Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kamerlingh Onnes (Heike)

Physicien néerlandais (Groningen 1853 - Leyde 1926).


Kamerlingh Onnes étudie les mathématiques et la physique à l’université de sa ville natale, puis poursuit ses études à Heidelberg, où il est l’élève de R. W. Bunsen et de G. R. Kirchhoff. Après avoir obtenu en 1879 son doctorat ès sciences à Groningen, il est nommé en 1882 professeur de physique expérimentale à l’université de Leyde. C’est là qu’il va effectuer toute sa carrière.

Raoul Pictet (1846-1929) à Genève et Louis Cailletet (1832-1913) à Paris viennent de liquéfier l’oxygène et l’azote, gaz qualifiés jadis de permanents, ouvrant ainsi une voie nouvelle. Kamerlingh Onnes comprend le grand intérêt des recherches effectuées aux très basses températures. Il crée en 1894 un laboratoire cryogénique, longtemps unique au monde, où vont être obtenues des températures de plus en plus voisines du zéro absolu et où viendront travailler des physiciens de tous les pays. Dewar ayant réussi à Londres à liquéfier l’hydrogène en 1898, seul l’hélium demeure encore réfractaire à toute tentative de liquéfaction. Kamerlingh Onnes y parvient en 1908, réalisant ainsi une température de 4 K. Plus tard, en 1922, faisant bouillir cet hélium liquide sous une pression très réduite, il obtiendra 0,8 K.

Mais il a surtout pour dessein d’étudier les propriétés des corps au voisinage du pôle du froid. Il s’attaque en particulier aux phénomènes optiques, magnétiques et électriques, et il découvre en 1911 la supraconductibilité : à quelques degrés absolus, la résistance électrique de plusieurs métaux devient pratiquement nulle, et l’on peut, dans un fil maintenu à la température de l’hélium liquide, transporter un courant sans perte d’un continent à l’autre, puisque le dégagement de chaleur y est supprimé.

Cette découverte capitale, dont les applications sont aujourd’hui multiples, vaut à son auteur le prix Nobel de physique en 1913. En 1925, Kamerlingh Onnes est élu membre associé de l’Académie des sciences de Paris.

Il abandonne sa chaire en 1924 et continue quelques années à travailler dans son laboratoire. Mais ses forces déclinent, et il meurt en 1926 après une courte maladie.

R. T.


Prédécesseurs et continuateurs de Kamerlingh Onnes


Peter Joseph William Debye (ou Debije),

physicien néerlandais, naturalisé américain en 1946 (Maastricht 1884 - Ithaca, État de New York, 1966). Il est l’auteur d’une théorie des chaleurs massiques qui a constitué le point de départ d’une étude de l’état solide aux très basses températures. Il a montré que la plupart des solides considérés comme amorphes présentent, lorsqu’on analyse leurs poudres aux rayons X, une structure cristalline finement dispersée. Prix Nobel de chimie en 1936.


Sir James Dewar,

chimiste et physicien anglais (Kincardine on Forth 1842 - Londres 1923). Son étude des basses températures l’a amené à liquéfier l’hydrogène et le fluor, et à produire des vides poussés en utilisant le pouvoir absorbant du charbon soumis à un froid intense. Il a imaginé l’emploi de vases isolants à double paroi de verre argenté et sous vide pour la conservation des gaz liquéfiés.


William Francis Giauque,

chimiste américain (Niagara Falls, Canada, 1895). Il a préconisé en 1924, en même temps que Debye, la méthode de production du froid fondée sur la désaimantation adiabatique, méthode qui a permis l’obtention des plus basses températures. On lui doit en 1929 la découverte des deux isotopes lourds de l’oxygène. Prix Nobel de chimie en 1949.


Wander Johannes de Haas,

physicien néerlandais (Lisse 1878 - Bilthoven 1960). Successeur de Kamerlingh Onnes à la direction du laboratoire cryogénique de Leyde en même temps que Keesom, il est l’auteur d’expériences sur la supraconduction et le magnétisme aux très basses températures. En 1947, il a réalisé la température de 0,002 K grâce à la désaimantation de sels paramagnétiques.


Petr Leonidovitch Kapitsa,

physicien soviétique (Kronchtadt 1894). Après avoir été collaborateur de E. Rutherford* et professeur à Cambridge (1930), il retourna en U. R. S. S. et devint directeur de l’Institut des problèmes physiques à Moscou. Il a réalisé des champs magnétiques de grande intensité et des températures très élevées, puis s’est orienté vers la physique des basses températures ; il a étudié les propriétés magnétiques des corps au voisinage du zéro absolu et découvert en 1938 la superfluidité de l’hélium. Il est l’un des créateurs de l’explosif thermonucléaire soviétique.


Willem Hendrik Keesom,

physicien néerlandais (île de Texel 1876 - Leyde 1956). Successeur de Kamerlingh Onnes à la direction du laboratoire cryogénique de Leyde, il a, en 1926, réussi à solidifier l’hélium et signalé l’existence de deux variétés d’hélium liquide.


Lev Davidovitch Landau,

physicien soviétique (Bakou 1908 - Moscou 1968). Il s’est attaché à l’étude des divers états de la matière et des transformations de structure qui peuvent l’affecter. Il a élaboré une théorie rendant compte de la superfluidité de l’hélium. Il est encore l’auteur d’une théorie des champs, prolongement de la mécanique quantique, qui concerne les interactions entre particules. Prix Nobel de physique en 1962.

Kandinsky (Vassili)

Peintre français d’origine russe (Moscou 1866 - Neuilly-sur-Seine 1944), l’un des fondateurs de l’art abstrait.


S’exerçant depuis l’adolescence à la peinture en amateur, Kandinsky eut la révélation de sa vocation lors de la grande exposition des impressionnistes français à Moscou, en 1895. Il achevait alors des études de droit et d’économie qui devaient lui valoir une chaire en province, mais, l’année suivante, il renonçait à ce poste pour se fixer à Munich, alors le carrefour des mouvements picturaux les plus audacieux. Dès cette époque, son activité est abondante et (trait spécifique de sa personnalité) elle est réflexive : à aucun moment, Kandinsky ne séparera sa peinture d’une auto-analyse des fins et des moyens qu’il se propose, sans que jamais celle-ci ne nuise à la puissance créatrice de celle-là. Rien, en effet, ne relève du « programme » dans son art. Quand il ouvre en 1902 sa propre école, son travail est dominé par une influence dérivée, « secondaire », des fauves ; il y simplifie à l’extrême des paysages et des thèmes du folklore slave, réduits à des équilibres entre masses de couleur, qui empruntent au divisionnisme un petit nombre d’articulations superficielles : cette période trouve son achèvement avec les « paysages de Murnau », Paysage à la tour (coll. Nina Kandinsky, Paris).