Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Anglo-Normandes (îles) (suite)

L’histoire

L’histoire des îles Anglo-Normandes est avant tout dominée par leur situation géographique, à proximité de la France et de l’Angleterre. Aujourd’hui encore, si Jersey, Guernesey, Aurigny, Sercq et d’autres petites îles dépendent de la Grande-Bretagne, deux groupes d’îlots, les Roches-Douvres et les îles Chausey, appartiennent à la France, tandis que ce n’est qu’en 1953 que la souveraineté de la Grande-Bretagne sur les Minquiers et les Écrehou a été reconnue.

Les hommes préhistoriques ont laissé des traces dans les grandes îles ; les Romains les ont annexées à leur Empire ; les premiers chrétiens les ont évangélisées (saint Samson à Guernesey et saint Magloire à Sercq au vie s.). Mais l’histoire des îles commence en fait avec leur annexion au duché de Normandie par le duc Guillaume Longue-Épée en 933. C’est en tant que duc de Normandie que le roi d’Angleterre a conservé sa souveraineté sur les îles, alors que, depuis 1204, la Normandie continentale était redevenue française. Aussi, les îles ont-elles gardé leurs propres institutions et coutumes pendant très longtemps. Malgré la révision constitutionnelle intervenue après la Seconde Guerre mondiale, qui a, entre autres, substitué aux conseils traditionnels des assemblées élues au suffrage universel, tandis que les lieutenants gouverneurs éclipsaient les baillis comme représentants de la couronne d’Angleterre, l’archaïsme des institutions reste frappant : ainsi, bien des aspects (mineurs...) de la féodalité y subsistent, comme en témoigne le fait que la Dame de Sercq ait seule le droit d’élever des pigeons dans l’île. Rien d’étonnant à ce que ces îles soient devenues aujourd’hui un « paradis fiscal ».

Les îles ont été sans cesse ravagées au cours de leur histoire. Malgré tout, elles ont été un refuge pour bien des exilés : Charles II et son historien lord Clarendon (à Jersey en 1646, en 1649 et en 1650), de nombreux prêtres et aristocrates chassés par la Révolution française, ainsi que Victor Hugo (à Jersey de 1852 à 1855, puis à Guernesey de 1855 à 1870).

Depuis longtemps, la population d’origine normande a diminué par rapport aux immigrants. Ce mouvement s’est accéléré depuis 1945.

J. P. G.

 J. H. Le Patourel, Medieval Administration of the Channel Islands, 1199-1399 (Londres, 1937). / A. J. Eagleston, The Channel Islands under Tudor Government, 1485-1642 (Cambridge, 1949). / G. R. Balleine, The Bailiwick of Jersey (Londres, 1951). / C. P. Le Huray, The Bailiwick of Guernesey (Londres, 1952). / R. Vercel, les Iles Anglo-Normandes (A. Michel, 1956). / J. Uttley, The Story of the Channel Islands (Londres, 1966). / Les Iles Anglo-Normandes (Hachette, 1971). / C. Guillot, les Iles Anglo-Normandes (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1975).

angoisse

Sentiment de malaise profond déterminé par l’impression diffuse d’un danger imminent mal définissable, l’angoisse est un phénomène très général constitutif du psychisme.


Le concept d’angoisse est au cœur du courant philosophique moderne : bien qu’on le rencontre déjà dans l’œuvre de saint Augustin et surtout dans celle de Pascal. L’angoisse a reçu un statut ontologique avec la philosophie existentielle de Kierkegaard, Heidegger et Sartre notamment.

Parallèlement, le courant psychanalytique, qui exclut toute considération d’ordre métaphysique, étudie le rôle de l’angoisse en tant qu’élément formateur de personnalité normale et pathologique. Pour Freud (1926), l’angoisse est un signe prémonitoire du danger pour le moi émanant d’une menace pulsionnelle. Les sources profondes de l’angoisse se constituent à partir de la dépendance absolue du nourrisson à son environnement et principalement à sa mère, qui, après avoir présenté une adéquation parfaite à ses besoins (dont le prototype est la vie intra-utérine), offre une carence progressive génératrice d’angoisse, et contre laquelle il se forge des mécanismes de défense. Si ces expériences précoces ne sont pas trop traumatisantes, l’individu sera capable de résoudre avec succès les expériences ultérieures imaginairement analogues.

A. D.

➙ Augustin (saint) / Existentialisme / Freud (S.) / Heidegger (M.) / Kierkegaard (S.) / Klein (M.) / Moi / Œdipe (complexe d’) / Pascal (B.) / Psychanalyse / Psychose / Sartre (J.-P.).

Angola

Anc. Afrique-Occidentale portugaise, État de l’Afrique australe, sur l’Atlantique ; 1 246 700 km2 ; 5 673 000 hab. (Angolais). Capit. Luanda.



Les données physiques


Le relief

Une plaine côtière, presque entièrement constituée de sédiments crétacés, tertiaires et quaternaires, s’étend le long des rivages de l’Atlantique sur une largeur n’excédant nulle part 150 km. La côte est basse, sableuse, avec de nombreuses flèches de sable dirigées vers le nord, enserrant des lagunes ouvertes souvent profondes.

Le passage aux plateaux cristallins de l’intérieur se fait par un escarpement généralement brutal, de 800 m de moyenne de hauteur, décomposé par endroits en plusieurs paliers. Une fois cet escarpement franchi, on accède aux vastes aplanissements dans des granites, des gneiss ou parfois des grès, qui couvrent la plus grande partie du pays, entre 1 000 et 2 000 m d’altitude. Ici et là se dressent des reliefs résiduels en inselbergs dans les roches les plus dures, granites ou quartzites.


Le climat et la végétation

Le climat de la région côtière, chaud et humide au nord (800 mm à 1 m de pluies dans l’année), devient subdésertique vers le sud (400 mm à Luanda, 233 mm à Lobito, 50 mm à Moçâmedes) : les eaux froides du courant de Benguela assèchent et refroidissent l’atmosphère littorale. Dans le Nord, on note des traits encore équatoriaux, avec des températures moyennes supérieures à 24 °C sur la côte. C’est le domaine de la forêt pluviale, généralement dégradée en savanes humides ou présentant un paysage de parc. Les cordons littoraux, en arrière desquels s’étendent des mangroves, portent des cocoteraies. Entre Luanda et Benguela, la moyenne annuelle des températures diminue (22 °C), en même temps que la pluviosité (entre 250 et 500 mm). La végétation naturelle est une savane de plus en plus sèche à acacias et à baobabs ou un bush. Au sud de Benguela, c’est la transition vers le désert du Namib (température moyenne annuelle de 20 °C ; moins de 250 mm de pluies). Dans l’extrême Sud, autour de Moçâmedes, la végétation se limite à des touffes éparses, et le fleuve Cunene est à sec la plus grande partie de l’année. Les hautes terres de l’intérieur reçoivent des précipitations estivales importantes (moyennes annuelles entre 800 et 1 800 mm) et ne présentent donc nulle part l’aridité de la côte méridionale, même si les plateaux du Sud connaissent une saison sèche bien marquée. Le climat tropical d’altitude est favorable à l’installation de colons européens.

R. B.