Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

intestin (suite)

• Les glucides* ne peuvent être absorbés que sous forme d’oses simples. La plupart des sucres alimentaires ont donc besoin d’être digérés pour être absorbés. L’action successive de l’amylase salivaire et du suc pancréatique aboutit à des diholosides. L’intestin grêle dispose de trois enzymes pour les scinder en oses simples : une maltase, qui dédouble le maltose en deux molécules de glucose ; une lactase, qui sépare le lactose en glucose et galactose ; une invertase, qui coupe le saccharose en glucose et fructose. Ces scissions se font à l’intérieur même de la cellule intestinale. Les sucres sont absorbés très tôt, dans le duodénum et le jéjunum. Notons que la cellulose n’est attaquée par aucune de ces enzymes. Elle traverse donc tout le grêle sans être dégradée et parvient ainsi en totalité dans le côlon.

• Les lipides* sont attaqués dans l’intestin grêle par la lipase pancréatique après leur émulsion par la bile. Leur dégradation complète n’est toutefois pas indispensable à leur absorption. La muqueuse peut, en effet, absorber soit des acides gras, soit des mono- ou des diglycérides, voire des triglycérides à condition qu’ils soient très finement émulsionnés. L’absorption se fait surtout dans le jéjunum.

• Les protides* doivent être préalablement dégradés par la pepsine gastrique et par le suc pancréatique. Pour compléter cela, l’intestin grêle dispose de polypeptidases, d’aminopolypeptidases — qui libèrent des fonctions amines libres —, de nucléotidases, qui agissent sur les acides nucléiques. Les protides sont donc, à de rares exceptions près, absorbés sous forme d’acides aminés simples. Cette absorption se fait dans la partie supérieure de l’intestin.

• Parmi les électrolytes, il faut distinguer deux cas particuliers : le fer* et le calcium*. C’est l’absorption du fer qui règle le stock de l’organisme. L’intestin n’a donc à absorber que la quantité nécessaire pour compenser les pertes, soit un milligramme par jour, alors que l’alimentation en apporte de 10 à 30 mg/j. Le fer n’est absorbé que sous forme d’ion ferreux, en milieu acide, donc dans la première moitié du duodénum. Il semble que ce soit un dérèglement de cette absorption restrictive qui soit à l’origine des hémochromatoses.

Le calcium n’est absorbé que s’il est ionisé. Il faut que le rapport phosphore/calcium alimentaire soit compris entre 0,5 et 2. La vitamine D est nécessaire à l’absorption. Les acides phytique et oxalique l’entravent.

• Toutes les vitamines hydrosolubles sont absorbées avec l’eau dans le jéjunum, sauf la vitamine B12, qui, liée au facteur intrinsèque gastrique, est absorbée dans la dernière portion de l’iléon. Les vitamines liposolubles suivent le devenir des lipides. Leur absorption nécessite donc la présence de bile.

Parmi les produits de sécrétion d’origine digestive que le grêle a à réabsorber, une place à part doit être faite aux sels biliaires, qui sont « récupérés » au niveau de la dernière anse iléale et qui regagnent le foie par la veine porte (cycle entéro-hépatique), où ils sont de nouveau excrétés dans la bile. La même « provision » sert ainsi indéfiniment avec une proportion de renouvellement très faible.


Sécrétions endocrines de l’intestin

On doit signaler l’existence de sécrétions endocrines issues du grêle. Il s’agit de stimulines ou d’hormones freinatrices des sécrétions gastrique, biliaire ou pancréatique (sécrétine, pancréatozymine, cholécystokinine...). Leur nombre s’accroît à chaque découverte. Les inconnues sont encore nombreuses dans ce domaine.


Physiologie du côlon, ou gros intestin


Structure histologique

La muqueuse colique est également unistratifiée. On y retrouve des glandes simples peu contournées. Cette muqueuse est très riche en mucus. Il n’y a pas de villosités. Les autres tuniques de la paroi sont comparables à celles du grêle, toutes proportions gardées.


Motricité

On observe, ici aussi, les mouvements segmentaires et péristaltiques. Ils sont lents et puissants. Surtout, il y a des mouvements antipéristaltiques fréquents qui aboutissent à un véritable brassage du contenu colique, tout au moins du cæcum à l’angle gauche. Le côlon descendant est une zone de stase avant la défécation. Enfin, le côlon est parfois parcouru par des mouvements de contraction en masse qui permettent au contenu fécal, même lorsqu’il est devenu ferme, de progresser vers le rectum.


Le côlon et la digestion

À son arrivée dans le côlon droit, le chyme intestinal (500 à 800 cm3 par jour) contient, outre de l’eau, un peu d’amidon et la totalité de la cellulose alimentaire, certains acides aminés inattaquables (mucine, élastine, kératine...), un peu de lipides (surtout du cholestérol) et une infime partie des sels biliaires et des sels minéraux. Dans la partie basse du côlon droit et le cæcum, ce chyme va subir une fermentation développée à partir des résidus glucidiques par les germes de la flore acidophile. Quelques sucres simples sont libérés et absorbés avec l’eau. Mais ce sont surtout des acides qui sont élaborés, avec dégagement de gaz carbonique. Dans le côlon ascendant et le transverse, les mouvements de brassage sont intenses. L’acidité est neutralisée ; la flore iodophile disparaît et fait place à une flore de putréfaction qui se développe dans le côlon descendant. Des aminés toxiques sont produites. L’équilibre acido-basique est ainsi rétabli, et les selles ont un pH compris entre 6,8 et 7. La bilirubine restante est transformée en stercobiline, et le cholestérol en coprostérol. Enfin, l’eau est réabsorbée de telle sorte que la selle terminale aura un poids compris entre 150 et 250 g par jour, en une ou deux fois, avec un degré d’hydratation de 78 p. 100.


Pathologie médicale des intestins

Si les affections chirurgicales de l’intestin grêle et du côlon sont généralement bien distinctes, il n’en va pas toujours de même pour les affections médicales, dont certaines sont assez spécifiques de l’une ou de l’autre portion de l’intestin, tandis que d’autres mettent en cause aussi bien le grêle que le côlon.