Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Angleterre (suite)

De part et d’autre de la chaîne pennine, les couches de houille ont échappé à l’érosion. Au pied même de la chaîne, l’affleurement de la houille a permis de l’extraire à ciel ouvert dès le xiie s. ; au-delà, du fait du déversement vers l’ouest de l’anticlinal pennin, les couches de houille s’enfoncent rapidement à l’ouest sous les roches sédimentaires plus récentes. Les gisements de l’Est, plus accessibles, assurent une grosse partie de la production britannique : celui de Derby-Nottingham 25 p. 100, le Yorkshire 25 p. 100, le Northumberland-Durham 20 p. 100, alors que les gisements de l’Ouest (Lancashire, Cumberland) n’en fournissent ensemble que 5 p. 100. Devant la concurrence des autres sources d’énergie (le gaz de la mer du Nord est livré jusque sur les bassins houillers), les houillères nationales ont dû rationaliser la production (abattage et chargement mécaniques, extraction à ciel ouvert en Nottinghamshire, fermeture de nombreux puits, notamment sur le flanc ouest aux couches faillées et inclinées, traitement des charbons pour les rendre sans fumée). L’effectif des mineurs a diminué de moitié de 1947 à 1969.

La sidérurgie disposait au xixe s. du minerai de fer interstratifié dans les couches de charbon, de l’hématite du Cumberland, de la minette des Cleveland. Mais ces ressources sont presque épuisées, et n’ont été que partiellement compensées par la mise en exploitation de la minette jurassique du Lincolnshire, à Scunthorpe ; l’essentiel doit être importé. Comme pour le charbon, c’est la façade est de la chaîne pennine qui concentre la plus grande partie de la production d’acier. À l’ouest, le Lancashire n’a qu’une petite aciérie à Irlam (tôles fines), et, dans le Cumberland, il ne subsiste plus que Workington (rails) et Barrow (plaques de blindage). Le Nord-Est a encore un petit centre sidérurgique à l’intérieur, à Consett, mais les deux principaux, à Middlesbrough et Lackenby (profilés lourds, ronds à béton, tuyaux de grosses sections), sans trop s’éloigner du charbon à coke du Durham, bénéficient du voisinage de la côte pour recevoir les minerais étrangers. Ce Nord-Est est la première région sidérurgique. À Scunthorpe, le minerai local, avec l’appoint de minerais importés, est transformé sur place en gueuses de fonte, expédiées surtout à Sheffield. Sheffield a abandonné la réduction du minerai pour se consacrer, à partir de fonte et de ferrailles, à la fabrication des aciers spéciaux, des inoxydables et des ferro-alliages, pour lesquels elle a le premier rang en Grande-Bretagne.

Les trois estuaires du Nord-Est (Tyne, Wear, Tees) sont également au premier rang, avec l’estuaire de la Clyde, pour les constructions navales. La Tyne surtout est longée de chantiers navals rénovés, mais l’étroitesse du fleuve limite le tonnage des navires lancés. Les fusions d’entreprises et fermetures de chantiers, conséquences de la concurrence étrangère et de mauvaises relations de travail, ont réduit l’emploi. L’estuaire du Humber, à Hull, a des chantiers de construction de bateaux de pêche, et l’estuaire de la Mersey une entreprise de radoub à Birkenhead. Barrow-in-Furness construit de gros pétroliers et des sous-marins à propulsion atomique.

Les industries métallurgiques fines sont peu représentées dans ce Nord, gros producteur de métaux. Les constructions ferroviaires de Darlington (ville qui vit rouler le premier train à vapeur du monde en 1825) ont dû fermer. Pourtant, Sheffield reste la capitale de la coutellerie. Leeds et Manchester fabriquent des machines textiles, Rotherham, Doncaster, Leeds, Manchester des machines-outils, de l’appareillage électrique, etc. Le Lancashire est la région la plus favorisée à cet égard, grâce à l’installation, après 1960, sous la pression du gouvernement, de trois usines d’automobiles sur les bords de la Mersey ; elles se sont ajoutées à deux importantes usines préexistantes, l’une de camions à Leyland, l’autre de voitures de grand luxe à Crewe ; hors du Lancashire, l’industrie de l’automobile n’est fixée qu’à Leeds. Le Lancashire est aussi le mieux servi en constructions aéronautiques, à Manchester, Preston, Chester, mais il en existe aussi à Hull.

Les deux plus gros foyers britanniques d’industries chimiques se trouvent aussi dans le Nord, essentiellement grâce à l’impulsion des Imperial Chemical Industries. C’est le charbon qui, à l’origine, a attiré I. C. I. à Billingham (estuaire de la Tees), et accessoirement les gisements de sel et de sulfate de calcium, situés sous l’usine même. Mais on utilise maintenant bien d’autres matières premières, l’azote de l’air, l’eau de mer, les produits pétroliers, les phosphates importés, et bientôt la potasse des Cleveland. L’énorme complexe de Billingham-Wilton fournit des engrais agricoles, des insecticides, des herbicides, des matières plastiques, des fibres artificielles, des arômes synthétiques. Il a été renforcé en 1967 par l’achèvement de deux usines pétrochimiques à Teesside.

En Lancashire-Cheshire, ce sont les gisements de sel gemme qui provoquèrent l’industrie chimique, avant la houille, le sable, le gaz carbonique du calcaire des Pennines et les corps gras importés. De là sont nés l’industrie du chlore et de la soude à Northwich et Runcorn, les colorants et produits pharmaceutiques à Manchester, le verre plat à Saint Helens (la capitale britannique du verre), les carrières de calcaire et cimenteries des environs de Buxton, le raffinage des métaux non ferreux à Bootle, et surtout les huiles, savons, tourteaux et margarines à Liverpool et Ellesmere Port. Quatre raffineries de pétrole complètent l’industrie chimique, plus diversifiée que dans le Nord-Est. Un troisième district d’industries chimiques commence à apparaître sur les bords du Humber, à Grimsby-Immingham (farines de poisson, engrais, textiles artificiels, caoutchouc, raffinage du titane). Deux raffineries de pétrole se sont fixées en 1967 sur les rives de l’estuaire.