Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

inflation (suite)

L’habitude de l’inflation

Monstre honni des gouvernants, l’inflation est rendue responsable de tous les maux des économies contemporaines, mais on peut se demander si nous ne sommes pas, depuis un demi siècle, dans une économie où il faut s’habituer à vivre avec elle, si l’inflation n’est pas, finalement, un mal nécessaire qui apparaît avec l’expansion. Si l’on examine les causes de l’inflation, on constate que celles-ci ne sont pas toutes prêtes de disparaître, bien au contraire : il semble bien difficile de faire disparaître, ou même de réduire à des taux très faibles, les augmentations des prix. Les seules vraies méthodes paraissent les méthodes à long terme visant à augmenter la capacité des appareils productifs et la formation économique et psychologique des agents économiques, ainsi qu’une concertation de plus en plus poussée.

L’inflation peut être utilisée comme un agent de la croissance* dans la mesure où la seule façon pour un chef d’entreprise de pouvoir efficacement lutter contre l’inflation par les coûts consiste à augmenter sa productivité et à innover de façon permanente : il sortira ainsi des produits avec des marges bénéficiaires plus importantes que celles dont l’inflation tend à réduire l’importance.

Inflation et croissance

Apparaissent des moments — si l’on analyse l’histoire de la pensée économique — où l’on éclaire volontiers les mérites d’une certaine inflation : la révolution keynesienne eut une énorme influence en ce sens, trop connue pour que l’on y insiste, mais, dès 1922, sir Dennis Robertson vantait déjà les bienfaits que peut procurer une élévation du niveau des prix en stimulant la production industrielle. Nicholas Kaldor, surtout, reprit cette doctrine et l’amplifia au cours de conférences percutantes données en 1959 à la London School of Economics. Milton Friedman* prône une légère inflation stimulante.

Un taux d’inflation faible et constant peut contribuer à la réalisation d’un taux régulier de progrès économique... Dans une économie qui n’a en elle-même qu’un faible taux de croissance, la stabilité des prix peut signifier stagnation, à moins que la propension à consommer ne s’accroisse suffisamment. Walt Whitman Rostow, historien du « take-off », souligne l’aide que l’inflation apporta au décollage de la Grande-Bretagne en 1790, aux États-Unis en 1850 et au Japon en 1870 : l’inflation des prix réalise un transfert de ressources de la consommation vers le profit.

Il peut être facilement compris pourquoi et comment on considère qu’une inflation modérée encourage la croissance.

• Les entrepreneurs, en période d’inflation, ne redoutent pas un effondrement de la demande, car une certaine élévation des prix n’incite pas à remettre la consommation souhaitée.

• L’inflation peut encourager ces mêmes entrepreneurs à investir (autofinancement), cependant que l’épargne est amenée à placer ses disponibilités dans les instruments de production : l’investissement en biens réels paraît plus défensif que la conservation d’avoirs liquides.

• Par ailleurs (mais ici la justice sociale se trouve confrontée au calcul économique), l’inflation a tendance à redistribuer le revenu national au bénéfice de ceux qui épargnent le plus, élevant de ce fait le taux d’investissement.

• La charge d’endettement des entreprises tend, enfin, à être réduite en période d’inflation, ce qui allège par là même le coût des ressources financières extérieures à l’entreprise, nécessaires au soutien de sa croissance.

J. L.

A. B.

➙ Monnaie / Prix.

 G. Manoussos, Inflation, croissance et planification (Droz, Genève, 1961). / A. Kéréver, l’Inflation aujourd’hui (Économie et humanisme et Éd. ouvrières, 1963 ; nouv. éd., 1971). / C. Levinson, Capital, Inflation and the Multinationals (Londres, 1971 ; trad. fr. l’Inflation mondiale et les firmes multinationales, Éd. du Seuil, 1973). / J. L. Dallemagne, l’Inflation capitaliste (Maspéro, 1972). / M. Flamant, l’Inflation (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972). / J. Rueff, Combats pour l’ordre financier (Plon, 1972).

inflorescence

Groupe de fleurs assemblées de façon spécifique sur le même individu végétal.


Les inflorescences sont des groupements de fleurs plus ou moins complexes, tels que l’ombelle des Carottes, l’épi du Blé ou la « fleur » d’un Chardon, le capitule, composé en réalité d’un grand nombre de petites fleurs bien individualisées.

Les fleurs, chez les plantes supérieures, sont parfois isolées. On distingue alors les fleurs terminales, peu fréquentes (Tulipe), et les fleurs isolées latérales, qui apparaissent à l’aisselle d’une feuille (Pervenche, Mouron).

Les inflorescences simples sont ordonnées autour d’un axe central ; dans un premier cas, cet axe peut poursuivre sa croissance végétative, car les fleurs sont uniquement disposées latéralement, le bourgeon terminal restant végétatif : on est là en présence d’inflorescences indéfinies, ou monopodiques ; les fleurs les plus âgées se trouvent à la base de l’axe, les plus jeunes au sommet (inflorescence centripète). Dans l’autre cas, l’axe est limité par une fleur terminale, qui fleurit la première (inflorescence définie, ou sympodique), les dates d’épanouissement des autres fleurs étant de plus en plus tardives à mesure que l’on s’éloigne de la première (inflorescence centrifuge). Il existe de nombreux termes de passage entre ces deux groupes d’inflorescences.


Inflorescences indéfinies, ou centripètes

Le type principal en est la grappe, mais quatre autres types peuvent être distingués, suivant les modalités d’insertion et la longueur des pédoncules floraux.

Dans les grappes, les fleurs, à l’aisselle de bractées, sont portées par des pédoncules sensiblement égaux et espacés tout le long de l’axe central : par suite de son développement étage, cette inflorescence prend une allure pyramidale (Lis, Muguet, Muflier, Groseillier, Réséda...).