Koubas (suite)
En ce qui concerne l’organisation politique, c’est le chef des Bouchongos, le Nyim, qui représente l’autorité exécutive et judiciaire suprême ; celle-ci repose sur la force divine. Le Nyim est habituellement l’aîné du lignage royal, dont la nomination est ratifiée par le conseil de la Couronne. Son pouvoir surnaturel dispense la fécondité et assure l’abondance des récoltes. La statuette (ndop) qui le représente est vénérée après sa mort et exprime les caractéristiques profondes de la culture kouba et des liens entre la royauté et le sacré. C’est le Nyim qui nomme les dignitaires (kolm), qui possèdent un titre et une plume (les plus importants ont le droit de porter une plume d’aigle) : ils résident dans la capitale. Les chefferies sont organisées sur le même modèle, mais elles payent un tribut au Nyim.
La production alimentaire est essentiellement agricole : maïs, haricots, arachides, manioc. Il existe également un petit élevage de chèvres, de poules, de canards ; l’élevage des moutons est réservé au clan royal, et la chasse est une activité de prestige. Ces activités relèvent d’une division sexuelle du travail : ainsi, les hommes défrichent les champs de forêt, et les femmes ceux de savane ; c’est l’homme qui chasse ou qui pêche en pirogue, et c’est la femme qui pêche à l’épuisette. La fabrication des outils, le tissage du raphia relève de l’activité masculine. Les ressources naturelles disponibles ont conduit à des spécialisations régionales en ce qui concerne les productions de biens artisanaux ou rares qui font l’objet d’échanges : les poteries, les nattes, les paniers, le sel, la viande, les peaux, etc. L’art kouba est extrêmement développé et l’un des plus brillants de l’Afrique centrale (ainsi les statues royales). La réputation des pagnes de raphia leur a valu la qualification de velours du Kasaï.
La religion kouba connaît un dieu créateur qui intervient lorsqu’on l’implore. Il n’existe pas de culte des morts, et les esprits de la nature expriment une force surnaturelle (ngesh). Enfin, la sorcellerie semble assez active.
J. C.
J. Vansina, les Tribus Ba-Kuba et les peuplades apparentées (Musée royal du Congo belge, Tervuren, 1954).