Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Jura. 39 (suite)

Les plateaux sont largement étalés au nord, autour de Nozeroy, et à l’ouest, formant le revers du Vignoble. Ils sont accidentés de rubans de collines, comme ceux qui sont occupés par les beaux boisements de la forêt de Joux. La combe d’Ain, de Champagnole à Clairvaux-les-Lacs, interrompt la continuité des horizons et offre, avec ses eaux, ses lacs, les cascades de son rebord oriental, une gamme variée de paysages plaisants.

Vers le sud, les plateaux ne constituent plus qu’une marche étroite, au niveau de Moirans-en-Montagne, entre la haute chaîne et les longues crêtes de la Petite Montagne. Les altitudes sont modestes, mais nulle part le paysage n’est plus sauvage : la retenue de Vouglans a noyé les gorges de l’Ain et créé un fjord grandiose au milieu de ce pays dur.

Au sud de Lons-le-Saunier, dans le Revermont, la chaîne du Jura domine d’un seul jet l’avant-pays bressan. Au nord, dans le Vignoble, se développe une zone de transition entre les hautes corniches, accidentées par les reculées, et la plaine : ce pays de buttes, de collines aux expositions heureuses bénéficie de bons sols, d’un climat abrité. Il pouvait offrir à la montagne voisine le vin qui lui manquait, comme le sel de Lons-le-Saunier et de Salins-les-Bains.

La région bressane est formée ici d’un ensemble confus de moutonnements, souvent boisés, avec de menues fermes éparpillées. Vers le nord, la vallée de la Loue, dans le val d’Amoux, trace une voie vers Dole, au sud de la solitude boisée de la forêt de Chaux. Autour du petit massif isolé de la Serre, la plaine doloise et le Finage offrent sans doute les sols les meilleurs du département.

Le Jura constituait, grâce à la variété de ses terroirs, à l’importance de ses boisements, à la vigueur de ses eaux et aux axes qui le traversaient, un pays exceptionnellement favorable au développement d’une économie traditionnelle. La plaine fournissait ses grains, blés vers Dole, maïs déjà dans le val d’Amoux et la Bresse. Le Vignoble livrait ses vins, souvent prestigieux, comme à Arbois, ou à Château-Chalon, et son sel. La montagne expédiait par l’Ain ou par la Loue ses bois d’œuvre et de marine, et le fromage que l’on avait appris très tôt à fabriquer dans les fruitières. Les ateliers étaient partout nombreux le long des rivières. Dans la montagne, Saint-Claude devait à son pèlerinage et à son abbaye un essor ancien. Les villes du Vignoble n’avaient pas la même puissance, mais elles formaient un chapelet aux grains serrés, de Saint-Amour à Salins-les-Bains en passant par Lons-le-Saunier, Poligny et Arbois. Elles bénéficiaient à la fois des relations entre plaine et montagne et de la grande route qui suit le pied des escarpements et mène de la vallée du Doubs à la région lyonnaise et au Midi. Dole, enfin, tenait, jusqu’à la conquête française, son importance de son rôle de capitale de la Comté : la ville avait l’université et le parlement. Rien d’étonnant, donc, que le Jura ait été le plus peuplé des départements comtois à la Révolution.

L’évolution contemporaine n’a pas été favorable. La population a cessé de croître précocement, dès 1841, et l’essor n’a repris que récemment et modestement. La variété des aptitudes agricoles est moins avantageuse que par le passé. Le Vignoble a été ruiné par la concurrence des vins du Midi et par le phylloxéra, et ne s’est reconstitué que là où la production était de qualité, à Arbois, par exemple. L’économie menue de la Bresse est mal faite pour l’époque des productions de masse. La plaine doloise et le Finage n’ont pas connu les mêmes difficultés. En montagne, dans le Vignoble aussi, ou dans le val d’Amoux, l’élevage laitier constitue souvent la ressource essentielle, mais beaucoup d’exploitations étaient modestes, et l’exode a été ici très rapide depuis une génération.

Les villes n’ont pas connu un essor suffisant pour absorber toujours la main-d’œuvre ainsi libérée. Celles du Vignoble se sont endormies, frappées par le déclin de la circulation au pied de la chaîne. Lons-le-Saunier est la seule cité à croître, grâce au renforcement du rôle administratif. Dole, privée dès le xviiie s. de ses fonctions administratives, a su se réadapter : la ville est devenue le premier centre ferroviaire de la région, un foyer d’industries mécaniques, de céramique, de textile, et, avec l’usine toute proche de Solvay, à Tavaux, le foyer le plus actif d’industrie chimique de la région.

En montagne, l’évolution a été paradoxalement plus favorable. Saint-Claude — grâce à la pipe, à la taillanderie de diamants, à la lapidairerie — et Morez, grâce à la grosse horlogerie et à la lunetterie, sont devenus des centres actifs, et les bourgs et les villages, de Moirans à Saint-Laurent-en-Grandvaux, de Septmoncel à Bois-d’Amont, s’animent de multiples ateliers. Le déclin des spécialités traditionnelles n’a pas trop affecté Saint-Claude, où les industries mécaniques se sont multipliées et où le travail des matières plastiques, sous l’impulsions d’Oyonnax, est actif. Sur le plateau, les activités sont moins nombreuses, mais Champagnole a réussi depuis la guerre à se transformer en centre industriel dynamique.

Tout cela dessine une économie menue : pas de grande ville, une population à dominante industrielle, mais sans fabrications lourdes, dans des ateliers souvent ruraux. Le Jura échappe aux concentrations inhumaines du monde moderne. Ses paysages ont du charme, de la fraîcheur, de la grandeur. Le tourisme est partout actif : passage le long du Vignoble, séjour l’été dans la région des lacs, sports d’hiver plus haut, vers Les Rousses.

Il est peu de départements qui donnent une image plus expressive de la France moyenne, celle des belles campagnes, des petites villes chargées d’histoire, des activités variées. Mais, par beaucoup de traits déjà, les paysages annoncent déjà ceux de l’Europe centrale, qui commence là.

P. C.

➙ Franche-Comté.

juridiques (sciences)

Ensemble des activités scientifiques recouvrant les domaines de l’élaboration, de l’application, de la recherche et de la pédagogie relatives à la règle de droit.


Celle-ci s’appliquant aux multiples aspects de la vie relationnelle des individus, des familles, des entreprises, de l’État, des collectivités publiques, on ne peut parler d’une science juridique, mais, plutôt, des sciences juridiques, les aspects du droit se diversifiant d’ailleurs sans cesse et de plus en plus à l’époque contemporaine.