Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
J

Japon (suite)

Dans le détail, côtes plates et falaises alternent en toutes régions. Les premières sont fréquemment bordées de dunes qui forment localement d’importants massifs (Tottori sur la mer du Japon : 40 km de long, 2 à 4 km de large) ; les rivières débouchent obliquement dans la mer ; lagunes et marécages abondent. La côte orientale du Tōhoku, celle du Hokuriku offrent de longues plages continues sur des dizaines de kilomètres. Les côtes rocheuses l’emportent sur le Pacifique et dans l’Ouest, très découpées notamment lorsque les champs de failles (baie de Wakasa, sud-ouest de Kyūshū) ont été envahis par la mer ; la diversité du matériel rocheux (grès, granités surtout) en fait varier localement l’aspect. Il faut remarquer que l’essentiel des zones urbanisées se trouve sur les baies, plates et marécageuses (Tōkyō, Nagoya, Ōsaka), tandis que les côtes rocheuses aux sites plus abrités ne logent, à peu d’exceptions près (Nagasaki, Kagoshima), que des agglomérations peu importantes ou des hameaux de pêcheurs.


Le climat


Les grandes influences

Le climat est commandé par la situation générale de l’archipel : dans le Pacifique, mais à peu de distance de l’énorme masse continentale de l’Asie, voisin au nord des rivages sibériens (45e parallèle) et, au sud-ouest, ouvert aux influences tropicales, dont ne l’isole aucune terre (31e parallèle). En outre, divisé longitudinalement en deux versants tournés l’un vers l’Asie et l’autre vers le large, offrant toute une gamme d’altitudes et d’expositions, le Japon présente un riche éventail de climats régionaux et locaux.

L’influence maritime s’exerce surtout par l’action de deux courants qui longent le pays : le Kuroshio est un courant chaud né entre Taiwan et les Philippines, formé de deux branches qui enveloppent l’archipel et remontent l’une jusqu’au nord de Hokkaidō à l’ouest, l’autre, bien plus vigoureuse, jusque vers la baie de Tōkyō à l’est. Cette dernière se heurte, au nord de Tōkyō, à l’Oyashio, courant froid venu de la mer d’Okhotsk en longeant la côte orientale de Hokkaidō et du Tōhoku. Ces courants atténuent les contrastes thermiques et modifient les précipitations. C’est cependant l’influence continentale qui domine le climat japonais, selon le mécanisme désigné communément sous le nom de mousson.

En hiver, le Japon se trouve à mi-distance de l’anticyclone sibérien et de basses pressions centrées sur les Aléoutiennes ; un courant d’air nord-sud le parcourt, froid et sec à l’origine. Humidifié en passant sur la mer du Japon, il se résout en énormes chutes de neige au contact de l’archipel (façade ouest), qui le force à s’élever brusquement. Pendant l’été, l’Asie devient un centre de basses pressions, et les hautes pressions subtropicales remontent dans le Pacifique Nord ; le courant atmosphérique parcourant le pays s’inverse alors et, devenu sud-nord, est générateur de pluies. Celles-ci tirent leur origine de perturbations cycloniques nées au contact des airs tropical et maritime. Ce front suit le déplacement des hautes pressions de la mer d’Okhotsk, qui suit lui-même le mouvement apparent du Soleil ; ce passage prend ainsi la forme d’un aller et retour et amène sur le pays deux périodes de pluie : l’une très accusée en mai-juin (« pluie des prunes »), l’autre moins nette en septembre. À ce moment toutefois arrivent les typhons, qui provoquent les plus violents abats d’eau de l’année. Ils se forment au moment où la mer est la plus chaude et où l’air, saturé de vapeur d’eau, offre le maximum d’instabilité. Ils intéressent surtout la moitié ouest de l’archipel, remontant plus loin toutefois sur la façade pacifique (Tōkyō).


Pluies et températures

Les précipitations ont ainsi une double origine, hivernale et estivale, qui explique leur localisation en deux zones de concentration maximale : le long de la mer du Japon (1 700 mm de juillet à février) et sur le rivage pacifique de Shikoku (2 600 mm de mai à septembre). Entre elles, l’ensemble du pays reçoit de 1 m à 1,5 m d’eau. Localement toutefois, la sécheresse règne, ainsi au nord-est du Tōhoku (sous l’effet de l’Oyashio) et sur la mer Intérieure, que les montagnes abritent des deux influences. La carte des températures, inférieures à celles des autres régions du globe à la même latitude, accuse durant la saison froide de fortes variations d’une extrémité à l’autre du pays. Il a pu faire – 40 °C à Asahigawa (Hokkaidō au 44e parallèle), et Hokodate, à la latitude de la Corse, a – 2,9 °C de moyenne en janvier ; le sud du pays, tout en connaissant le gel, a un hiver doux. En été, au contraire, une même chaleur lourde et humide règne de Sapporo (Hokkaidō) à Kyūshū (22 et 26 °C en juillet). Partout cependant le cycle des quatre saisons se déroule nettement tranché, si ce n’est que leur longueur (été et hiver : 2 et 5 mois à Sapporo, 5 et 3 mois à Kyūshū) et les caractères de l’hiver (sec sur le Pacifique, neigeux sur la mer du Japon) varient régionalement. Printemps et automne ont un temps très doux et parent la nature de poétiques couleurs.


Eaux, paysages végétaux, sols


Les ressources en eau

Le Japon doit à son relief énergique et à ses fortes précipitations des cours d’eau nombreux, mais courts, en pente forte et au régime irrégulier. N’existent pas en effet ici de glaciers régulateurs, et, selon la saison, l’apparence en oscille entre un vaste lit de galets parcouru de minces filets et une nappe grondante se ruant vers l’aval. La période avril-septembre est celle des débits maximaux, entretenus tour à tour par la fonte des neiges, les pluies estivales et les typhons. Ces cours d’eau fournissent les deux tiers de l’eau d’irrigation, le reste provenant des sources ou des étangs creusés par l’homme dans tout le pays. Des nappes abondantes existent dans le sous-sol des plaines. Les villes y captent leur eau pour près de la moitié, mais dépendent aussi des rivières, des sources et de certains lacs comme le Biwa, le plus vaste du pays (674 km2), qui alimente en partie Kyōto et Ōsaka.