Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

interprétation musicale (suite)

 A. Dolmetsch, The Interpretation of the Music of the XVIIth and XVIIIth Centuries (Londres, 1915 ; non. éd., 1944). / E. Borrel, l’Interprétation de la musique française de Lully à la Révolution (Alcan, 1934). / M. Bitsch, l’Interprétation musicale (P. U. F., 1941). / G. Brelet, l’Interprétation créatrice (P. U. F., 1951 ; 2 vol.). / T. Dart, The Interpretation of Music (Londres, 1954). /A. Geoffroy-Dechaume, le Secret de la musique ancienne. Recherches sur l’interprétation, xvie, xviie, xviiie siècle (Fasquelle, 1964). / J. Chailley, la Musique et le signe (Rencontre, Lausanne, 1967).

intersexualité

État intermédiaire entre les deux sexes.


L’intersexualité se distingue de l’hermaphrodisme* parce qu’elle suppose une succession (et non une simultanéité) des états mâle et femelle.

Si c’est une femelle qui évolue vers le sexe mâle, on dit que l’on a affaire à une intersexualité femelle. Inversement, il s’agit d’une intersexualité mâle si c’est un individu de ce sexe qui tend vers le sexe femelle. L’intéressé est donc un individu qui a entamé son développement suivant son sexe chromosomique et qui le poursuit en prenant les caractères spécifiques de l’autre sexe.

Les formules chromosomiques du mâle et de la femelle ne sont pas, dans une même espèce, rigoureusement identiques. Outre un certain nombre de chromosomes semblables chez le mâle et la femelle, les autosomes, existent des allosomes, ou hétérochromosomes, qui, eux, diffèrent d’un sexe à l’autre. On attribue à ces hétérochromosomes, au moins pour partie, la faculté de déterminer le sexe (détermination chromosomique du sexe). C’est ainsi que, chez l’homme, la formule chromosomique est : 44 autosomes + XY (hétérochromosomes, ou allosomes), tandis que, chez la femme, elle est : 44 autosomes + XX (hétérochromosomes). Le sexe hétérogamétique (qui possède des allosomes différents) n’est pas toujours le sexe mâle, mais peut être le sexe femelle, ce qui est le cas chez les Oiseaux.

On sait que cette détermination, dite syngamique (simultanée à la fécondation), s’oppose à deux autres déterminations possibles, faisant l’objet de deux autres théories, la détermination progamique (antérieure à la fécondation) et la détermination épigamique (postérieure à la fécondation). Bien que la première théorie ait été déjà très solidement démontrée, il ne faut pas oublier les deux autres, qui ont surtout pour mérite d’attirer l’attention sur l’influence d’autres facteurs que les seuls chromosomes sexuels.

Chez la Drosophile, Calvir Blackman Bridges a pu montrer que ce n’était pas le chromosome Y qui entraînait la détermination du sexe, mais bien le rapport :

On obtient d’ailleurs le tableau suivant :


Signalons que les supermâles et superfemelles sont stériles. Quant aux intersexués, eux aussi stériles, ils ont le corps lourd, les soies épaisses, et leurs organes génitaux présentent une juxtaposition des éléments mâles et femelles. L’origine de l’intersexualité est donc liée ici à une modification du rapport entre autosomes et allosomes.

L’espèce humaine présente des cas similaires. L’anomalie décrite par Harry Fitch Klinefelter en 1942 (syndrome de Klinefelter), qui touche les adolescents, en est une preuve. Les caractères sexuels sont du type mâle, bien qu’on puisse observer un certain développement des seins, mais testicules et tubes séminifères sont atrophiés. En 1959, P. A. Jacob et J. A. Strong ont montré que la formule chromosomique de tels individus était : 44 autosomes + XXY (avec toutefois quelques cas où elle était de 44 autosomes + XY). L’origine de cette anomalie est liée à la formation des gamètes, soit chez le père (X et Y sur un même gamète), soit chez la mère (X et X sur un même gamète). De toute façon, ici l’intersexualité semble bien liée à l’introduction d’un allosome supplémentaire, qui contribue à former le couple XX, caractéristique de la femme.

Avec le syndrome de Turner (1938), on assiste chez les femmes à l’atrophie complète des ovaires. Les sujets sont petits et présentent une régression des caractères sexuels secondaires. Edmund Brisco Ford (1959) a montré que leur formule chromosomique est : 44 autosomes + X. On conçoit que la diminution du nombre des hétérochromosomes X entraîne un affaiblissement des forces féminisantes représentées par ceux-ci. Signalons qu’il existe aussi des individus à 44 autosomes + XXX (syndrome triplo-X). Ce sont des femmes sexuellement normales, mais débiles mentales. Il existe aussi des cas où la formule chromosomique présente des chromosomes Y surnuméraires. Ces altérations de la formule chromosomique n’ont d’ailleurs pas, comme le montre le syndrome triplo-X, que des effets sur les caractères sexuels.

Les hormones sexuelles, dont on sait maintenant l’importance dans l’apparition des caractères sexuels primaires, représentent les substances chimiques effectrices des messages transmis par les chromosomes. On sait que dans l’espèce humaine, comme dans bien d’autres espèces animales, il existe chez l’embryon une phase d’indifférenciation sexuelle où les potentialités mâles et femelles sont coexistantes. Que l’évolution ultérieure tienne compte des influences hormonales et, par leur intermédiaire, des influences chromosomiques, cela paraît normal ; quant à connaître le rôle exact et respectif des hétérochromosomes et des autosomes, nous n’en sommes pas encore là puisque, chez certains Poissons (Lebistes), la détermination du sexe peut se trouver exclusivement rassemblée sur les autosomes.

Nous n’avons signalé ici que des cas d’intersexualité chez les animaux. Il ne faut pas en conclure qu’il n’en existe pas chez les végétaux. Bien au contraire. On a pu ainsi montrer chez certains Caryophyllacées (Melandrium album) que c’est, semble-t-il, seule la présence du chromosome Y qui détermine le sexe mâle, ce qui réhabilite ce chromosome, auquel nous semblions accorder bien peu d’importance.

Intersexualité et hermaphrodisme successif