Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kouan Han-k’ing

En pinyin Guan Hanqing, dramaturge et poète chinois (dates inconnues) de la dynastie des Yuan (1279-1368).


Né à Pékin, alors capitale, il y mène une vie de lettré sans poste, fréquentant les milieux de théâtre, ne dédaignant pas de monter à l’occasion sur les planches. Par son côté vivant et populaire, le théâtre des Yuan fait exception dans la littérature chinoise, littérature d’élite par excellence. Et parmi les dramaturges Yuan, Guan Hanqing est le plus brillant. Il aurait écrit une soixantaine de pièces, dont quinze nous sont parvenues. La plupart d’entre elles sont des tableaux de mœurs de la société Yuan. L’auteur se place en général du côté des petites gens, des faibles et des opprimés. Il est un ardent défenseur des femmes, dont il vante l’intelligence, le courage et l’abnégation. Beaucoup de ses héroïnes sont, en effet, victimes du système social et familial chinois, et luttent vaillamment contre cet ennemi invisible et omniprésent.

La pièce intitulée l’Injustice faite à Du E (Du E yuan) [Tou-Ngo-yuan] est la plus caractéristique. Du E (Tou Ngo) est une jeune veuve parée de vertus, fidèle à son époux défunt et pleine de respect envers sa belle-mère. Un prétendant du village qu’elle a repoussé se venge en l’accusant d’un crime qu’il a commis. Forte de son innocence, Du E accepte que le cas soit porté au tribunal, mais le magistrat n’hésite pas à condamner à mort cette femme sans famille et sans appui. La sentence est exécutée dès le lendemain.

La plus réussie des comédies de Guan Hanqing, Sauvée par une coquette (Jiu fengchen) [Kieou feng-tch’en] est un chef-d’œuvre. Les personnages principaux sont deux courtisanes amies dont les caractères s’opposent et se mettent en valeur réciproquement. Son Yingzhang (Song Ying-tchang), la plus jeune, est pleine d’illusion de confiance en elle et dans les autres. Sans écouter les conseils de son amie, cette écervelée épouse un jeune homme riche sans cœur et sans scrupule. « Courtisane, aujourd’hui, courtisane demain : quelle vie misérable ! Si j’épouse quelqu’un, je pourrai marcher la tête haute, même après sa mort », déclare-t-elle. Zhao Ban’er (Tchao Pan-er), son amie, plus sage et plus expérimentée, essaie en vain de l’en dissuader : « Il est de bons maris, petite sœur, qui font de bons amants. Mais il est peu de bons amants qui fassent de bons maris. » En effet, aussitôt épousée, Song Yingzhang est maltraitée par son mari et appelle son amie au secours. Sûre de ses charmes, de son astuce et certaine d’agir pour une cause noble, celle-ci part faire la conquête du mari et exige en gage de sa foi qu’il divorce de sa première épouse. Bien que l’ensemble de la pièce soit traité sur le ton de la comédie, les réflexions de Zhao Ban’er sur la condition de courtisane sont pleines d’amertume, d’une amertume résignée et sans agressivité. Zhao Ban’er n’accuse ni les hommes ni le destin, elle constate seulement que la vie est ainsi faite.
Nous faisons notre choix cent et mille fois,
À la recherche d’un homme honnête — mais qui peut en trouver un ?
À la recherche d’un homme intelligent — mais saura-t-il être fidèle ?
Telles que les choses se passent,
Nous nous retrouvons avec des chiens et des cochons...

Guan Hanqing écrit non seulement des pièces judiciaires ou des pièces de mœurs, mais aussi des pièces historiques. Depuis les Song, conteurs d’histoires et de spectacles puisent dans le répertoire épique de l’époque des Trois Royaumes. Guan Hanqing n’y manque pas, et la pièce l’Entrevue du sabre solitaire (Dandao hui) [Tan-tao houei] présente le célèbre Guan Yu (Kouan Yu) vénéré comme dieu de la Guerre. L’intrigue est des plus simples : afin de lui faire restituer un territoire, Lu Su (Lou Sou) invite Guan Yu seul à un festin. Dans les deux premiers actes, Lu Su tient conseil. Pour l’en dissuader, chacun lui raconte avec emphase les exploits les plus prestigieux du héros. Celui-ci n’apparaît qu’au troisième acte et se conduit selon sa légende. Par sa seule présence au festin, il réduit son ami-ennemi Lu Su à l’impuissance. En faisant attendre son héros sans lasser l’attention du spectateur, Guan Hanqing fait preuve d’un sens théâtral très vif. Il manie le suspense avec beaucoup d’habileté. Même quand l’action est peu développée, comme dans Dandao hui, il sait ménager des rebondissements, provoquer la surprise, susciter l’inquiétude. Les pièces de Guan Hanqing sont vraiment écrites pour être jouées devant un public populaire. Elles sont courtes, concentrées autour d’une seule action, d’un ou de deux personnages. Les règles classiques sont presque observées à la lettre. Les dialogues sont enlevés, le style est simple, et le vocabulaire familier. Pourtant, la moitié des textes est écrite en vers destinés à être chantés et non récités. Ces parties chantées, qui reprennent les sentiments ou les réflexions du héros principal, sont pleines de poésie et de lyrisme, sans pourtant rompre le fil de l’action. Voici une des descriptions de Guan Yu :
Sa barbe touffue vole dans le vent,
Sa stature est celle d’un tigre
Ou d’un dieu parmi les divinités.
À sa seule vue ses ennemis pâlissent
Et perdent le contrôle de leurs sens.
Car un million d’hommes ne sauraient retenir son cheval au galop,
Car mille généraux ne sauraient braver son unique cimeterre.

D. B.-W.

Koubas

Ethnie du Zaïre*, qui est installée dans la province du Kasaï.


Sa population, qui est d’environ 70 000 personnes, occupe un territoire délimité par les rivières Kasaï et Sankuru, région de forêt et de savane. Les Koubas (ou Kubas), aussi appelés Bakoubas, qui sont venus de l’ouest vers le xvie s., sont, en fait, constitués de plusieurs tribus, que domine celle des Bouchongos (ou Bushongos). Leur société est de type matrilinéaire. Le matrilignage est un groupe exogame qui définit le statut social et les conditions de transmission des biens. La population est divisée en trois groupes sociaux distincts : les aristocrates, les hommes libres et les esclaves. Ces derniers peuvent posséder des biens et se racheter, mais ils n’appartiennent plus à un lignage et n’ont pas accès aux fonctions politiques.