Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Irénée (saint) (suite)

Après ces événements, l’historien perd de vue Irénée de Lyon. Saint Jérôme*, dans son commentaire sur Isaïe (v. 397), et Grégoire de Tours (vie s.) prétendent qu’il est mort martyr en 202. Mais cette tradition est trop tardive pour pouvoir être prise en considération, d’autant plus que l’historien Eusèbe* de Césarée et Tertullien* n’en font aucune mention. Retenons seulement l’année 202 comme date approximative de sa mort.


Le premier théologien

De l’œuvre assez étendue d’Irénée, il ne reste que deux écrits. Et encore, de l’un d’eux on n’a longtemps connu que le titre : Démonstration de la prédication apostolique. Mais, en 1904, dans une église d’Erevan a été découvert un vieux manuscrit du xiiie s. contenant la traduction arménienne de la Démonstration. Cette traduction peut être datée du vie ou du viie s. Cet écrit apparaît comme un exposé catéchétique de la foi chrétienne et de ses preuves, présenté sous la forme d’une histoire du salut. Il a été composé sous le pape Victor.

Mais le livre qui a fait la gloire d’Irénée et lui a mérité le titre de premier théologien de l’Église fut composé quelques années auparavant sous le pontificat d’Éleuthère. On le désigne communément sous le titre de sa traduction latine : Adversus haereses (Contre les hérésies), car de l’original grec nous ne possédons que quelques fragments. Le titre véritable est : Révélation et réfutation de la prétendue gnose. C’est une réfutation des hérésies gnostiques* au sujet desquelles un ami d’Irénée désirait avoir des éclaircissements.

Après une analyse détaillée des divers systèmes gnostiques, Irénée entreprend d’en démontrer la fausseté, d’abord par des arguments rationnels, ensuite par la tradition et la doctrine des apôtres, enfin par les paroles du Seigneur et les prophètes de l’Ancien Testament. L’originalité d’Irénée apparaît dans le fait qu’il attaque les hérétiques sur le terrain historique. Leurs idées ne sont que le produit de leur propre imagination, ils se prêchent eux-mêmes, ils ne prêchent pas le Christ. L’enseignement commun des évêques, dont la source est la tradition des apôtres et les paroles de Jésus, jouit seul, pour s’imposer aux fidèles, de l’autorité que lui confère son origine divine. Le centre de la théologie d’Irénée est l’anakephalaiôsis, c’est-à-dire la doctrine de la récapitulation de toutes choses dans le Christ. Dieu, par Jésus-Christ, reprend au début son œuvre compromise par le péché d’Adam pour la restaurer et la réorganiser en son Fils, qui devient pour nous un second Adam, le point de départ d’une humanité nouvelle.

I. T.

 A. Dufourcq, Saint Irénée (Lecoffre, 1904 ; nouv. éd., Gabalda, 1926). / G. N. Bonwetsch, Die Theologie des Irenaeus (Gütersloh, 1925). / A. Benoit, Saint Irénée. Introduction à l’étude de sa théologie (P. U. F., 1960). / P. Nautin, Lettres et écrivains chrétiens des iie et iiie s. (Éd. du Cerf, 1961). / N. Brox, Offenbarung, Gnosis und gnostischer Mythos bei Irenäus von Lyon (Salzbourg et Munich, 1966).

iris

Diaphragme optique de l’œil.


L’iris est percé en son centre d’un orifice, la pupille. Il est situé en avant du cristallin. À la périphérie, il se rattache à la choroïde au niveau d’un renflement, le corps ciliaire. Cette zone périphérique de l’iris forme la racine de l’iris et constitue la partie postérieure de l’angle irido-cornéen (entre l’iris et la cornée).


Anatomie

La structure de l’iris est faite en arrière d’un épithélium pigmenté ayant la même origine embryologique que la rétine. La portion antérieure de cet épithélium se différencie en un muscle contractile : le dilatateur de l’iris. L’épithélium irien est recouvert plus en avant par un tissu conjonctif lâche dans lequel on trouve, autour de la pupille, un muscle lisse, le sphincter irien. On y trouve également des cellules pigmentées, dont le plus ou moins grand nombre confère à l’iris sa couleur : iris brun si elles sont nombreuses (œil brun), iris clair (œil bleu) si elles sont en faible quantité. Cette pigmentation se transmet héréditairement, le caractère iris foncé étant dominant.

L’iris est très vascularisé. Le sphincter irien est innervé par le système parasympathique. Le dilatateur de l’iris est innervé par le système sympathique.


Physiologie

L’iris et plus précisément son orifice, la pupille, joue un rôle optique considérable dans l’appareil oculaire. C’est à la fois un diaphragme et un écran protecteur. Il dose, grâce au réflexe photomoteur, la quantité de lumière admise à l’intérieur des milieux oculaires : grâce à son pigment, il arrête les rayons lumineux, limitant ainsi l’éblouissement. Placé près du centre optique de l’œil, l’orifice pupillaire tend à éliminer certains défauts de cet organe, notamment l’aberration de sphéricité et l’aberration chromatique. De plus, la pupille, en se contractant, augmente la profondeur de champ, agissant comme diaphragme photographique, pour obtenir une image plus nette des différents plans.

À l’état de repos, la pupille présente des variations de diamètre incessantes : c’est l’hippus physiologique. Le diamètre moyen de la pupille chez l’adulte est de 3 à 4 mm. Il se réduit lorsque la pupille se contracte (myosis). Il augmente au contraire lorsque la pupille se dilate (mydriase).

La pupille est en myosis pendant le sommeil. Pendant la syncope, il y a mydriase légère. Pendant l’agonie, il y a myosis ; aussitôt après la mort, il y a mydriase brusque.

• Réflexe photomoteur. La pupille se contracte sous l’effet de la lumière projetée isolément sur un œil. L’excitation lumineuse d’une rétine entraîne non seulement la constriction de la pupille homolatérale correspondante, mais également celle de l’autre œil : c’est le réflexe consensuel. Le trajet de l’arc réflexe est le suivant : la voie afférente part de la rétine qui reçoit la lumière, emprunte les voies optiques jusqu’au corps genouillé pour rejoindre dans le pédoncule cérébral les noyaux de la IIIe paire de nerfs crâniens, d’où part la voie motrice centrifuge. La pupille se contracte également à la vision rapprochée d’un objet.