font partie intégrante du paysage au même titre que l’encre.

La date de la mort de Kun Can reste controversée. Malgré la mention dans un catalogue ancien de deux peintures respectivement datées de 1690 et de 1692, il semble impossible que l’artiste, de santé fragile et malade, ait pu vivre jusqu’à un âge aussi avancé. Les historiens chinois sont même tentés de penser que Kun Can est mort avant 1680. En effet, Shi Tao a résidé à partir de cette date à Nankin, non loin de Niushou shan, pendant huit ou neuf ans ; si Kun Can avait été encore en vie, Shi Tao n’aurait pas manqué de faire sa connaissance, et quelque écrit mentionnerait cette rencontre.

F. D.

 Zheng Xizhen (Tcheng Si-tchen) Hongren, Kuncan (en chinois, Shanghai, 1963).

Kouïbychev

V. de l’U. R. S. S., sur la Volga.


En 1970, la ville dépassait légèrement le million d’habitants (1 047 000 contre 806 000 en 1959 et 390 000 seulement en 1939).

L’ancienne Samara, Kouïbychev depuis 1935, est l’actuelle capitale de la « grande région économique de la Volga » (Povoljie). La ville est avant tout un des plus grands ports fluviaux de l’Union (avec un trafic annuel de plus de 3 Mt) et un pont sur le fleuve (la voie ferrée venue de Moscou se sépare en deux branches, en direction de l’Oural moyen [Tcheliabinsk] et méridional [Orsk]). Elle est située depuis l’achèvement de l’aménagement de la « grande Volga » en aval du réservoir le plus étendu (500 km de long, avec un maximum de 40 km de large) et d’une des centrales hydrauliques les plus puissantes (centrale Lénine, dont la production annuelle oscille de 5 à 6 TWh). Enfin, depuis la découverte du Second-Bakou, la ville est atteinte par un réseau d’oléoducs et de gazoducs, et est elle-même au centre d’un bassin d’hydrocarbures d’importance secondaire, mais non négligeable, découvert et exploité à partir de 1956 et donnant une production annuelle de l’ordre de 10 Mt à Jigoulevsk (dans la boucle formée par la Volga) et à Tchapaïevsk (au sud de cette boucle, sur la rive gauche du fleuve).

À l’origine, ville d’industries d’origine agricole (minoteries, conserveries de poissons et de fruits, tanneries) ou orientées vers la satisfaction des besoins de la région de la Volga (machines agricoles), Kouïbychev est devenue l’un des plus gros centres de l’industrie pétrochimique soviétique. Dans la ville même et à proximité, dans la ville dédoublée de Novokouïbychev et à Tchapaïevsk se sont établies de grosses unités productrices de dérivés sulfurés de pétrole, d’engrais azotés, d’alcools et de caoutchouc synthétique.

Enfin, la région industrielle a été choisie pour la fondation de la plus grande entreprise d’automobiles de l’Union — équipée par Fiat, d’une capacité de production de 600 000 voitures de tourisme par an —, dans la ville nouvelle de Toliatti (Togliatti), située en aval du réservoir et dont la population est passée de 61 000 habitants en 1959 à 251 000 en 1970 (un accroissement qui en fait l’une des villes-champignons actuelles les plus typiques de l’U. R. S. S.).

L’industrie a tendance à se disperser sur les rives du lac artificiel et rénove l’activité de villes d’origine agricole et d’importance moyenne : ainsi Oulianovsk, Melekess, où a été construite une centrale nucléaire. À l’ouest, la conurbation de Syzran et d’Oktiabrsk (industries du bois, mécanique et pétrole) dépasse 200 000 habitants.

A. B.

➙ Volga.