Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

 E. Crosa et coll., la Constitution italienne de 1948 (A. Colin, 1951). / G. Maranini, La Costituzione che dobbiamo salvare (Milan, 1961 ; trad. fr. l’Italie, L. G. D. J., 1961). / C. Zilemenos, Problèmes politiques et constitutionnels en France et en Italie (L. G. D. J., 1964). / S. Valitutti, La Riforma dello Stato (Florence, 1968).


Les forces armées italiennes

Les forces armées italiennes sont nées en 1860 de la réunion des armées piémontaise et napolitaine, au moment de l’unification italienne, à laquelle elles avaient efficacement contribué lors des guerres de libération contre l’Autriche menées en 1848 et, avec l’aide de l’armée française, en 1859.

De leurs origines et du cloisonnement géographique, historique et linguistique du pays, elles ont conservé un profond attachement aux traditions et aux particularismes locaux. Aujourd’hui encore, les unités portent le nom de villes, de vallées, de provinces ou de personnages célèbres ; la liaison armée-nation, partout réalisée, est particulièrement intime le long de la frontière alpine. Dans une Italie longtemps soumise aux hégémonies espagnole et surtout autrichienne, le sentiment national ne s’est épanoui qu’au xixe s. Il s’est affirmé à l’occasion d’une nouvelle guerre contre l’Autriche aux côtés de la Prusse en 1866, au cours de laquelle les jeunes forces italiennes sont battues sur terre à Custoza (24 juin) et sur mer à Lissa (20 juill.) ; mais leur entrée dans Rome le 20 septembre 1870 couronne la longue lutte de la maison de Savoie pour l’unité italienne. L’Italie adhère cependant à la Triplice (20 mai 1882) avec l’Allemagne et l’Autriche, et ses armées conquièrent ses premières colonies, la Somalie (1885) et l’Érythrée (1890), mais échouent en Éthiopie (défaite d’Adoua, 1er mars 1896). Toutefois, leur participation à la guerre contre la Turquie (1911-12) permet l’annexion de la Libye et l’occupation du Dodécanèse.


Les deux guerres mondiales

En 1914, l’Italie souhaite rester à l’écart du conflit et ne s’engage qu’avec hésitation, en 1915, aux côtés des Alliés. Elle met en ligne en 1918 une cinquantaine de divisions, qui, réorganisées par le général Armando Diaz (1861-1928) après Caporetto (24 oct. - 1er nov. 1917), remportent la victoire de Vittorio Veneto (24 oct. - 3 nov. 1918). L’Italie perd 530 000 hommes dans une lutte qu’elle a menée essentiellement contre l’Autriche et dont l’issue ne satisfait pas ses ambitions. En 1922, confrontée à une grave crise économique et sociale qui fait suite à la guerre, elle s’abandonne au mouvement fasciste de Mussolini. À côté de l’armée régulière, qui compte environ 34 divisions, ce dernier crée en 1923 les milices volontaires de Sécurité nationale (ou milices fascistes), issues des Faisceaux de combat, véritable armée parallèle chargée de la défense du régime, mais représentant un potentiel militaire important (387 000 Chemises noires). La milice sera engagée durant la guerre italo-éthiopienne* en 1935 et dans la guerre civile espagnole de 1936-1939, où 50 000 Italiens, aux ordres du général Mario Roatta (1887-1968), combattent avec Franco (v. Espagne, guerre civile). En même temps, la jeunesse est embrigadée dans des formations paramilitaires (Balillas), et, pour résorber le chômage, Mussolini met en route un vaste programme d’armement, portant son effort sur l’aviation et la marine. En avril 1939, il envahit l’Albanie ; le 22 mai, par le pacte d’acier, il lie le sort de son pays à celui de l’Allemagne hitlérienne et, le 10 juin 1940, après l’effondrement de la France, il lance l’Italie dans la Seconde Guerre mondiale.

Les forces italiennes, qui comprennent une centaine de divisions en 1942, combattront en Libye, en Afrique orientale, en Tunisie, dans les Balkans et en Russie, où elles engageront, aux côtés de la Wehrmacht, un corps expéditionnaire sous les ordres du général Giovanni Messe (1883-1968). L’armistice du 3 septembre 1943, rendu public le 8, après la perte de la Sicile, l’arrestation de Mussolini et les débarquements alliés à Salerne et en Calabre, divise la nation et l’armée. Tandis que le roi et le gouvernement du vieux maréchal Badoglio* se réfugient à Brindisi, certains éléments de l’armée poursuivent la lutte au sud aux côtés des Alliés, d’autres au nord aux côtés des Allemands, sous la direction du général Rodolfo Graziani (1882-1955), dans le cadre de l’éphémère République sociale italienne (sept. 1943 - avr. 1945). Cette scission laissera une trace douloureuse dans les armées italiennes.


La renaissance des forces armées

En 1945, l’Italie, qui a perdu 310 000 hommes (dont 50 p. 100 de civils), se trouve de nouveau devant une situation économique et politique catastrophique ; le parti communiste, qui a pris une part importante à la résistance contre les Allemands, semble prêt à s’emparer du pouvoir. Le traité de Paris (10 févr. 1947) limite les forces terrestres à 250 000 hommes, la flotte à une trentaine de navires et impose le démantèlement des fortifications frontalières. Mais devant la menace soviétique en Europe, et compte tenu de l’importance stratégique de la péninsule en Méditerranée, l’Italie est admise à signer le pacte de l’Atlantique le 4 avril 1949. Le développement de ses forces armées est dès lors entrepris grâce à l’aide matérielle et financière des États-Unis. Le gouvernement italien, accordant la priorité au redressement économique du pays, ne consacre à sa défense qu’une très faible proportion de ses ressources (2,6 p. 100 du P. N. B. en 1971). Les forces italiennes sont très intégrées au dispositif militaire du pacte de l’Atlantique, où des responsabilités importantes sont confiées à des officiers généraux italiens (commandement des forces terrestres du secteur Sud-Europe et des forces navales alliées en Méditerranée). L’effectif total des armées atteignait environ 427 000 hommes en 1973. Leur personnel est fourni soit par des engagements volontaires, soit par le service militaire obligatoire (15 mois dans l’armée de terre et l’aviation, 24 mois dans la marine). L’armée italienne dispose de moyens de lancement atomiques, mais la décision d’emploi reste du domaine du commandement atlantique, c’est-à-dire du gouvernement américain.