Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Israël

En hébreu Medinat Yisrael, État du Moyen-Orient, sur la Méditerranée.
Au cœur du Moyen-Orient arabe, l’État d’Israël constitue une enclave profondément originale, qui exprime essentiellement l’immigration massive d’une population extérieure à haut degré d’organisation et d’activité. Soutenue par des investissements puissants, cette population a créé dans le milieu méditerranéen côtier un paysage de grandes villes modernes et de campagnes à agriculture très spécialisée, en même temps qu’elle amorçait la colonisation du désert du Néguev, marge d’expansion nécessaire d’un État cantonné sur un espace très restreint.


Géographie


Géographie physique

V. Moyen-Orient.


La population et l’occupation du sol


La formation de la population

En dehors d’une minorité arabe d’environ 10 p. 100, la quasi-totalité de la population est le fruit de l’immigration juive qui s’est développée depuis 1880. En 1882, il n’y avait que 24 000 Juifs environ en Palestine. Entre cette date et la fin de la Première Guerre mondiale arrivèrent environ 50 000 à 60 000 immigrants, provenant essentiellement d’Europe orientale, mais, en raison des échecs et des abandons, il n’y avait encore que 57 000 Juifs en Palestine en 1919. C’est à cette époque que se déclencha, sous le mandat britannique sur la Palestine, la première grande vague d’immigration, qui introduisit 452 000 personnes entre 1919 et 1948, avec un maximum entre 1932 et 1939 lors des persécutions nazies en Allemagne, puis en Autriche et en Tchécoslovaquie. L’origine des immigrants s’était notablement déplacée vers l’Europe centrale, mais la Pologne était encore nettement en tête des pays de départ. L’Afrique du Nord et le Proche-Orient, au cours de cette période, ne fournissaient encore que 8 p. 100 des apports.

La seconde vague massive d’immigration se place dans les trois années qui suivirent l’indépendance, de mai 1948 à 1951. Un total d’environ 700 000 entrées doubla pratiquement la population juive de l’État. La composition de cette seconde vague fut très différente de la précédente. Les Juifs d’Afrique du Nord et surtout du Moyen-Orient (Iraq, Yémen, Turquie, Iran, etc.) constituaient près de la moitié du total (330 000), à côté de forts contingents provenant encore d’Europe orientale. À partir de 1952, les entrées se sont considérablement ralenties. L’excédent annuel est tombé à quelques dizaines de milliers de personnes au maximum, et il y a même eu certaines années (1953) un excédent de départs. À part quelques pointes provenant d’Afrique du Nord (et notamment d’Algérie après l’indépendance), la majeure partie des immigrants provient aujourd’hui de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord, où se situent les seules communautés juives importantes dont l’immigration en Israël soit libre. L’excédent a été de 22 000 unités en 1969, de 35 000 en 1970.

Ainsi s’est constituée une population qui se répartit aujourd’hui en trois parties approximativement égales : un peu plus du tiers né en Israël, environ le tiers né en Europe, un peu moins du tiers né en Asie et en Afrique. Les minorités arabophones (qui ne sont pas exclusivement musulmanes, mais comportent un cinquième de chrétiens et un dixième de Druzes) sont surtout nombreuses en haute et en basse Galilée ainsi que le long de la bordure orientale de la plaine de Sharon. Il existe une faible majorité musulmane dans la ville de Nazareth. La population arabe est aujourd’hui sédentarisée dans sa quasi-totalité. Il reste cependant une vingtaine de milliers de Bédouins dans le Néguev, en tribus reconstituées après leur dislocation de 1948. Même chez ceux qui sont restés nomades, le principal élément de subsistance est fourni par les salaires des ouvriers travaillant dans le cadre de la société juive.


Les types de villages

Cette population juive s’est d’abord installée essentiellement en milieu rural. Plusieurs types de villages se sont dégagés, correspondant à des formes variées d’organisation sociale. La forme dominante pendant les premières phases de la colonisation a été le village de propriété privée (mochava ; plur. mochavot), généralement constitué à l’origine à partir d’une rue axiale, mais qui a le plus souvent évolué vers un plan inorganique au fur et à mesure des constructions nouvelles. Les mochavot forment 9 p. 100 du total des établissements ruraux et groupent 20 p. 100 de la population rurale. Par la suite ont prédominé des villages impliquant diverses formes d’association communautaire. Le kibboutz (plur. kibboutzim), village de propriété et d’exploitation intégralement collectives, est bâti selon un plan artificiel qui sépare strictement la partie résidentielle (au vent et éloignée de la route) des bâtiments d’exploitation (sous le vent et près de la route). Les kibboutzim, au nombre de 233 en 1967, soit plus du tiers du nombre des villages, groupent 31 p. 100 de la population rurale. Le mochav (plur. mochavim) est un village de petits tenanciers indépendants, mais coopérants. Son plan a évolué. Les premiers mochavim avaient été bâtis suivant un plan strictement circulaire, plaçant au centre les installations et les établissements publics, entourés par une ceinture de fermes identiques, aux champs et jardins rejetés à la périphérie. Ce plan avait le défaut de ne pouvoir permettre de constructions nouvelles. On y a ensuite renoncé pour des plans en rue ou en quadrilatère, en triangle courbe ou en feuilles de trèfle. Les mochavim constituent un peu plus de la moitié du total des villages et groupent 47 p. 100 de leur population. Une variante a été constituée par le mochav chitoufi (22 au total, groupant 2 p. 100 de la population rurale) qui réunit des petits tenanciers dont la production est assurée en commun, mais où la vie familiale individuelle est préservée. Le plan est intermédiaire entre ceux des deux catégories précédentes, se rapprochant des mochavim pour l’aire résidentielle, des kibboutzim pour la disposition des bâtiments d’exploitation. Dans la période postérieure à l’indépendance ont été appliqués des schémas de colonisation régionale qui disposent trois à six villages, autant que possible homogènes quant à leur communauté d’origine, autour d’un centre rural supérieur regroupant les services. Mais le mouvement de colonisation rurale est aujourd’hui pratiquement stoppé, sauf dans certaines régions stratégiques et dans des territoires occupés.