Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

infection (suite)

Il paraît actuellement possible de stimuler les détenses de l’organisme. Il s’agit de techniques utilisées dans la lutte contre les hémopathies. Mais, pour l’infection, cette possibilité est peu envisageable, car les injections stimulantes doivent avoir lieu « avant » la maladie infectieuse. À l’opposé, on sait qu’il existe un abaissement de la résistance spontanée de l’organisme aux infections après une vaccination.

L’immunité anti-infectieuse spontanée et l’immunité anti-infectieuse acquise jouent un rôle majeur dans la lutte contre l’infection. On sait en effet que les traitements médicamenteux (antibiotiques) ne font que limiter l’infection, l’organisme achevant lui-même sa guérison. La gravité croissante des infections hospitalières chez des sujets fragiles (hémopathes, malades traités par les immunosuppresseurs) met bien en évidence l’importance des réactions naturelles de l’organisme, puisque leur carence est responsable d’un pronostic plus sévère. Ainsi il faut, en limitant la pullulation des germes et leur dissémination, en supprimant radicalement certains foyers, aider l’organisme, dont les réactions naturelles sont les plus sûrs garants de la guérison.

P. V.

➙ Antibiotiques / Bactéries / Immunité / Immunologie / Virus.

 C. Nicolle et R. Debré, Destin des maladies infectieuses (Alcan, 1934). / R. Fasquelle, les Trois Aspects de la lutte contre les germes infectieux (Peyronnet, 1955). / P. Milliez et F. Bonnenfant, Maladies infectieuses (Flammarion, 1955). / E. J. Pulaski, Common Bacterial Infections (Philadelphie et Londres, 1964). / M. Grunberg, Foyers d’infection et leurs maladies satellites (Maloine, 1967).

inflammation

Phénomène pathologique caractérisé par une association de rougeur, de chaleur, de tuméfaction (gonflement) et de douleur.


L’inflammation constitue l’un des moyens de lutte contre l’agression bactérienne, lorsque les germes ont franchi les premières barrières, cutanées ou muqueuses.

À cette symptomatologie clinique s’associe un ensemble d’anomalies biologiques (augmentation de la vitesse de sédimentation, de la fibrinémie, modification du taux des protides sériques) traduisant le syndrome inflammatoire.

L’inflammation en tant que moyen de lutte contre l’infection sera l’essentiel de cet article. Il faut cependant souligner l’importance du syndrome inflammatoire clinique et biologique au cours de certaines maladies rhumatismales, et surtout des affections du collagène (v. conjonctif).

Les anti-inflammatoires

Ces substances, de structures chimiques diverses, réduisent l’état inflammatoire des tissus sans agir sur la cause de l’inflammation. Leur intérêt est évident, mais leurs indications doivent être portées avec prudence, car ils ne sont pas dénués d’inconvénients, d’ailleurs légèrement différents suivant les familles de corps.

Principaux anti-inflammatoires

• La cortisone et surtout ses dérivés, les corticoïdes (v. stérol), sont au premier plan parmi les médications de l’inflammation. Administrés par voie générale ou localement, ils font rapidement rétrocéder la congestion, l’exsudation et par conséquent la douleur qui accompagne les inflammations aiguës. Ils sont indiqués dans les rhumatismes inflammatoires, dont ils ont transformé le pronostic, mais aussi dans les poussées aiguës au cours des rhumatismes chroniques, dans l’asthme, dans les maladies de peau, etc. Dans les inflammations dues à des infections, ils ne doivent être employés que si on est sûr de disposer d’un antibiotique efficace sur le germe en cause : en effet, ils réduisent en même temps que l’inflammation les moyens de défense immunitaire de l’organisme. Par ailleurs, ils sont contre-indiqués en cas d’ulcère de l’estomac, de déséquilibre hydro-électrolytique (anomalies dans la répartition des sels minéraux de l’organisme, œdèmes, etc.).

• Les dérivés pyrazoliques ont une structure voisine de l’amidopyrine (calmant de la douleur), leur action anti-inflammatoire s’accompagne d’une action antalgique. La phénylbutazone en est le type ; elle est contre-indiquée comme les corps voisins en cas d’ulcère de l’estomac, d’eczéma, d’affection rénale ; une surveillance de la formule leucocytaire est nécessaire.

• Les dérivés de l’indol, dont le type est l’indométhacine, sont très efficaces dans les affections rhumatologiques, notamment dans les arthroses. C’est toujours la tolérance gastrique qui conditionne les possibilités d’emploi.

• L’acide niflumique, dérivé de l’acide nicotinique, est doué à la fois d’une action anti-inflammatoire et d’une action antalgique vraie ; il est généralement bien toléré.

• Enfin, rappelons que les dérivés salicylés (salicylates, aspirine, gentisate) ont, outre leur action calmante, une action anti-inflammatoire qualifiée de « cortisone like », car elle s’exercerait par l’intermédiaire d’une stimulation de la sécrétion cortico-surrénale.

J. B.


Signes de l’inflammation

Les signes classiques de l’inflammation correspondent à la congestion vasculaire (dilatation des vaisseaux, dite aussi « hyperémie »). Cette modification des capillaires permet l’exsudation d’un liquide fibrineux (provoquant l’œdème ou l’écoulement [nasal par exemple]) et l’afflux des polynucléaires qui vont traverser les parois vasculaires (diapédèse). Puis vont parvenir au niveau du foyer inflammatoire des lymphocytes et des macrophages, dont le rôle sera évoqué plus loin.

L’inflammation aiguë, subaiguë, chronique fait intervenir une succession d’états différents après la phase initiale. On assiste ainsi, dans certains cas, à une évolution vers la suppuration, avec collection d’un abcès, ou au contraire vers la résorption ou la sclérose, parfois suivie d’adhérences et de calcification. La nécrose (mort locale d’un tissu) peut également s’observer. Au niveau des téguments seront évacués des fragments escarrifiés. Au niveau des muqueuses, les leucocytes et le liquide d’œdème traversent l’épithélium : c’est l’exsudat (nez, bronches, voies génitales). Au niveau de l’os se formeront des séquestres mortifiés, véritables corps étrangers.