Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

intersexualité (suite)

La notion d’intersexualité finit par rejoindre la notion d’hermaphrodisme en ce que, normalement et non plus accidentellement, certains animaux appartiennent tour à tour à un sexe puis à l’autre. C’est le cas de Crepidula (Mollusque Gastropode), qui débute sa vie sexuelle en tant que mâle et la termine en tant que femelle (hermaphrodisme successif protandrique). C’est le cas aussi de l’Annélide Ophryotrocha puerilis, qui, mâle d’abord, ne devient femelle que lorsque son corps comporte au moins quinze segments. C’est le cas enfin d’un Poisson, le Xiphophore, qui, jeune, est soit mâle, soit femelle, mais finit toujours mâle en vieillissant, car la femelle se masculinise.

Intersexualité et influence du milieu

Le cas le plus net est celui de la Bonellie, Echiuride marin à dimorphisme sexuel net, chez qui le mâle, minuscule, vit en parasite sur la femelle. L’un comme l’autre ont pris naissance à partir d’une larve sexuellement indifférenciée qui, si elle se fixe sur le fond ou sur une roche, devient femelle, et, si elle se fixe sur la trompe d’une femelle, devient mâle ; sur un autre support, elle devient morphologiquement intersexuée.

On est bien loin, on le voit, de la détermination chromosomique du sexe dès la genèse de l’œuf.

J. P.

➙ Chromosome / Femelle / Hermaphrodisme / Mâle / Sexe.

 J. Rostand et A. Tétry (sous la dir. de), Biologie (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1965). / P. P. Grassé et coll., Précis de biologie générale (Masson, 1966).

intertrigo

Toute inflammation cutanée des plis de flexion. L’intertrigo s’observe aux plis inguino-cruraux, interfessier, sous-mammaires et rétro-auriculaires, aux aisselles, aux orteils, à l’anus, à l’ombilic, ainsi que dans les plis transverses abdominaux des obèses.


L’action mécanique (frottement) peut à elle seule le produire, mais plus souvent divers facteurs entrent en jeu : une sudation locale, cause de macération épidermique et de fermentation, un prurit entraînant le grattage et surtout une infection secondaire par Bactérie, champignons ou levures.

Dans sa forme la plus faible, l’intertrigo consiste en une nappe rose ou rouge pâle disposée « à cheval » sur un pli cutané. Cet érythème discret, sans vésicules ni suintement, guérit en quelques jours par un traitement approprié. Plus souvent, l’intertrigo est streptococcique avec rougeur intense et fissure du fond du pli. L’évolution est lente, entrecoupée de poussées et de rémissions avec fissuration persistante. Le pli rétro-auriculaire est le siège d’élection de l’intertrigo streptococcique. L’intertrigo mycosique s’observe surtout aux aines et aux espaces interdigitaux des orteils ; les bords en sont nets et marqués par de très fines vésicules. L’intertrigo à levures (moniliase, candidose) est de rougeur modérée, de contours polycycliques sertis d’une collerette blanchâtre desquamante d’épiderme. Ces différents facteurs sont très fréquemment associés et susceptibles de provoquer des fissures, des exulcérations, de l’eczéma, des pyodermites, une lichénification, voire une leucokératose (v. dermatose). C’est la méconnaissance de ces divers composants qui explique la fréquence des échecs thérapeutiques et la chronicité des lésions. Le « complexe des plis » a été étudié par Henri Gougeron (1881-1955). Il exige d’être examiné avec méthode afin d’en dissocier les différents composants en vue d’un traitement rationnel en « échelons ».

A. C.

intervalle

Différence de hauteur entre deux sons.


Du point de vue physique, la hauteur étant définie par sa fréquence, c’est-à-dire par le nombre de vibrations doubles, ou hertz, que comporte, par seconde, chaque son considéré arbitrairement comme simple (donc abstraction faite de ses composantes de timbre), l’intervalle apparaît comme une différence logarithmique entre deux fréquences et s’exprime par un rapport : la notion de différence se traduit non par une soustraction, mais par une division, souvent présentée sous forme de fraction ; par exemple l’intervalle entre un la 3 (440 Hz) et sa quinte théorique mi 4 (660 Hz) sera 440/660, soit 2/3, définition de la quinte. Avant la découverte de la résonance (1701), les théoriciens s’appuyaient sur les longueurs de corde vibrante, qu’ils étudiaient depuis Pythagore sur le monocorde, ou sonomètre : les rapports étaient les mêmes, mais inversés, le nombre de vibrations le plus élevé correspondant à la corde la plus courte et vice versa. Les intervalles appartenant à l’ordre naturel des harmoniques, qui constituent comme tels les consonances naturelles, sont rapidement identifiables par leur numéro sur le tableau des harmoniques : ainsi, la quinte ci-dessus 2/3 se trouvera entre les harmoniques no 2 et no 3 d’une fondamentale quelconque. Cette propriété, qu’elle soit raisonnée ou simplement intuitive, est le point de départ et le fondement, sous leur aspect mélodique et harmonique, de toutes les musiques existantes, à la seule exception sans doute de l’école extra-harmonique du xxe s., qui a délibérément choisi d’en faire abstraction.

Les rapports ainsi définis par référence au phénomène initial de la « résonance » sont les seuls qui, en langage rigoureux, devraient être dits « intervalles justes ». Malheureusement, le mot justesse est fréquemment employé dans un sens différent, celui de « coïncidence parfaite avec l’échelle du système de gammes adopté », de sorte que la variété de ces échelles lui donne un sens extrêmement flottant qui introduit de multiples confusions.

En effet, il y a rarement coïncidence rigoureuse entre l’intervalle physiquement juste et la pratique réelle du musicien : le premier fournit l’élément de base et en détermine les propriétés, mais il est presque toujours employé avec une marge de tolérance, variable selon les cas envisagés et soumise à de nombreux facteurs, de sorte que là encore des malentendus ont bien souvent faussé les discussions ou l’élaboration des théories. C’est ainsi par exemple que, sur un piano (accordé au tempérament égal), la quinte n’est plus 2/3, mais l’addition logarithmique de 7 demi-tons tempérés, ce qui est assez proche de 2/3 pour en conserver les caractéristiques musicales, mais n’en possède plus obligatoirement toutes les propriétés physiques ; on n’y trouve plus, par exemple, l’absence de battements, sur laquelle ont été élaborées, surtout depuis Hermann von Helmholtz (1821-1894), la plupart des théories sur la consonance encore enseignées en tout ou en partie. Il en est de même dans la quasi-totalité des systèmes en usage.