Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

kératose (suite)

• Causes toxiques. L’intoxication chronique arsenicale, médicamenteuse ou professionnelle peut déterminer des kératodermies palmo-plantaires, lesquelles débordent sur la face dorsale des mains et des pieds. Elles s’accompagnent d’autres symptômes de l’intoxication chronique par l’arsenic* tels que troubles digestifs (anorexie, nausées) et troubles nerveux (polynévrite).


Kératodermies congénitales

La maladie de Meleda (étudiée dans l’île dalmate de Meleda [auj. Mljet]) apparaît à l’âge de 2 à 3 ans. La kératodermie déborde sur les poignets et le tendon d’Achille. Celle du type Thost-Unna est bien plus fréquente. Un liséré lilacé borde les nappes cornées, et des lésions kératosiques à distance sont possibles (genoux, coudes, fesses).

La podokératose de Mantoux est faite de petites dépressions cupuliformes criblant des paumes et des plantes kératosiques.


Kératodermies des dermatoses classées

De nombreuses dermatoses peuvent comporter des kératodermies palmo-plantaires : eczéma* corné, psoriasis*, lichen (v. dermatose), pityriasis rubra pilaire, hyperhidrose palmo-plantaire et surtout bromidrose (v. sueur).


Kératodermies dites « essentielles »

Mis à part les kératoses congénitales, un examen minutieux peut parfois les rattacher à un facteur déterminant : insuffisance thyroïdienne, troubles génitaux (par insuffisance), carence œstrogénique (kératodermies et arthroses de la ménopause*), carence en vitamine A.

A. C.

Kerenski (Aleksandr Fedorovitch)

Homme politique russe (Simbirsk 1881 - New York 1970).



Un opposant au tsarisme

D’origine bourgeoise, Kerenski fait ses études de droit à l’université de Saint-Pétersbourg et se trouve attiré par le romantisme révolutionnaire. Avocat au barreau, il se fait rapidement remarquer par ses brillantes plaidoiries où il défend les ouvriers et les révolutionnaires et se présente comme un adversaire résolu du tsarisme.

Membre du parti social-révolutionnaire, mais ne pouvant se présenter sous cette étiquette, il est élu en 1912 député à la douma : il est le leader des troudovik, ou socialistes populaires, petit groupe travailliste qu’il a choisi de préférence aux sociaux-démocrates, jugés par lui trop éloignés des aspirations populaires. Avec une éloquence calculée et une fougue jugée souvent théâtrale, il intervient fréquemment à la tribune ; il attaque sans cesse la ligne politique de ceux qui dénoncent la guerre mondiale comme impérialiste et qui misent sur la défaite militaire de l’autocratie pour assurer le triomphe de la révolution.


La chute du tsarisme et l’ascension politique de Kerenski

Incapable de faire face au violent mécontentement populaire qui s’exprime notamment dans les événements de Petrograd, le Premier ministre Galitzine donne sa démission, et le tsar, par oukase, ordonne la dissolution du Parlement, Kerenski fait partie du Comité provisoire de la douma (créé le 12 mars 1917), qui groupe dix personnalités sous la présidence de Mikhaïl Vladimirovitch Rodzianko (1859-1923). D’autre part, il est acclamé comme délégué au soviet des ouvriers et soldats de Petrograd, dont il devient le vice-président, entrant en conflit avec V. M. Molotov pour la maîtrise du soviet.

Le 15 mars 1917, le prince Gueorgui Ievguenevitch Lvov (1861-1925) constitue un premier ministère et offre à Kerenski le portefeuille de la Justice. Ce gouvernement provisoire reste fidèle aux alliances de la Russie et souhaite poursuivre la guerre contre l’Allemagne aux côtés des Occidentaux, tandis que le soviet de la capitale, où les bolcheviks sont de plus en plus suivis, veut approfondir les conquêtes de la révolution. Sous la pression des soviets et des manifestations ouvrières, Lvov se sépare de son ministre de la Guerre, Aleksandr Ivanovitch Goutchkov (1862-1936), que Kerenski remplace le 18 mai. Le nouveau ministre travaille aussitôt à reprendre en main les troupes russes, gagnées par les idées pacifistes. Il part pour le front exhorter les soldats à poursuivre l’offensive et forme les « bataillons de la mort » qui doivent, en donnant l’exemple, renforcer la discipline et l’ardeur combative de l’armée.

Mais, après l’échec de l’offensive militaire du 1er juillet, les soldats désertent en masse et viennent grossir les rangs des manifestations ouvrières des 16-18 juillet à Petrograd. Le gouvernement provisoire entreprend une véritable chasse aux militants révolutionnaires, accusés d’être des agents de l’Allemagne (Kerenski lui-même restera toujours persuadé de l’existence d’un complot des bolcheviks avec le Reich) : un mandat d’arrêt est lancé contre Lénine, qui doit se cacher ; Trotski et L. B. Kamenev sont jetés en prison.

Tout en conservant les deux portefeuilles de la Guerre et de la Marine, Kerenski devient président du Conseil le 6 août. Les ministres socialistes, sous la pression des nouvelles classes possédantes, cèdent peu à peu sur leur programme ; dès lors, leur politique oscille entre des réformes inefficaces et une répression impitoyable. Kerenski entre en conflit avec le général Kornilov, dont il n’accepte pas les mesures de réorganisation de l’armée. Estimant nécessaire une dictature militaire, Kornilov organise un complot contre-révolutionnaire, dont la liquidation accroît l’influence du parti bolchevik, qui, à l’automne, obtient la majorité dans les soviets de Petrograd et de Moscou.

Kerenski forme alors un nouveau gouvernement comprenant le parti bourgeois des Cadets. Le parti socialiste révolutionnaire, dont il est membre, lui ordonne d’exclure les Cadets. Kerenski persiste en menaçant de démissionner, mais, devant le mécontentement populaire, il accepte la demi-mesure d’un directoire composé de cinq des anciens ministres et qu’il préside, proclamant le 14 septembre la République russe.


Les efforts désespérés et la chute de Kerenski

Kerenski se trouve à la tête d’une nation en état de décomposition et en pleine fermentation. Il doit tenir tête à la fois aux extrémistes de droite et aux révolutionnaires du parti bolchevik, lequel oppose à son gouvernement un véritable contre-pouvoir puissant et structuré. D’autre part, il doit tenter, au sein d’un ministère où il plaide désespérément pour l’union nationale, d’équilibrer les exigences réactionnaires des Cadets et celles, démocratiques, des socialistes révolutionnaires.