Anglo-Normandes (îles) (suite)
L’histoire
L’histoire des îles Anglo-Normandes est avant tout dominée par leur situation géographique, à proximité de la France et de l’Angleterre. Aujourd’hui encore, si Jersey, Guernesey, Aurigny, Sercq et d’autres petites îles dépendent de la Grande-Bretagne, deux groupes d’îlots, les Roches-Douvres et les îles Chausey, appartiennent à la France, tandis que ce n’est qu’en 1953 que la souveraineté de la Grande-Bretagne sur les Minquiers et les Écrehou a été reconnue.
Les hommes préhistoriques ont laissé des traces dans les grandes îles ; les Romains les ont annexées à leur Empire ; les premiers chrétiens les ont évangélisées (saint Samson à Guernesey et saint Magloire à Sercq au vie s.). Mais l’histoire des îles commence en fait avec leur annexion au duché de Normandie par le duc Guillaume Longue-Épée en 933. C’est en tant que duc de Normandie que le roi d’Angleterre a conservé sa souveraineté sur les îles, alors que, depuis 1204, la Normandie continentale était redevenue française. Aussi, les îles ont-elles gardé leurs propres institutions et coutumes pendant très longtemps. Malgré la révision constitutionnelle intervenue après la Seconde Guerre mondiale, qui a, entre autres, substitué aux conseils traditionnels des assemblées élues au suffrage universel, tandis que les lieutenants gouverneurs éclipsaient les baillis comme représentants de la couronne d’Angleterre, l’archaïsme des institutions reste frappant : ainsi, bien des aspects (mineurs...) de la féodalité y subsistent, comme en témoigne le fait que la Dame de Sercq ait seule le droit d’élever des pigeons dans l’île. Rien d’étonnant à ce que ces îles soient devenues aujourd’hui un « paradis fiscal ».
Les îles ont été sans cesse ravagées au cours de leur histoire. Malgré tout, elles ont été un refuge pour bien des exilés : Charles II et son historien lord Clarendon (à Jersey en 1646, en 1649 et en 1650), de nombreux prêtres et aristocrates chassés par la Révolution française, ainsi que Victor Hugo (à Jersey de 1852 à 1855, puis à Guernesey de 1855 à 1870).
Depuis longtemps, la population d’origine normande a diminué par rapport aux immigrants. Ce mouvement s’est accéléré depuis 1945.
J. P. G.
J. H. Le Patourel, Medieval Administration of the Channel Islands, 1199-1399 (Londres, 1937). / A. J. Eagleston, The Channel Islands under Tudor Government, 1485-1642 (Cambridge, 1949). / G. R. Balleine, The Bailiwick of Jersey (Londres, 1951). / C. P. Le Huray, The Bailiwick of Guernesey (Londres, 1952). / R. Vercel, les Iles Anglo-Normandes (A. Michel, 1956). / J. Uttley, The Story of the Channel Islands (Londres, 1966). / Les Iles Anglo-Normandes (Hachette, 1971). / C. Guillot, les Iles Anglo-Normandes (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1975).