Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indus (l’) (suite)

L’utilisation

Elle est très faible pour la navigation. Mais le rôle de l’Indus dans l’irrigation est capital. Outre les eaux superficielles, la plaine alluviale constitue un vaste réservoir d’eau, une sorte d’épongé qui contiendrait dix fois plus d’eau que le fleuve. L’irrigation dépend d’une série de barrages, notamment le Jinnah Dam à Kālābāgh, le Lloyd Dam à Sukkur, le Ghulam Mohammed Dam sur le bas Indus, auxquels s’ajoutent plusieurs ouvrages construits sur les affluents (barrages de Rasūl et de Mangla sur la Jhelam).

J. D.

 A. A. Michel, The Indus Rivers. A Study of the Effects of Partition (New Haven, Connect., 1967).


La civilisation de l’Indus

Caractérisée par un urbanisme exceptionnel, la civilisation dite « de l’indus » (région où les fouilles la révélèrent dès 1921) ou « de Harappā » (nom du premier site étudié) a connu, entre env. 2300 et 1500 av. J.-C., une très large extension : du Baloutchistan et de l’Afghānistān* au cours supérieur de la Yamunā (Jumnā) et des contreforts de l’Himālaya à l’embouchure de la Narbadā.

Succédant à une culture préindusienne (poterie peinte, figurines de terre cuite...) attestée vers 3500 av. J.-C. au Baloutchistan, en Afghānistān et dans la vallée de l’Indus, la civilisation de l’Indus appartient à l’âge du bronze (cuivre associé à l’outillage lithique, fer inconnu) et est protohistorique en ce sens qu’elle utilise déjà une écriture pictographique. Une centaine de cités sont actuellement connues ; les premières fouillées et les plus célèbres, Harappā et Mohenjo-Daro, distantes de 650 km, de dimensions considérables, ont pu être regardées comme les possibles capitales jumelles d’un empire préaryen hypothétique mais présentant une remarquable unité de culture. Cette civilisation, dont les affinités avec la culture mésopotamienne et les rapports commerciaux avec Sumer* et Akkad* ont été soulignés, s’éteint vers le milieu du IIe millénaire pour des raisons obscures. Les massacres constatés à Mohenjo-Daro (niveau supérieur), et qui coïncident avec l’abandon du site, sont un drame purement local, survenant après une longue décadence sans doute liée aux difficultés résultant de l’évolution géographique (régime des inondations, extension de la zone désertique). Si, dans la vallée de l’Indus, des cultures abâtardies (civilisations de Jhukar et de Jhangar), qu’on est tenté de mettre en relation avec l’installation des Aryens, succèdent à la civilisation indusienne, la décadence s’amorce plus tard dans le Sud (sites du Kāthiāwār), où le changement s’opérera par mutation.

L’architecture, de vocation urbaine et de caractère utilitaire — aucun édifice à destination religieuse certaine n’a été reconnu —, tient une place éminente. La brique est le matériau d’élection : brique crue pour blocages et éléments naturellement hors d’eau ; brique cuite pour les revêtements, les murs (raidis à l’occasion par des poutres), les canalisations de tous ordres. L’utilisation de la pierre est exceptionnelle ; le décor architectural est inconnu. Les villes, parfois fort vastes, obéissent à des tracés rigoureux. Les voies sont rectilignes ; les maisons, spacieuses, comportent puits, salles de bains, latrines, évacuation des eaux vers des égouts collecteurs. Des citadelles fortifiées, avec hautes murailles et bastions, enferment des édifices sur plates-formes (Mohenjo-Daro : important grenier, vaste piscine entourée de cellules). À Lothal, un grand bassin rectangulaire pourrait être une installation portuaire... Des nécropoles (Harappā...) révèlent des pratiques d’inhumation (corps en position allongée dans des tombes avec objets domestiques). L’art est représenté par les sceaux (stéatite), ornés de figures (surtout animales) et de pictogrammes ; par une statuaire de petites dimensions (pierre, bronze, terre cuite surtout) qui témoigne de maîtrise technique et de tendances à la stylisation ; par une céramique particulièrement importante. Les récipients, de formes variées, parfois très grands, exécutés au tour, sont faits d’une pâte rose à engobe rouge. Le décor, peint en noir, utilise les animaux et les motifs végétaux stylisés, les thèmes géométriques (écailles, cercles tangents...). La parure est surtout représentée par des perles (pierres dures, stéatite, pâtes vitrifiées ou vernissées). Par contre, l’outillage et les armes (bronze, cuivre) sont avant tout fonctionnels.

J. B.

➙ Inde.

 J. Marshall, Mohenjo-daro and the Indus Civilization (Londres, 1932 ; 3 vol.). / E. Mackay, la Civilisation de l’Indus (Payot, 1936). / M. Wheeler, The Indus Civilization (Cambridge, 1961 ; 3e éd., 1968). / J.-M. Casal, la Civilisation de l’Indus et ses énigmes (Fayard, 1969).

industrialisation

Mouvement tendant à l’extension du progrès technique, au recul du caractère artisanal dans la production de biens et la fourniture de services.


Généralités


Importance et diversité des problèmes

La société d’abondance est fille de la révolution industrielle. Il est impossible de s’y tromper. Ne parle-t-on pas couramment de « société industrielle » pour désigner le monde des nations développées, capitalistes ou socialistes ? Les similitudes nées des transformations techniques ne l’emportent-elles pas, aux yeux de beaucoup d’observateurs de bonne foi, sur les oppositions que créent les systèmes économiques rivaux ?

Pour beaucoup, donc, la lutte contre le sous-développement dans les nations du tiers monde est essentiellement un effort pour les industrialiser, pour leur faire connaître les avantages de la production de masse et les niveaux de vie élevés qui en découlent. L’Europe a connu la révolution industrielle il y a un siècle et demi ou deux siècles. L’Amérique du Nord l’a connue presque au même moment ; le Japon, dans le dernier tiers du siècle passé, et la Russie à peu près en même temps. Depuis lors, peu de pays ont enregistré cette mutation, à l’exception des pays de l’est et du sud de l’Europe. Le problème de la croissance paraît donc simple : il suffit, pour arracher un pays à la stagnation, de constituer un équipement industriel de base. En le protégeant par des barrières douanières, on aura vite fait de décourager les importations, de créer un marché, et l’on arrivera au bout de peu de temps à cet état de croissance entretenue qui fait suite au take-off dans le modèle de W. W. Rostow.