Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

kala-azar (suite)

Les formes cliniques


Chez l’enfant

La leishmaniose viscérale de l’enfant, qu’on a appelée également anémie splénique infectieuse ou pseudo-leucémique, a été particulièrement étudiée par Charles Nicolle dès 1907. Fréquente dans le Bassin méditerranéen, elle s’étend jusqu’en Arménie et jusqu’au Turkestan. Après une incubation de quatre à six semaines, le début est insidieux, caractérisé par des troubles digestifs et surtout par un état fébrile inexpliqué, avec perte de poids et insomnie. Puis l’atteinte de l’état général est impressionnante : fièvre « folle », pâleur du teint, présence de taches chamois, amaigrissement important des membres et du thorax, contrastant avec l’augmentation de volume de l’abdomen. En effet, il existe une volumineuse splénomégalie (une grosse rate), pouvant dépasser l’ombilic, avec hépatomégalie (gros foie) et polyadénomégalie (gros ganglions) plus tardive. Cependant, certaines manifestations sont trompeuses, réalisant des syndromes hémorragiques ou digestifs prédominants.


Chez l’adulte

Le kala-azar de l’adulte est connu surtout en Inde ; il débute assez rapidement, mais semble évoluer moins vite que chez l’enfant.

En réalité, quelle que soit la forme observée, le diagnostic ne peut être confirmé que biologiquement. Des arguments indirects de présomption sont fournis par le résultat de l’hémogramme, qui révèle une anémie avec leuconeutropénie (diminution des leucocytes neutrophiles) constante et thrombopénie (diminution des plaquettes ou thrombocytes) plus tardive, ainsi que par la mesure de la vitesse de sédimentation globulaire, qui atteint des chiffres très élevés, supérieurs à 100 mm à la première heure. Par ailleurs, l’électrophorèse* montre une perturbation des protéines sériques sous forme d’une hyperprotidémie, avec élévation considérable des gammaglobulines et chute de l’albumine. De ce déséquilibre protéinique résulte la réaction de Gaté et Papacostas, ou formol-leucogélification, qui se traduit par l’apparition, en quelques minutes, d’un gel lactescent lorsqu’on a additionné à 1 ml de sérum du malade deux gouttes de formol.

Les arguments directs de certitude reposent sur la découverte des leishmanies dans les cellules histiocytaires de la moelle osseuse, du foie, de la rate, des ganglions, du sang ou même de la peau. L’examen direct des frottis et des coupes colorées selon la technique de May-Grunewald-Giemsa doit être complété par des cultures sur un milieu spécial au sang et par les inoculations au Hamster.


Le traitement

Alors que l’évolution non traitée est rapidement fatale dans la cachexie, les traitements actuels donnent des résultats excellents. Qu’il s’agisse de l’antimoniate de méthylglucamine, dérivé antimonié de la glucamine, administré en injections intramusculaires profondes pendant douze jours, ou de la pentamidine, également administrée par voie intramusculaire, mais moins employée, la fièvre tombe en quelques semaines, et les stigmates humoraux s’estompent en quelques mois. Au décours de la maladie s’installera une immunité solide, fait rare en pathologie parasitaire.

Quant à la prophylaxie, elle requiert sur le plan collectif le traitement des malades, la lutte contre les réservoirs animaux (Chiens) et la lutte contre les Phlébotomes par l’usage d’insecticides de contact.

M. R.

 J. A. Rioux et Y. J. Golvan (sous la dir. de), Épidémiologie des leishmanioses dans le sud de la France. Enquête écologique (I. N. S. E. R. M., 1969).

Kalmouks

Peuple d’Asie appartenant aux Mongols occidentaux, et qui se désigne par le terme d’Oïrats (« Confédérés »).


C’est au xve s. que les Kalmouks, avec des chefs comme Toghan et Esen, fondèrent un vaste empire en Asie centrale. Celui-ci s’étendit bientôt jusqu’au lac Balkhach, sur une région immense qui se terminait au sud aux monts Altaï et Tianshan (T’ien-chan) et au désert de Gobi. Au milieu du xve s., les Kalmouks ne réussirent pas dans leur tentative de prendre Pékin, mais n’en firent pas moins prisonnier l’empereur de Chine.

Attaqués par les Mongols orientaux, les quatre groupes confédérés se séparèrent. Les Kochots, les Tchoros et les Doerboets (Dörböts) demeurèrent en Asie centrale. Convertis au bouddhisme tibétain (ou lamaïsme) au début du xviie s., ils devaient fonder l’Empire dzoungare, qui recouvrit le Tibet, la Kachgarie et la Dzoungarie, avant de s’effondrer au milieu du xviiie s. sous les attaques des Chinois.

Le dernier groupe, celui des Torgoutes (Torguts), émigra en 1616. Il finit par s’établir dans la région de la mer Caspienne. Bien que soumis en principe à la Russie, les Torgoutes conservèrent leurs cadres politiques et administratifs. Ils atteignirent leur plus grande puissance sous le règne du khān Ayou Ka (1670-1724). Au xviiie s., la volonté du gouvernement russe d’étendre son autorité sur l’ensemble de l’empire provoqua la fuite des Torgoutes, qui craignirent d’être absorbés par la Russie et surtout de perdre leur religion. Le 5 janvier 1771, tous les Torgoutes établis à l’est de la Volga, après avoir anéanti leurs villages, s’ébranlèrent vers l’est en direction de la Mongolie.

Alors commença pour eux un lamentable exode ; en but aux attaques des Kirghizes, décimés par la famine durant la traversée des déserts, un tiers seulement de ceux qui étaient partis purent atteindre la Chine, où ils furent accueillis, et s’installer dans le fertile Turkestan.

Les Kalmouks de l’ouest de la Volga, qui étaient demeurés en Russie, virent leur pays dévasté par la guerre civile de 1917 et par la terrible famine qui lui succéda. En 1909, 3 p. 100 seulement d’entre eux étaient démunis de bétail ; en 1924, il y en avait 36 p. 100, et 10 p. 100 n’avaient que le minimum vital pour subsister. Les Kalmouks formèrent d’abord une région nationale autonome (1920), qui devint la république autonome des Kalmouks en 1935.

Durant la Seconde Guerre mondiale, ils apportèrent leur concours aux troupes d’occupation allemandes. Lorsque les Allemands durent évacuer la Russie, nombre d’entre eux les accompagnèrent, tandis que d’autres étaient déportés par les Soviétiques hors de la république (dissoute en 1943).

L’U. R. S. S. ne rétablit qu’en 1957 la république autonome des Kalmouks, qui compte aujourd’hui 250 000 habitants. L’élevage nomade de troupeaux de moutons, de chèvres, de chevaux et de chameaux est l’activité essentielle. Le gouvernement soviétique, qui encourage la sédentarisation et le travail dans les fermes collectives, a également établi d’importantes pêcheries sur la mer Caspienne.

P. P. et P. R.