Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indonésie (suite)

Cette diversité, on la rencontre dans tous les domaines, qu’il s’agisse des races, des langues, des religions, des cultures, ce qui implique une extraordinaire diversité des milieux socioculturels, mais il y a encore une diversité des milieux naturels, notamment des paysages, de la densité de l’occupation humaine, des modes de mise en valeur et des ressources : ce qui finalement aboutit à des décalages sensibles dans les niveaux de vie régionaux.

Si 120 millions d’habitants vivent à l’intérieur des frontières de l’Indonésie, cette population se répartit de façon fort inégale. En effet, en rapportant les surfaces des principales îles de l’archipel à leurs populations respectives, on constate que la densité d’occupation est très inégale.


Le relief et l’activité volcanique

Malgré le grand rôle des volcans dans l’économie, il ne faut pas croire à leur présence constante dans les paysages. Les surfaces monotones sur lesquelles ils reposent peuvent s’étendre très largement autour des cônes. Ces surfaces ont des altitudes et des origines géomorphologiques diverses. Elles sont souvent l’œuvre de l’érosion, qui a nivelé des chaînes plissées ; elles se présentent comme des tables, dominées parfois par des buttes résiduelles, ou encore sont entaillées profondément par des vallées (centre de Célèbes). Ces surfaces soulevées, hachées d’innombrables ravins, se rencontrent dans le centre de Java, dans l’île de Madura, dans le sud-est de Sumatra et dans l’est de Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo*).

On peut aussi rencontrer, notamment à Java, des reliefs originaux engendrés par des karsts ; les vallées sèches dessinent, entre la multitude de buttes aux profils plus ou moins convexes, de véritables labyrinthes. Par contre, dans l’est de Sumatra et dans la grande île de Kalimantan s’étalent et se construisent encore d’immenses plaines constituées par des limons que les cours d’eau déposent face aux étendues marines. Celles-ci étant peu profondes, la progression est extrêmement rapide. D’immenses forêts marécageuses s’installent en arrière des palétuviers, qui colonisent ces étendues amphibies encore non colmatées entièrement par la vase.

En raison de l’abondance et de la violence des pluies, le déblaiement du sol, souvent constitué par des sédiments peu résistants, est très importante. Cette rapidité de l’érosion est considérablement aidée par les effets du volcanisme. L’Indonésie est la plus importante zone volcanique du monde, avec plus de 600 appareils dont une centaine sont encore actifs. Le volcan constitue presque toujours, dans les îles de l’« arc interne », le fond du décor ; en effet, le relief dessine autour de Bornéo et de la péninsule malaise deux arcs : un arc « interne », qui commence à Sumatra, se prolonge par Java, Flores, Wetar et s’achève à l’est vers l’île d’Api, en formant une sorte de boucle ; il y a enfin un arc externe, dont les parties émergées sont rares, qui passe au large des côtes occidentales de Sumatra en suivant l’axe de l’archipel des Mentawai et continue au sud-est par les îles de Sumba, Timor, Céram (Ceram) et Buru.

Les volcans provoquent régulièrement des catastrophes, dont certaines sont demeurées célèbres : l’éruption du Perbuatan, en 1883, fit périr 36 000 personnes, éventrant et morcelant l’île de Krakatau, dans le détroit de la Sonde ; en 1919, on assista à la vidange brutale d’un lac de cratère : l’eau du lac, projetée par le gonflement du dôme de lave au fond du cratère du Kelud dans l’est de Java, aboutit au déversement de 40 millions de mètres cubes d’eau, qui se chargèrent de matériaux solides, entraînant la mort de 5 500 personnes.

Mais les bienfaits des volcans l’emportent. Les volcans ont notamment un rôle positif sur la formation et le renouvellement des sols ; les sols volcaniques donnent, en général, des terroirs riches, alors que les autres sols sont, en milieu équatorial, relativement pauvres. D’où l’opposition essentielle entre les terres volcaniques et celles qui ne le sont pas. La chaîne montagneuse qui forme l’épine dorsale de l’île de Sumatra est composée d’une centaine de volcans ; Java, dont la superficie n’est même pas le tiers de celle de Sumatra, en possède davantage encore. Enfin, la plupart des petites îles de la Sonde sont volcaniques ainsi que le nord de Célèbes (Sulawesi) et les Moluques.


Le climat

L’Indonésie est entièrement située dans la zone équatoriale. Les grandes étendues occupées par les eaux marines, dont les terres ne sont presque nulle part, sauf à Kalimantan, éloignées de plus de 200 km, renforcent encore les caractères que le climat doit à la situation géographique générale.

Le régime équatorial s’affirme par le calme de l’atmosphère, la permanence de la chaleur (26-27 °C) et de l’humidité. Il s’agit cependant d’un climat équatorial légèrement nuancé par la mousson ; cette dernière diminue parfois l’intensité des pluies pendant une période plus ou moins longue de l’année, mais en général les pluies sont abondantes : Pontianak (Kalimantan), Padang (côte ouest de Sumatra), Manado (Célèbes) reçoivent chacune plus de 3 m d’eau par an. Ces pluies diminuent d’intensité en raison, d’une part, de circonstances locales (exposition des versants montagneux et puissance des reliefs, qui jouent éventuellement le rôle d’écran) et, d’autre part, en direction de l’est de l’archipel.


La végétation

Quand on voyage en Indonésie, on survole plus souvent que l’on ne traverse des mondes à peu près vides, où les rares hommes que l’on peut rencontrer paraissent dominés par la nature et comme étouffés par la forêt vierge équatoriale. C’est le cas en particulier dans les très grandes îles de Sumatra, de Kalimantan (Bornéo), de l’Irian Barat (Nouvelle-Guinée occidentale), en partie pour Célèbes, mais aussi pour certaines îles beaucoup plus petites qui s’échelonnent en guirlandes et composent les archipels orientaux de l’Indonésie : Sumbawa et Flores pour les îles de l’archipel de la Sonde, les Moluques, etc.