Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

Japon (suite)

➙ Chine / Corée / Kyōto / Laque / Nara / Pagode / Porcelaine / Préhistoire / Tch’an et zen dans l’art / Thé (cérémonie du) / Tōkyō / Ukiyo-e.

 Pageant or Japanese Art (Tōkyō, 1952-1954 ; 6 vol.). / R. T. Paine et A. Soper, The Art and Architecture of Japan (Harmondsworth, 1955). / U. Kultermann, Architecture nouvelle au Japon (Morancé, 1960). / Y. Yukiō (sous la dir. de), Art Treasures of Japan (Tōkyō, 1960 ; 2 vol.). / A. Terukazu, la Peinture japonaise (Skira, Genève, 1961). / M. Tapié et T. Haga, Continuité et avant-garde au Japon (Pozzo, Turin et Le Prat, 1962). / T. Kuno, A Guide to Japanese Sculpture (Tōkyō, 1963). / P. C. Swann, Art of China, Korea and Japan (Londres, 1963 ; trad. fr. l’Art de la Chine, de la Corée et du Japon, Larousse, 1964) ; Japan, from the Jomon to the Tokugawa Period (Londres, 1966 ; trad. fr. Japon, de l’époque Jōmon à l’époque des Tokugawa, A. Michel, 1967). / R. A. Cram, Impressions of Japanese Architecture and the Allied Arts (New York, 1966). / Le Musée national de Tōkyō (les Deux Coqs d’Or, 1969). / L. Frédéric, Japon, art et civilisation (Arts et Métiers graphiques, 1969). / T. Nakamura, Contemporary Japanese Style Painting (Tōkyō, 1969). / M. L. Borras, Art de l’objet japonais (Weber, 1970). / P. Landy, Nous partons pour le Japon (P. U. F., 1970). / D. et V. Elisseeff, la Civilisation japonaise (Arthaud, 1974).
CATALOGUES D’EXPOSITION. L’Art japonais à travers les siècles (musée national d’Art moderne, Paris, 1958). / Trésors de la peinture japonaise du xiie au xviie s. (musée du Louvre, Paris, 1966). / Images du temps qui passe, peintures et estampes d’Ukiyo-e (musée des Arts décoratifs, Paris, 1966). / Art japonais d’aujourd’hui (musée Cernuschi, Paris, 1970).

jardins (art des)

Ce que l’architecture est à la construction, l’art des jardins l’est à l’environnement : ces deux démarches complémentaires, parfois réunies, permettent à l’architecte de jouer pleinement son rôle d’organisateur d’espaces.



Des origines aux jardins sacrés

Dès l’aube des temps historiques, le cadre naturel a été aménagé ; la sélection végétale et animale, la mise en culture et l’irrigation avaient progressivement créé des paysages agrestes, voire forestiers, tout en réservant aux plantes potagères et aux arbres fruitiers l’abri d’un enclos pour former le jardin proprement dit, modeste et utilitaire. Dans la vallée du Nil, transformée par l’irrigation en un immense jardin, dont les temples traduisent en pierre la luxuriance, les palais des souverains ou des dignitaires étaient à l’intérieur de vastes espaces clos de murs, divisés en quartiers, où les pergolas et les viviers offraient leur fraîcheur odorante, avec des pavillons de repos au milieu des massifs régulièrement tracés.

En Mésopotamie, l’irrigation des bosquets symboliques accompagnant les temples-montagnes (ziggourats) était difficile, et l’on a considéré comme une merveille du monde les « jardins suspendus » de Babylone, où des pins et des peupliers poussaient à l’ombre des palmiers, étages sur des salles voûtées entre le palais et la porte d’Ishtar. Grâce à l’aqueduc de Ninive, les Assyriens ont pu réaliser d’immenses parcs pour leur délassement et pour la chasse ; serait-ce la survivance des jardins sacrés dont la Genèse nous offre l’archétype dans l’Éden aux quatre fleuves, où pousse l’arbre de vie ? En tout cas, le terme de paradis est persan, et les Achéménides ont diffusé dans leur empire un type de parc équivalent, réserve de gibier divisée par deux axes à partir d’une « montagne », lieu de délectation et de promenade suivant un itinéraire déterminant des arrêts devant des automates*, dont le symbolisme astral sera transmis aux Sassanides.

En Grèce, dans un monde qui se veut harmonisé par la sagesse divine, la nature devient un sujet inépuisable de création. L’architecture, puis la sculpture jouent un grand rôle dans les plantations sacrées ou symboliques qui entourent les temples ou les tombes des héros. Les espaces sont organisés et articulés par des voies et des portiques ; on illustre les thèmes mythologiques et bientôt ceux de la poésie bucolique. Modelant les abords d’édifices souvent libres d’accès, le jardin classique a un caractère publique ; et c’est à l’abri de ses portiques que vont enseigner les philosophes.

La tyrannie en Sicile et bientôt les royaumes hellénistiques vont favoriser un rapprochement avec les conceptions persanes ; le jardin alexandrin sera un groupement de paysages artificiels, où les statues des dieux voisineront avec des théâtres d’automates.

La maison antique est généralement ordonnée autour d’une cour à galerie ; ce patio offre au moins un autel et un puits à l’abri d’un arbre, souvent le miroir d’eau d’un bassin ; il prend tout son sens dans la domus gréco-romaine, où le jardin à péristyle présente des scènes composées à la mode alexandrine. Les fouilles de Pompéi ont permis de restituer les jardins d’une ville du ier s. On y trouve le minuscule carré, à la végétation en partie imitée sur les murs et jusqu’au vaste jardin d’un L. Tiburtinus, où les chemins d’eau, sous des treilles, ménagent des vues et des allées à partir de deux salles à manger. La servitude des vues convergentes fait ici place à un système ouvert, qui s’épanouit dans les villas suburbaines et rurales. À Rome, la maîtrise de l’eau autorise l’extension des parcs aux abords des théâtres et des thermes, le développement des jardins impériaux, où s’imbriquent bâtiments et terrasses, qui créent vues et surplombs. Les automates s’y retrouvent ; mais les groupes statuaires ne sont plus en marbre ; ils sont en buis et en ifs, taillés par le topiaire, ce paysagiste romain. La villa Hadriana de Tibur (Tivoli) traduit le paysage hellénistique à une échelle exceptionnelle. Un jeu de terrasses, réunies par des rampes douces, offre des plans d’eau (le canal de Canope, axé sur un temple de Sérapis), des écrans ménageant la surprise d’un point de vue (le Poecile), des évocations de lieux mythologiques (le Tempé, les Enfers), enfin des espaces ludiques, stades, bains et théâtres, dont les ruines exerceront leur attraction par-delà la Renaissance.

Lorsque Rome cède le pas à Byzance, l’influence sassanide l’emporte, et le jardin impérial, avec ses artifices de glaces, d’eaux, d’automates, devient une féerie digne des Mille et Une Nuits.