Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

infanterie (suite)

Dans les nombreux conflits qui se sont succédé depuis 1945, l’infanterie de type classique, motorisée ou non, à conservé un rôle primordial. Un bon nombre de ses éléments prit la forme d’unités commando, dont l’origine remontait aux corps francs de 1914-1918 ainsi qu’au bataillon de choc de 1944-45. Ces formations furent entraînées à des actions de type « coup de main » sur des objectifs limités.

Au demeurant, toutes les unités de l’infanterie moderne, qu’elles soient mécanisées, motorisées, parachutistes, commando ou encore unités de montagne, conservent les vieilles caractéristiques de l’arme : elles doivent combattre sous tous les ciels et par tous les temps ; elles doivent tenir le terrain et souvent le conquérir avec l’appui des autres armes. Mais elles y ajoutent désormais les qualités propres à l’ancienne infanterie légère : souplesse, fluidité, mordant.

L’armement de l’infanterie des années 1970

Celui-ci comprend :

• des armes légères, pistolet mitrailleur, fusil mitrailleur et mitrailleuse*, ainsi que toute la gamme des fusils* ;

• des armes d’appui, mortiers de 81 ou de 120 mm, canons polyvalents de 20 mm,

• des armes antichars.

L’emploi généralisé des blindés* donne à ces dernières une importance primordiale, même au niveau du groupe de combat. Celui-ci, ramené à 10 hommes environ, tend à être centré sur une arme antichar d’une portée de plusieurs centaines de mètres : lance-roquettes de 73 ou de 89 mm, canon sans recul tiré à l’épaule, missile téléguidé (tel le « Milan », si son prix élevé en permet une large diffusion). D autre part, l’adoption d’un fusil automatique léger pour les voltigeurs permet de ne plus utiliser constamment un fusil mitrailleur. Mais la forte consommation de munitions qui en résulte conduit à rechercher une munition moins puissante, donc plus légère (cartouche de 7,62 mm de puissance réduite type Kalachnikov ou celle de 5,56 mm du fusil américain « M 16 »). Certains hommes peuvent porter à la place de cette arme un pistolet mitrailleur ou un fusil de précision à lunette.

À la grenade à fusil antipersonnel s’ajoute une grenade antichar qui complète la défense rapprochée du groupe de combat ; elle peut être tirée soit au fusil, soit à l’aide d’un conteneur spécial comme l’ARPAC. Une mitrailleuse de 7,62 mm est affectée à chaque section ; dans certaines unités, la compagnie dispose de mortiers de 81 mm. Enfin, chaque véhicule de combat d’infanterie porte un canon automatique de 20 mm qui peut agir contre le personnel et les blindés légers et peut assurer aussi l’autodéfense antiaérienne (alors que les véhicules transport de troupes ne portaient qu’une mitrailleuse de 12,7 mm). Quand le groupe combat à terre, le mitrailleur radio resté à bord avec le conducteur peut l’appuyer de son feu. Des mortiers légers ou lourds (de calibre allant de 81 à 120 mm) sont parfois prévus en complément, qu’ils soient tractés et servis à terre ou montés sur des véhicules blindés spécialisés.

On notera que plusieurs de ces armes peuvent bénéficier pour le tir soit de dispositifs infrarouges permettant le tir de nuit, soit de radars montés sur Jeep (type Rasura) ou portés à dos d’homme (Olifant), qui permettent la détection d’objectifs mobiles.

À bord des véhicules, la protection du fantassin est assurée par un blindage léger ; au combat à pied, il ne dispose plus que de son casque, hérité de la Première Guerre mondiale, mais dont les modèles se sont allégés. Cependant, l’apparition récente de gilets pare-balles ne pesant que quelques kilos, en plastique stratifié sur lequel sont encollées des plaques en céramique, met à l’abri de la balle de 5,56 mm tirée à 20 m. Leur emploi pourrait remettre en cause la conception d’un fusil automatique léger et faire revenir à une cartouche puissante, type 7,62 O. T. A. N.

R. S.

Les unités d’infanterie en 1973

Les plus évoluées sont celles des régiments mécanisés, dont la nouveauté est de réunir organiquement en un même corps deux escadrons de chars et deux compagnies d’infanterie mécanisée. La mission de ces régiments est de précéder, favoriser, accompagner ou relayer l’action des chars de bataille. Leurs compagnies d’infanterie sont dotées de véhicules blindés et chenilles soit du type V. T. T. (véhicule transport de troupes « AMX 13 »), soit du type V. C. I. (véhicule de combat d’infanterie « AMX 10 »), qui lui a succédé et qui est également amphibie. Cette terminologie traduit l’évolution de la tactique d’emploi. Alors que les fantassins transportés en V. T. T. en descendent pour combattre à terre, ceux des V. C. I. combattent normalement dans leur véhicule, qu’ils ne quittent que pour mener à pied des actions limitées et de courte durée.

Outre ces unités mécanisées, l’infanterie française comprenait en 1973 des régiments motorisés (soit dans certaines brigades, soit à l’échelon des corps d’armée), des régiments d’infanterie, unités du territoire subordonnées aux divisions militaires, des régiments parachutistes (dans les forces d’intervention), des bataillons de chasseurs alpins, spécialisés dans le combat en montagne, et les unités de Légion* étrangère.

R. S.

P. R.

➙ Aéroporté / Blindé / Coloniales (troupes) / Fusil / Légion étrangère / Tactique.

 G. Daniel, Histoire de la milice française (Paris, 1721 ; 2 vol.). / L. Susane, Histoire de l’ancienne infanterie française (Conéard, 1849-1853 ; 8 vol.). / R. Dorgelès, les Croix de bois (A. Michel, 1919). / J. Delmas, l’Infanterie de la victoire, 1918 (Payot, 1932). / Lieutenant-colonel Bouchacourt, Essai sur la psychologie de l’infanterie (Charles-Lavauzelle, 1933). / P. Bourget, Fantassin 1914. De Pétain au poilu (Presses de la Cité, 1964).