Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

Jordanie (suite)

 F. M. Abel, Géographie de la Palestine (Gabalda, 1933-1938, 2 vol. ; 3e éd., 1967). / G. Antonius, The Arab Awakening. The Story of the Arab National Movement (Londres, 1938). / P. G. Phillips, The Hashemite Kingdom of Jordan : Prolegomena to a Technical Assistance Program (Chicago, 1954). / J. B. Glubb, A Soldier with the Arabs (Londres, 1957 ; trad. fr. Soldat avec les Arabes, Plon, 1958) ; Syria, Lebanon, Jordan (Londres, 1967). / R. Patal, The Kingdom of Jordan (Princeton, 1958). / P. Rondot, Destin du Proche-Orient (le Centurion, 1959). / B. Shwadran, Jordan. A State of Tension (New York, 1959). / J. et D. Kimche, Both Sides of the Hill. Britain and the Palestine War (Londres, 1960). / P. Lyautey, la Jordanie nouvelle (Julliard, 1966). / A. M. Goichon, Jordanie réelle (Desclée De Brouwer, 1967).

Joseph (saint)

Époux de la Vierge Marie.


Dans les documents évangéliques, la place de Joseph, l’époux de Marie, mère de Jésus, est relativement discrète. Cela peut s’expliquer par la nature même des Évangiles, qui sont fondés sur le ministère public de Jésus « depuis le baptême par Jean-Baptiste jusqu’à la Résurrection ». Dans le fonds ancien de la prédication apostolique apparaît incidemment une réflexion des habitants de Nazareth, étonnés au sujet de Jésus et dont le libellé primitif paraît être : « N’est-ce pas là le fils du charpentier ? Est-ce que sa mère ne s’appelle pas Marie ? » (Matth., xiii, 55.) Joseph, qui était de condition modeste, était donc considéré comme le père de Jésus.

C’est saint Luc qui, au même endroit, livre son nom : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Et il précise (iii, 23) : « Jésus, lors de ses débuts, avait environ trente ans, et il était, à ce qu’on croyait, fils de Joseph. » Les Évangiles synoptiques rapportent la foi des Apôtres, à savoir que, lors de la conception de Jésus, Marie était fiancée à Joseph et qu’elle « se trouva enceinte par le fait de l’Esprit-Saint avant leur union » (Matth., i, 18). Ne pouvant couvrir de son nom un enfant dont il n’était pas le père, Joseph, qui était un « juste » (i, 19), c’est-à-dire qui observait fidèlement les préceptes de la Loi, aurait dû, en ce cas, délivrer à Marie un acte de répudiation. Mais il avait aussi la possibilité de la renvoyer secrètement, ce qu’il se proposa de faire. L’Évangile nous présente Joseph, à l’image de son homonyme biblique (Gen., 40-41), comme un « homme de songes » (Matth., i, 20 ; ii, 13 ; ii, 19). Avant même que Marie lui eût parlé, il fut en songe convaincu de sa fidélité, et, considérant l’origine mystérieuse de l’enfant, il la prit chez lui et, quand naquit l’enfant, il lui donna le nom de Jésus, c’est-à-dire Sauveur. La Tradition a ainsi considéré le mariage de Joseph et de Marie, bien qu’il ne fût pas consommé, comme un réel mariage, et elle l’offre en exemple aux époux. Quant aux « frères de Jésus », dont il est question à plusieurs reprises dans les Évangiles, elle considère soit que ce sont des fils de Joseph antérieurs à son mariage avec Marie (Pères d’Orient) — d’où l’idée qu’il était veuf —, soit qu’il s’agit, au sens large, de cousins de Jésus (Pères d’Occident).

Les récits de l’enfance de Jésus conduisent Joseph et son épouse à Bethléem pour le recensement de Quirinius (Luc, ii, 1-7, sans doute en 6 av. J.-C.), qui prendra acte légalement de l’ascendance davidique de Jésus (Matth., i, 1-17) ; ils mentionnent la présence de Joseph lors de la présentation de l’enfant au Temple de Jérusalem selon le rite juif de la consécration des premiers-nés. L’offrande de deux colombes apportées à cette occasion par Joseph et Marie confirme l’impression d’ensemble livrée par les Évangiles que les parents de Jésus étaient pauvres. L’Évangile de Luc mentionne simplement à ce moment un retour tranquille de la Sainte Famille à Nazareth. Celui de Matthieu fait état, au contraire, des menaces du roi Hérode et de la fuite en Égypte (Matth., ii, 13-18). Le récit a surtout pour objet de montrer que Jésus vécut comme Moïse sous la menace des puissants de ce monde, mais que, comme alors, ce sont ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant qui périrent (Ex., iv, 19). Le retour d’Égypte vers la terre ancestrale, indiqué encore à Joseph par le moyen d’un songe, prouve encore que la destinée de Jésus reproduit celle du peuple juif, dont il est dit : « D’Égypte j’ai appelé mon fils » (Os., xi, 1). Jésus est inscrit ainsi dans la ligne des oracles prophétiques.

Les Évangiles ne précisent rien sur ce séjour de plusieurs années. Les traditions de l’Église copte, en particulier la « Vision de Théophile » (patriarche d’Alexandrie de 385 à 412), sont plus loquaces, sinon authentiques. Elles montrent la Sainte Famille passant au Vieux-Caire, ville habitée par les Juifs, s’embarquant sur le Nil, séjournant à la colline d’Oxyrhinchos et à Deir el-Moharraq (aujourd’hui encore lieux de pèlerinage). Le Coran a gardé quelque souvenir de ce voyage (surate 23, verset 50).

Après la mort d’Hérode le Grand, Joseph s’installe de nouveau à Nazareth. Mention est faite dans les Évangiles de l’épisode survenu lors de la maturité de Jésus âgé de douze ans (sans doute le rite juif de « bar mitsva »), au cours duquel il quitte ses parents et rencontre les docteurs du Temple. Il semble que Joseph soit mort avant le début de la vie publique de Jésus.

Les écrits apocryphes ont renchéri sur ces données traditionnelles, en particulier le Protévangile de Jacques (iie s.) et, beaucoup plus tardive, l’Histoire de Joseph le Charpentier (ve s.). On ne saurait leur accorder grand crédit. L’Évangile des ébionites (iie s.) nie, de son côté, la conception virginale.

L’art chrétien s’attacha dès le viie s. à représenter les songes de Joseph. Au xive s., Giotto peignit à l’Arena de Padoue le « miracle du bâton fleuri », par lequel Joseph aurait été choisi parmi les prétendants de Marie, ainsi que le « mariage de la Vierge ». À partir du xiiie s. se répandaient aussi les représentations de la Sainte Famille et de la fuite en Égypte.