Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Angleterre (suite)

Dans l’Angleterre centrale et orientale, un empilement de roches sédimentaires repose en discordance sur les massifs anciens ; l’érosion différentielle a dégagé des escarpements en roche dure, qui forment l’ossature du relief. Les Midlands, où affleurent des roches tendres (argiles et grès rouges), ont un relief mou, encore atténué par l’épaisse couche de moraine abandonnée par les glaciers quaternaires ; il en est de même des trois prolongements qui contournent les massifs anciens, la plaine du Cheshire au nord-ouest, le val de Trent au nord-est, le val de Evesham au sud. Le bassin de Londres a un relief plus différencié ; la tranche des couches sédimentaires les plus dures, mise au jour par l’érosion, fait face à l’ouest ; les deux escarpements principaux traversent toute l’Angleterre en diagonale ; l’un à l’ouest, taillé dans les calcaires jurassiques, porte successivement les noms de Cotswolds, Lincoln Edge, Cleveland Hills ; l’autre, plus à l’est, donne les hauteurs crayeuses de Purbeck, de White Horse, des Chiltern, les Lincoln Wolds, les Yorkshire Wolds.

Dans l’intervalle des escarpements, l’érosion a déblayé les roches tendres, donnant des dépressions comme le val d’Oxford, le val de York et surtout les Fens, qui n’ont que quelques mètres au-dessus ou au-dessous du niveau de la mer. Dans le Sud-Est anglais, entre la Tamise et la Manche, le relief résulte du soulèvement, sans doute tertiaire, de la voûte de craie du Weald, et de son creusement ultérieur par l’érosion. Les plateaux de craie se terminent brusquement au-dessus de la fosse du Weald par une muraille (North Downs, South Downs) qui en fait le tour, sauf là où les percées des rivières l’interrompent ; les blanches falaises de craie de Douvres et de Beachy Head ont valu à l’Angleterre le nom d’Albion.


Le climat et la végétation

Le climat, tout en restant océanique, l’est moins que celui de l’Irlande, des Galles ou de l’Écosse, grâce à l’écran que lui offrent ces trois régions, face aux dépressions barométriques venues de l’ouest. Seuls, le massif du Cumberland, le nord de la chaîne pennine, le Dartmoor ont un climat océanique montagnard, caractérisé par de très fortes précipitations (plus de 4 m par an sur les sommets du Cumberland), en partie neigeuses l’hiver, par de très basses températures moyennes (2 °C en hiver, moins de 13 °C en été), par un faible ensoleillement (moins de 1 300 heures par an) et par de violentes rafales de vent. L’excès des pluies, l’insuffisance de l’évaporation, le lessivage des sols qui en résulte ne permettent la croissance que d’organismes peu exigeants tels que les sphaignes, les joncs ; la décomposition de ces plantes donne à la longue une tourbe acide.

Les Midlands sont un milieu plus clément ; les températures estivales atteignent 15 °C, l’ensoleillement 1 400 à 1 600 heures par an, la pluviosité est plus modérée (750 mm par an environ). La façade orientale de l’Angleterre, avec moins de 550 mm de pluies par an, souffre souvent de la sécheresse ; ses étés, assez chauds (17 °C), sont favorables à une bonne maturation des céréales ; le maximum d’été des précipitations, unique en Grande-Bretagne, est déjà un trait continental. La côte de la Manche enfin, très ensoleillée (parfois plus de 1 800 heures par an), attire touristes et retraités. La formation végétale dominante de l’Angleterre centrale et orientale était à l’état naturel la chênaie ; sur les sols calcaires secs poussait la frênaie (vallées protégées des Pennines), sur les sols crayeux la hêtraie (Chiltern, Downs) ou la pelouse rase à fétuque ; dans les Fens amphibies, les eaux calcaires issues des plateaux bordiers favorisaient la croissance du roseau et du glaïeul des marais ; leur décomposition donna la tourbe basique noire, de nos jours sol agricole de très haute qualité, mais fragile. Il subsiste peu de chose de la végétation naturelle, intensément défrichée ; l’Angleterre est l’une des régions les plus déboisées d’Europe.


Les divisions régionales

Bien que l’Angleterre soit une des nations les plus anciennement constituées d’Europe, l’une des plus homogènes, des plus solides, bien qu’elle jouisse d’institutions anciennes et respectées, elle n’en présente pas moins, sur le plan économique, une opposition très marquée entre une zone périphérique traditionaliste, qui retient difficilement sa population, et une zone métropolitaine riche, bien pourvue d’activités modernes, menacée de congestion. Ce déséquilibre a été un motif d’inquiétude pour les gouvernements successifs. Tous se sont efforcés, depuis quarante ans, d’y remédier par une politique d’aménagement du territoire. Malgré les résultats obtenus, les inégalités fondamentales subsistent. Elles fournissent un critère de division en cinq régions, les trois premières, périphériques, les deux autres, métropolitaines :

Le Nord, au-delà de la Trent, qui rassemble trop de vieilles industries (celles qui firent la prospérité du pays au xixe s.) et pas assez d’industries récentes et d’emplois tertiaires ;

La péninsule du Sud-Ouest, région touristique et agricole, mal desservie en moyens de communication modernes, et qui n’a guère d’industries en dehors de Bristol et de ses environs ;

L’Est-Anglie et le Lincolnshire, région restée très rurale et totalement dépourvue de grande agglomération industrielle ;

Les Midlands, pépinière de techniques nouvelles, où foisonnent les industries jeunes et prospères ;

Enfin, le Sud-Est anglais, qui regorge d’activités tertiaires très diversifiées et d’industries modernes, où l’agriculture elle-même a été accaparée par les citadins.


Le Nord anglais

Il demeure la grande région charbonnière employant 250 000 des 350 000 mineurs britanniques. La présence du charbon lui valut d’attirer, au xixe s. (à l’époque où la houille était la seule source d’énergie), les industries métallurgiques et textiles, qui en utilisaient de grosses quantités. Mais la diminution de la demande de houille, de produits métallurgiques lourds, de tissus de laine et de coton a nui à l’économie régionale. Les industries de remplacement ont relayé en partie les industries anciennes, et celles-ci se sont modernisées. Mais le paysage urbain, souillé par les vestiges industriels et immobiliers du xixe s., fait encore souvent figure de conservatoire de l’ère victorienne.