Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Israël (suite)

À la tête de l’exécutif, le président de l’État, élu tous les cinq ans par le Parlement, joue un rôle purement représentatif ; le gouvernement est responsable devant le Parlement. Celui-ci, composé d’une chambre (Knesset) de 120 députés élus pour quatre ans, peut prononcer sa propre dissolution par la fixation de la date des élections. Les citoyens des deux sexes âgés de dix-huit ans bénéficient du droit de vote ; les élections générales se déroulent au scrutin de liste unique pour la totalité du pays, selon la règle proportionnelle.

Ce système a assuré une exceptionnelle stabilité : le Mapaï (qui, depuis 1968, a fusionné avec le Rafi et l’Ahdout Avoda sous le nom de parti travailliste) s’est maintenu au pouvoir sans interruption depuis 1948, à la tête de coalitions diverses, incluant presque toujours le parti national religieux (P. N. R.). La ligne politique du gouvernement et ses décisions importantes sont déterminées au niveau des instances dirigeantes du parti travailliste. Ce dernier contrôle également la majorité dans un grand nombre de conseils municipaux, lesquels sont élus par tous les résidants permanents, sans distinction de nationalité. Cette dernière disposition permet notamment d’associer aux élections municipales de Jérusalem les Arabes du secteur est de la ville, ressortissants jordaniens.

Le régime syndical est, lui aussi, soumis à l’influence du système bureaucratique de type socialiste ; les cotisations versées à la Confédération générale du travail (Histadrouth) sont prélevées au moyen de retenues sur les salaires effectuées par les employeurs, y compris dans la fonction publique. Seuls y échappent ceux des salariés qui s’y opposent expressément et par écrit. C’est ainsi que près de 90 p. 100 des salariés se trouvent affiliés à la Histadrouth ; les élections des membres des instances confédérales se déroulent selon un système similaire à celui des élections générales. Hormis le parti national religieux, tous les partis sont représentés au sein de la Histadrouth, où les travaillistes détiennent la majorité des sièges. Le contrôle de la Caisse centrale des assurances sociales, dotée d’un vaste réseau de dispensaires et d’établissements hospitaliers, donne un surcroît d’influence à la centrale syndicale. À côté d’elle existent cependant quelques syndicats autonomes (tel celui de l’enseignement secondaire) et des caisses privées d’assurances sociales, préférées par les commerçants et les salariés intellectuels.

Les présidents de la République

Chaïm Weizmann, 1949-1952.

Isaac Ben Zvi, 1952-1963.

Zalman Shazar, 1963-1973,

Ephraïm Katchalsky, 1973.

Les gouvernements

• 1948 (14 mai) : le gouvernement provisoire présidé par David Ben Gourion proclame l’indépendance de l’État d’Israël.

• 1949 (25 janv.) : élection d’une Knesset constituante et législative. Leader du Mapai (parti socialiste israélien), qui domine l’Assemblée, Ben Gourion s’appuie sur une coalition de droite ou de gauche.

• 1953-1955 : cabinet de coalition présidé par Moshé Sharett, du Mapai.

• 1955-1963 : David Ben Gourion de nouveau au pouvoir. Il entre par trois fois en conflit avec des membres de son parti :
— 1959 : contraint de démissionner, il revient au pouvoir à la suite des élections du 3 novembre ;
— 1960 : opposition de la « vieille garde » du Mapai aux jeunes ;
— 1961 (31 janv.) : nouvelle démission de Ben Gourion. À la suite des élections du 15 août, il reconstitue un gouvernement.

• 1963-1969 : gouvernement Levi Eshkol (Mapai) :
— 1965 : David Ben Gourion leader d’un parti socialiste dissident, le Rafi ;
alliance du Mapai et de l’Ahdouth Avoda « Alignement », qui triomphe aux élections du 2 novembre ;
nouveau cabinet Levi Eshkol (« Alignement ») ; Abba Eban succède à Golda Meir aux Affaires étrangères (janv. 1966).
— 1968 (21 janv.) : le Mapai, l’Ahdouth Avoda et le Rafi fusionnent pour donner naissance au parti travailliste israélien (Front travailliste).
— 1969 (26 févr.) : mort de Levi Eshkol.

• De mars 1969 à avril 1974 : gouvernement Golda Meir (« Front travailliste ») avec Abba Eban aux Affaires étrangères. Les élections du 28 octobre 1969 marquant un nouveau succès pour le Front travailliste, Golda Meir est réinvestie. Elle démissionne en avril 1974.


La politique étrangère

Les thèmes de politique extérieure n’ont jamais divisé les Israéliens, à l’exception de quelques groupes de faible audience populaire. Les exigences de la défense nationale, définies par le gouvernement, impliquent de lourds sacrifices fiscaux et un service militaire de longue durée, qui sont acceptés sans résistance. La montée de la tension aux frontières engendre chaque fois dans le pays un sursaut patriotique généralisé, à tel point que le gouvernement n’a jamais demandé la suspension des libertés publiques ni institué de juridiction d’exception. À la veille de la « guerre des six jours », la pression de l’opinion publique a abouti à la formation d’un gouvernement d’« Union nationale » (1er juin 1967), maintenu intact jusqu’au cessez-le-feu mettant fin à la « guerre d’usure » (6 août 1970) entre l’Égypte et Israël, le long du canal de Suez.

En dépit de ce large appui populaire à l’intérieur, la politique étrangère d’Israël n’a réalisé qu’une partie de ses objectifs déclarés. En effet, le conflit entre Israël et les États arabes n’a cessé d’empirer, devenant progressivement un des abcès de fixation de la guerre froide. Initialement, compte tenu de l’appui accordé conjointement par les États-Unis et l’U. R. S. S., Israël crut pouvoir suivre une politique de non-engagement. Cependant, les puissances occidentales, désirant sans doute se prémunir contre le risque d’une pénétration de l’influence soviétique au Moyen-Orient, publièrent le 25 mai 1950 une déclaration « tripartite » (France, États-Unis et Grande-Bretagne) garantissant le statu quo territorial dans la région et rejetant l’emploi de la force pour résoudre les questions en suspens. Ce texte fut mal accueilli par les pays arabes et engagea l’U. R. S. S à tenter avec ces derniers un rapprochement, favorisé par l’affaiblissement ou le renversement des régimes traditionnels à structure féodale, processus qui devait s’accélérer avec la chute de la monarchie en Égypte.