Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Isauriens (dynastie des) (suite)

Le second iconoclasme

La seconde crise iconoclaste éclatera à l’instigation d’un autre empereur d’origine orientale, Léon V l’Arménien (813-820).

Projetant la convocation d’un synode iconoclaste, celui-ci charge en 814 l’higoumène Jean le Grammairien de rassembler toute la documentation théologique désirable. Les opposants de marque sont écartés : Théodore le Studite est exilé et le patriarche Nicéphore destitué. En 815, un concile réuni à Sainte-Sophie rejette les décisions de Nicée et adopte celles de Hieria. Les images sont derechef proscrites et les iconodoules pourchassés.

Sous Michel II (820-829), les persécutions cessent, mais les décisions synodales de 815 ne sont pas rapportées. Son fils Théophile (829-842) est en revanche un iconoclaste passionné. Il nomme patriarche son ancien précepteur Jean le Grammairien ; dès 833, une persécution aussi violente que sous Constantin V frappe les iconodoules et spécialement les moines, mais le mouvement, qui n’a plus d’assise populaire, ne survit pas à la mort du souverain (20 janv. 842). Son épouse Théodora et le conseil de régence conviennent que la restauration des images s’impose. On nomme (4 mars 843) patriarche un iconophile modéré, Méthode. Un concile légitime cette mutation et anathématise les iconomaques. Ce revirement est solennellement sanctionné à Sainte-Sophie le 11 mars 843, premier dimanche de carême, qui est resté depuis lors le jour de la fête de l’orthodoxie.

P. G.

P. G.

➙ Byzance.

 A. Lombard, Études d’histoire byzantine. Constantin V, empereur des romains, 740-775 (Alcan, 1902). / G. Ostrogorsky, Geschichte des byzantinischen Staates (Munich, 1940, 3e éd., 1963 ; trad. fr. Histoire de l’État byzantin, Payot, 1956). / A. Grabar, l’Iconoclasme byzantin, dossier archéologique (A. Maisonneuve, 1958).

Isère. 38

Départ. de la Région Rhône-Alpes ; 7 474 km2 ; 768 450 hab. Ch.-l. Grenoble*. S.-préf. La Tour-du-Pin, Vienne.



Le milieu

Comme la Drôme et les Hautes-Alpes, l’Isère est découpé dans le territoire de l’ancien Dauphiné (ayant pour chef-lieu la capitale de cette province). Il a gardé de cet héritage historique le goût d’un certain particularisme, qui se manifeste volontiers à l’intérieur de la Région Rhône-Alpes. Au huitième rang pour la superficie, au seizième pour la population, il a été qualifié de non-sens géographique, étant pour moitié un département alpin et pour moitié un département rhodanien. En effet, il englobe au sud-est plusieurs massifs des Alpes du Nord formant l’essentiel de l’arrondissement de Grenoble et au nord-ouest un avant-pays de collines et de plaines couramment désigné sous le nom de Bas-Dauphiné ; ce second ensemble est partagé entre les deux arrondissements de Vienne et de La Tour-du-Pin, à l’exception du canton de Voiron et du plateau de Chambarand, qui font partie de l’arrondissement de Grenoble. Deux fois déjà il a fallu déplacer la limite départementale, jadis fixée sur le Rhône, de manière à éviter que l’agglomération lyonnaise ne se développe sur deux départements différents : en 1858, quatre communes et, en décembre 1967, vingt-trois communes (et des parties de deux autres communes) de l’arrondissement de Vienne ont été rattachées à l’arrondissement de Lyon, c’est-à-dire au département voisin du Rhône*.

La disposition générale des reliefs de l’Isère alpestre est simple. Deux groupes de massifs montagneux encadrent une longue dépression intérieure. Les hauts massifs du Pelvoux (4 103 m à la barre des Écrins, 3 987 m à la Meije), des Grandes Rousses, de Belledonne et des Sept-Laux appartiennent par leurs roches cristallines dures et déchiquetées à la zone structurale dite « des Massifs centraux ». Par leur position et l’allure plissée de leur relief, succession de vals et de chaînons calcaires parallèles, la Chartreuse et le Vercors font partie de la zone de Préalpes, qui présente au-dessus de l’avant-pays une apparence de forteresse. Entre ces deux zones, la plaine du Grésivaudan et les plateaux du Drac forment le Sillon alpin.

Les glaciers du début de l’ère quaternaire ont taillé de profondes vallées dans la masse des roches dures du Pelvoux (Oisans, Valbonnais) et ont façonné les roches tendres du Sillon alpin, très largement au nord de Grenoble, moins vigoureusement au sud de Vizille. Par la cluse de Voreppe, l’énorme masse de glaces débouchait dans l’avant-pays. Aujourd’hui, depuis le confluent de l’Isère et du Drac, qui a fixé le site de Grenoble, il est possible d’utiliser ces anciennes vallées glaciaires pour atteindre tous les pays de la haute montagne.

Le climat est rude, même dans les vallées : froid en hiver, frais en été, humide en toute saison. Cependant, des variations importantes sont observées selon la position des massifs. Face aux vents d’ouest, Chartreuse et Vercors reçoivent d’énormes quantités de neige et de fortes précipitations (plus de 2 m d’eau par an au monastère de la Grande-Chartreuse), ce qui favorise la forêt de hêtre, de sapin et l’herbe des alpages. À altitude égale, le climat est plus sec, plus lumineux en Oisans, où apparaît le mélèze.

Les influences méridionales s’affirment au sud de Grenoble, sur les plateaux du Drac, où la forêt devient plus rare. Enfin, dans la vallée du Grésivaudan, les différences d’exposition favorisent à l’adret, sur la rive droite, la culture et même la vigne, et à l’ubac la forêt.

Le Bas-Dauphiné est un avant-pays, une sorte de glacis formé par l’accumulation des produits de l’érosion des Alpes : molasses miocènes, galets pliocènes, sables, argiles et cailloutis morainiques. L’altitude assez élevée à l’est décroît lentement vers l’ouest, mais, dans le détail, le relief est confus.

Dans ces matériaux tendres et hétérogènes, d’abord les glaciers, ensuite les cours d’eau ont dégagé à différents niveaux des vallées qui sont parfois de véritables plaines : Bièvre-Valloire, marais de Morestel et de Bourgoin, plaine de Lyon sèche et caillouteuse. Les sols, assez meubles, quelquefois profonds, portent des céréales, des prairies, des vergers. Ces dépressions isolent des plateaux vallonnés, dont les sols, minces, pauvres en chaux, sont appelés Terres Froides. Des taillis couvrent les parties les plus élevées, c’est-à-dire les plateaux de Chambarand et de Bonnevaux. L’île Crémieu, ensemble calcaire séparé du Jura par le Rhône et limité par les marais de la Bourbre, constitue une exception dans cet avant-pays alpin.

Ici encore le climat est souvent rude, ce couloir entre les montagnes des Alpes et du Massif central n’opposant d’obstacle ni à la bise ni au vent du midi. Les sols, caillouteux et sableux, sont sensibles a la sécheresse.