Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kongos (suite)

Les Kongos sont essentiellement des commerçants et des artisans, mais ils sont également agriculteurs. Les travaux agricoles sont répartis entre les hommes et les femmes. Les premiers s’occupent de la préparation des terres, du débroussage ; mais ce sont les femmes qui assurent le gros des travaux agricoles. Parmi les cultures du sorgho, du mil, du maïs, du riz, de l’igname, le palmier a une place importante. On a pu parler d’une « civilisation du palmier ». C’est un arbre « mâle », arbre du chef ; celui qui tire le vin de palme (musôgi) doit mériter la confiance du chef. Du palmier, on tire de l’huile, du vin, du vinaigre, des fruits, du pain. Le vin de palme est consommé dans toutes les manifestations sacrées ou solennelles de la vie sociale. Le palmier fournit des matériaux pour l’artisanat et la construction ; les maisons, généralement rectangulaires, sont faites de rameaux de palmier entrelacés ; seule une porte permet l’entrée de la lumière.

Les cultures se pratiquent sur des buttes et des billons. Les Kongos élèvent des poules, des chèvres, des moutons et des vaches. La pêche, jadis activité royale, est aujourd’hui générale. Les travaux artisanaux de la forge (fabrication des armes et des outils), du tissage (étoffes de raphia) relèvent des aristocrates ; la diversité des formes et des textures des étoffes a donné lieu à un lexique riche et spécialisé. Les Kongos travaillent aussi le cuivre et font de la vannerie.

Les activités commerciales de l’ethnie sont très importantes, comme l’institution des marchés en témoigne. « Ils étaient et demeurent des lieux sacrés, des lieux de contact et d’information » (G. Balandier). Il existait aussi un commerce à longue distance qui couvrait une large partie du Congo méridional. Il était assuré par les notables et les rois. Les principaux produits échangés étaient le sel, les tissus, les peaux, le fer.

Le système de parenté est matrilinéaire. L’organisation sociale se fait selon trois rangs : les aristocrates, les hommes libres et les esclaves (ki-mfumu) ; ces derniers ne sont pas membres du clan, mais « enfants du village » (mwana gata ; pluriel : banaba ngata) ; les Kongos conservent le souvenir d’un de leurs rois (ntotila). Il y a des chefs « couronnés » (mfumu) qui s’imposent aux clans dominants. L’unité de résidence est le village, constitué par le lignage. Si le village est composite, des quartiers distincts font apparaître les différents clans. Les tombeaux des ancêtres et le foyer des hommes de même sang en sont les centres de force.

Les relations entre les sexes sont définies avec précision, et les Kongos pratiquent l’initiation. Le savoir des choses cachées appartient aux sorciers (nganga). La littérature orale des Kongos est riche ; elle est aussi bien profane que politique et au service du pouvoir.

La religion kongo connaît plusieurs dieux, dont une divinité suprême (nzambi ampungu), qui n’est jamais matérialisée et est inaccessible. Elle ne peut recevoir de culte, et cependant elle est à l’origine de toute chose et représente la puissance et la liberté. Ce sont les dieux inférieurs du monde des esprits qui sont l’objet de cultes : les bankita, ou « êtres du commencement », les bakulu (de nkulu, les anciens), membres défunts du clan. Ils favorisent ou contrarient les entreprises de leurs descendants. Enfin, au sein de la nature, des forces (basimbi) peuvent être esprits des eaux, de la terre ou des forêts ; ils agissent directement ou par le truchement de « pièges à esprits » (image de bois ou de pierre).

J. C.

 G. Balandier, Sociologie actuelle de l’Afrique noire (P. U. F., 1955) ; la Vie quotidienne au royaume de Kongo, du xvie au xviiie siècle (Hachette, 1965).

Koniev (Ivan Stepanovitch)

Maréchal soviétique (Lodeïno, Kirov, 1897 - Moscou 1973).


Issu d’une famille paysanne, Koniev (ou Konev) doit abandonner ses études pour travailler à Arkhangelsk. Dès le début de la Première Guerre mondiale, il milite dans les milieux révolutionnaires. Mobilisé comme cavalier en 1916, il est délégué au congrès des soviets en juillet 1918 et prend part, comme commissaire politique, à la lutte contre les Russes blancs de l’amiral Koltchak, puis à la répression de la révolte des matelots de Kronchtadt en 1921. Diplômé de l’académie militaire Frounze en 1926, il passe dans le cadre de commandement, où il connaît un avancement rapide. Après un nouveau stage d’état-major en 1934, il part pour l’Extrême-Orient, où, jusqu’en 1939, il commande les troupes de Mongolie-Extérieure, puis l’armée d’Extrême-Orient. Grand, vif, le visage bronzé, truculent dans sa conversation, mais intransigeant dans le service, celui qu’on nommera le « maréchal des haras » à cause de son amour des chevaux est un communiste passionné qui représente dans l’armée la ligne dure du parti. Dès l’été 1941, son nom apparaît dans les communiqués, qui louent son énergie dans la défense de Smolensk et plus tard sur le front de Moscou, où Koniev libérera Kalinine (déc. 1941) et rejettera les Allemands sur Rjev et Veliki Louki en janvier 1942. Durant l’été 1943, il commande le front des steppes et brise devant Koursk l’offensive des blindés de von Kluge, puis progresse de 400 km dans la boucle du Dniepr, libérant Belgorod et Kharkov. Nommé maréchal le 21 janvier 1944, il fait capituler en février la VIIIe armée allemande à Korsun, puis il avance en direction du Prout et pénètre en Roumanie.

Le 15 mai, Koniev prend la tête du premier front d’Ukraine (840 000 hommes, 14 000 canons, 2 200 chars et 2 800 avions), qui attaque en juillet sur Lwów, puis pousse sur Cracovie et la Silésie. En 1945, les troupes de Koniev jouent un rôle décisif dans la région comprise entre Berlin (qu’elles atteignent le 22 avr.), l’Elbe (où elles prennent contact avec les Américains à Torgau le 25 avr.) et Prague (où elles entrent le 9 mai).