Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kazakhstan (suite)

Cependant le développement économique se heurte à certaines difficultés. L’implantation de villes nouvelles, de villes-champignons se heurte aux difficultés résultant du ravitaillement, de l’équipement scolaire et sanitaire, de la mobilité de la main-d’œuvre, des nécessités de la climatisation des bâtiments. La distribution des gros centres urbains montre l’inégalité de répartition de l’industrie, de la population et des villes, situées autour de Karaganda, à la périphérie, de sorte que les liaisons entre ces différents foyers sont plus malaisées qu’entre l’un d’eux et les républiques voisines. Enfin, malgré l’importance des investissements, les transferts de matériel et de populations durant la Seconde Guerre mondiale et l’effort consenti par le plan 1966-1970, les objectifs quantitatifs et qualitatifs n’ont pas tous été atteints dans les domaines de l’industrie mécanique et légère. Ce sont les régions du Kazakhstan oriental (12 p. 100 de la production industrielle), avec Alma-Ata, une capitale excentrique (20 p. 100) et surtout Karaganda (le tiers), qui constituent les secteurs industriels les plus complets et les plus actifs. On doit s’attendre, dans la mesure où sont renforcées les régions proches de la Chine, que le rôle de la république dans l’Union ne cesse de s’accroître, et l’on ne saurait oublier que le grand centre « spatial » de l’U. R. S. S., Baïkonour, est situé au nord-est de la mer d’Aral.

A. B.

 C. Beaucourt, H. Chambre et C. Miklasz, Tiers Monde soviétique ? Le Kazakhstan (Cahiers de l’I. S. E. A., 1963). / A. Blanc et H. Chambre, l’U. R. S. S. (P. U. F., coll. « Magellan », 1971).

Kazan

V. de l’U. R. S. S. (R. S. F. S. de Russie), capit. de la République autonome des Tatars.


La population est passée de 398 000 habitants en 1939 à 647 000 en 1959 et à 869 000 en 1970, soit une croissance de plus de 30 p. 100 entre les deux derniers recensements. Kazan concentre plus du quart de la population de la république (plus de la moitié de sa population urbaine).

L’origine de Kazan est due à la fonction de défense. Les Russes de Moscou ont construit sur la Volga une puissante forteresse (kreml) chargée de protéger la Moscovie* des incursions des nomades venant de la steppe. À ce titre, elle était également un marché important où s’échangeaient les produits de la steppe et de la forêt, de l’Asie centrale et de l’Europe. Un port d’escale fut fondé sur le grand fleuve. Au moment de la création des chemins de fer, le grand tronc ferré Moscou-Sverdlovsk, rejoignant le Transsibérien, franchit le fleuve à la hauteur de la ville (une grande gare de Moscou porte son nom).

L’industrie s’est développée à la fin du xixe s., en rapport avec la fonction agricole et de transit. Une première génération de manufactures de moyenne importance s’établit dans la ville : tanneries, constructions navales, industries liées à la pêche, matériel roulant, minoteries et conserveries. Une seconde phase est marquée après la Seconde Guerre mondiale par l’arrivée d’un oléoduc et d’un gazoduc en provenance des gisements du Second-Bakou : Kazan, avec ses raffineries et sa pétrochimie, devient un des grands centres d’industrie chimique lourde de l’Union, spécialisé dans la synthèse organique.

On connaît mal le plan et l’architecture de la ville, interdite aux étrangers comme de nombreuses villes de la Volga. Kazan comprend un port sur le fleuve, un quartier ancien juché sur la terrasse de la rive droite et de grands ensembles situés à proximité des importantes usines récemment créées.

A. B.

Kazan (Elia)

Metteur en scène de cinéma et de théâtre américain (Istanbul 1909).


La famille Kazanjoglous — d’origine grecque —, après un intermède berlinois en 1911, quitte définitivement en 1913 les rives du Bosphore et la vieille Europe pour New York, où le père vient de s’installer comme importateur de tapis. C’est dans la grande cité américaine (et dans sa banlieue, à New Rochelle) qu’Elia Kazanjoglous fera ses études primaires et secondaires avant de suivre à l’université Yale des cours d’art dramatique. En 1932, il entre au Group Theatre (dont les fondateurs sont Cheryl Crawford, Harold Clurman et Lee Strasberg) ; cette troupe dépendait à l’origine de la Theatre Guild, qui avait adapté au nouveau théâtre américain l’enseignement de Stanislavski et de Meyerhold. Engagé comme assistant de production, Kazan est bientôt acteur — notamment dans plusieurs pièces de Clifford Odets — et metteur en scène. Il débute au cinéma dans Ville conquise (City for Conquest, 1940) d’Anatole Litvak dans un rôle de gangster, et on lui prête volontiers un brillant avenir de comédien au côté des James Cagney et des E. G. Robinson. Le théâtre retient cependant davantage son attention. En 1942, Kazan reçoit le prix Pulitzer pour la pièce de Thornton Wilder The Skin of our Teeth. Il devient alors l’un des metteurs en scène les plus cotés de Broadway. Abordant le cinéma comme réalisateur en 1944 avec le Lys de Brooklyn (A Tree Grows in Brooklyn), il se hausse en quelques films (le Maître de la prairie [The Sea of Grass, 1946], Boomerang [1946], le Mur invisible [Gentleman’s Agreement, 1947], l’Héritage de la chair [Pinky, 1949], mais surtout Panique dans la rue [Panic in the Street, 1950] et Un tramway nommé Désir [A Streetcar named Desire, 1951]) au nombre des cinéastes les plus en vogue du moment. Il avait déjà obtenu l’oscar pour le Mur invisible ; Un tramway nommé Désir, pour l’adaptation scénique duquel il avait remporté un deuxième prix Pulitzer, lui apporte une nouvelle brassée de récompenses (5 oscars). Mais Kazan ne se laisse pas dévorer par cette gloire soudaine : en 1947, il a fondé avec Cheryl Crawford et Robert Lewis — ce dernier sera relayé un an plus tard par Lee Strasberg — l’Actors’ Studio, dont l’importance sera capitale dans l’évolution du jeu des acteurs. La « méthode » enseignée par Strasberg est plus une technique qu’un style, plus un moyen qu’une fin. Il s’agit de réveiller l’inconscient du comédien afin de retrouver grâce à divers stimulants ses réserves émotionnelles. D’où la nécessité d’un conditionnement des réflexes qui fera affleurer la mémoire sensorielle et affective. La concentration de l’acteur « vivant » son personnage doit s’accompagner d’une décontraction nerveuse et musculaire. L’Actors’ Studio apparaît comme une résistance au théâtre héroïque, romantique ou même comme une révolte contre le théâtre « théorique ». Kazan révélera certains acteurs comme Marlon Brando ou James Dean, qui propageront sur les écrans du monde entier l’enseignement — et aussi les « tics » — de la méthode.