Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Iran

État de l’Asie sud-occidentale. Capit. Téhéran.
L’Empire iranien est une des plus anciennes constructions politiques de l’Asie : il a fêté en 1971 son 2 500e anniversaire et s’enorgueillit d’une continuité humaine exceptionnelle, exprimant la permanence, dans les oasis du plateau iranien et les vallées montagneuses des chaînes périphériques, d’une population sédentaire, enracinée, qui a victorieusement survécu à plusieurs vagues d’invasions nomades. Celles-ci ont néanmoins laissé leur trace sous forme d’une mosaïque humaine extrêmement complexe.


Le cadre naturel


Structure et relief

L’Iran présente un aspect général de haut pays massif, dont l’altitude dépasse en général 1 000 m, mais découpé par des reliefs transversaux en compartiments dont le fond peut être plus bas : Grand Kavir (fond à 600 m) au nord-est ; Lut (fond vers 300 m) au sud-est ; Sistān (ou Séistan) [fond vers 480 m] sur la frontière afghane. Les massifs qui séparent le Grand Kavir et le Lut atteignent 3 000 m. Les hauteurs du Kuhestān, alignées nord-sud entre le Lut et le Sistān, culminent entre 2 300 et 2 800 m.

Ce haut plateau est enserré par deux arcs montagneux périphériques. L’arc septentrional comprend l’épais bourrelet de l’Elbourz, à convexité tournée vers le sud, qui borde la Caspienne et culmine dans le massif granitique de l’Alam Kuh (4 840 m) et le cône volcanique du Demāvend, qui approche 5 700 m. Les monts du Khorāsān (ou Khurāsān), à convexité tournée vers le nord, qui le prolongent à l’est, sont d’altitude plus réduite (3 850 m) et enserrent plusieurs bassins longitudinaux, comme celui de Mechhed (ou Machhad). Ils se raccordent ensuite aux chaînes d’Afghānistān. L’arc méridional comprend d’abord l’édifice des chaînes du Zagros, qui s’allongent sur près de 1 800 km de long depuis la frontière turque jusqu’au-dessus de Bandar ‘Abbās, avec une largeur moyenne de 250 km. L’altitude, qui dépasse 4 000 m dans la partie centrale (Zard Kuh au droit d’Ispahan [ou Eṣfahān], 4 500 m), s’abaisse à partir de Chirāz, dans les bassins du Fārs, où l’édifice, jusque-là constitué de longues chaînes parallèles, se morcelle. Après un rebroussement au droit du détroit d’Ormuz, la dorsale principale, qui atteint encore 4 500 m au sud de Kermān, se rétrécit et s’ennoie peu à peu. L’aspect de barrière subsiste néanmoins au nord, avec les édifices volcaniques imposants du Kuh-e Basmān (env. 3 500 m) et du Kuh-e Tāftān (3 800 m), tandis que les chaînons du Baloutchistan (ou Balūchistān), au sud, sont beaucoup plus discontinus.

Cette disposition du relief évoque deux sillons plissés longitudinaux, partie intégrante de l’édifice alpino-himalayen, et séparés par une masse rigide intermédiaire sous le plateau iranien. En fait, la réalité est plus complexe.

Les montagnes septentrionales sont des éléments structuraux de transition, bourrelets marginaux du socle de la plate-forme russo-sibérienne plus que chaînes plissées à partir de sillons géosynclinaux. L’Elbourz certes est vigoureusement plissé, avec double déversement vers les deux bords et séries d’écaillés empilées (la zone méridionale étant plus étroite). Mais la sédimentation, du Dévonien au Jurassico-Crétacé, est restée épicontinentale. C’est seulement à l’Eocène qu’elle a pris une allure mésogéenne avec d’énormes épaisseurs de tufs cinéritiques et d’intrusions basiques interstratifiées (couches vertes). Le paroxysme orogénique date de l’Eocène supérieur et de l’Oligocène, et l’Elbourz est une sorte de chaîne « pyrénéenne » en bordure de la Meseta iranienne. Les plis se sont poursuivis au Néogène dans la petite chaîne parallèle de l’Anti-Elbourz, au sud. Dans cet édifice se sont sculptées des formes structurales appalachiennes, qui dominent dans le relief et dont la révélation correspond à une phase de rajeunissement pliocène qui a mis en place l’essentiel du volume montagneux actuel. Dans les monts du Khorāsān, où l’affleurement du socle cristallin et cristallophyllien, très réduit dans l’Elbourz, est beaucoup plus étendu, l’aspect de pli de fond s’affirme.

L’arc méridional, en revanche, correspond à une zone géosynclinale typique, qui raccorde les chaînes sud-anatoliennes à l’Himālaya. On y distingue plusieurs sous-zones longitudinales : « plis bordiers » au sud-ouest, en bordure de la plate-forme arabique, plis de couverture simples qui contiennent les structures pétrolifères ; « Iranides » au centre, à grandes nappes de charriage poussées vers le sud-ouest ; cicatrice éruptive au contact de l’Iran central. L’orogenèse s’est poursuivie dans les plis bordiers jusqu’au Pliocène. Le relief est d’abord sous la dépendance d’une tectonique transversale qui détermine des secteurs de resserrement et d’exhaussement maximaux en fonction des culminations d’axe de l’avant-pays. Des formes structurales assez simples, exhumées d’un épais remblaiement mio-pliocène, dominent partout.

Entre les deux arcs plissés, c’est bien un vieux bâti, où dominent les granités et les schistes cristallins, qui constitue la plus grande partie du tréfonds du plateau iranien, dissimulé sous un manteau alluvial récent. La plus grande partie est consolidée depuis le Paléozoïque, mais on y a découvert des traces d’orogenèse hercynienne (axes de direction « ouralienne », nord-sud, dans les montagnes qui séparent le Grand Kavir du Lut), et il semble d’autre part qu’une partie du métamorphisme soit d’âge jurassico-crétacé et liée aux processus géosynclinaux alpins. Des plis de couverture affectent le manteau superficiel tertiaire, et des plis de fond ont affecté, notamment, la marge méridionale de cette masse centrale au contact du Zagros, y faisant largement affleurer le socle en une série de pointements anciens. Au nord-ouest, le plateau iranien se fragmente, dans l’Azerbaïdjan (Ādharbaydjān), caractérisé par le rétrécissement et la fracturation de la masse rigide. Des blocs anciens y alternent avec des bassins remplis de sédiments éocènes et miocènes et avec de hauts blocs volcaniques (Sahand : 3 700 m ; Sabalān : 4 800 m).