Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indiens (suite)

Par rapport au nombre total des Indiens, les indigènes polythéistes ne sont qu’une infime minorité. Leur univers religieux mérite, cependant, d’être étudié, puisqu’il représente une survivance des anciennes religions sous des formes plus ou moins abâtardies. Les Lacandons du Chiapas ont une religion qui rappelle de très loin celle des anciens Mayas*. Leurs dieux existent à la fois sous une forme invisible dans un endroit déterminé de la nature et sous forme d’encensoirs, auxquels on rend un culte. Dans la religion des Huichols, trois éléments sont inséparables : le maïs, le peyotl, le cerf. Les Chortis possèdent, sans les différencier, des composants chrétiens et païens. Dieu est placé au sommet d’un panthéon qui comporte et des divinités païennes et les saints patrons des villages. La grande masse des Indiens pratique un christianisme où les saints occupent la première place : un culte est rendu à chacune des statues de saints que contient l’église par l’intermédiaire d’associations, les majordomies, ou confréries. Les Indiens les plus pieux, groupés en confréries de danseurs et de musiciens, vont en pèlerinage à des sanctuaires pour y rendre hommage à un saint, au Christ ou à la Vierge.

G. S.

 C. Lumholtz, Unknown Mexico (New York, 1902). / J. Soustelle, la Famille Otomi-Pame du Mexique central (Institut d’ethnologie, 1937) ; les Quatre Soleils (Plon, 1967). / C. Wisdom, The Chorte Indians of Guatemala (Chicago, 1940). / M. Oakes, The Two Crosses of Todos Santos : Survivals of Mayan Religious Ritual (Princeton, 1951). / G. Soustelle, Tequila, un village nahuatl du Mexique oriental (Institut d’ethnologie, 1959) ; Collections Lacandous (Musée de l’Homme, 1966). / M. Simoni-Abbat, Collections Huichol (Musée de l’Homme, 1963). / R. Wanchope (sous la dir. de), Handbook of Middle American Indians, vol. 6 : Anthropology ; vol. 7 et 8 : Ethnology (Austin, Texas, 1967-1969). / I. Bernal, le Musée d’anthropologie de Mexico (Somogy, 1969). / A. Ichon, la Religion des Totonaques de la sierra (C. N. R. S., 1969). / M. Benzi, les Derniers Adorateurs du peyotl (Gallimard, 1972).


Les Indiens d’Amérique du Sud


La population indienne du continent sud-américain

On peut distinguer trois grandes régions, à l’intérieur desquelles prédominent des modèles économiques, socio-politiques et religieux assez homogènes.

• Les chasseurs du Sud. Dans les îles et les plaines du Sud, la population indienne était très éparse : de 2,5 à 9 personnes pour 100 km2. Les tribus indigènes ne connaissaient pas l’agriculture et vivaient de chasse et de pèche. La taille et la composition des groupes étaient adaptées aux besoins de la subsistance dans une région aux ressources limitées : ils consistaient en un ou plusieurs groupes de parenté.

• Les tribus de la forêt tropicale. Dans les forêts tropicales humides, la densité de population atteignait de 10 à 50 personnes pour 100 km2. Les villages pouvaient regrouper jusqu’à 1 000 habitants, qui vivaient d’agriculture sur brûlis semi-nomade, connaissaient le transport par canoë et dont la technologie et la culture matérielle étaient plus riches. Les groupes de parenté n’étaient que parfois contrôlés par des chefs. Dans la région circumcaraïbe, sur 100 km2 vivaient plusieurs centaines de personnes. Les agglomérations comptaient de 1 000 à 3 000 habitants, qui vivaient d’agriculture plus productive que dans la forêt tropicale. Un système de chefferies avait été élaboré.

• La population des Andes centrales. Dans cette région, où l’agriculture avait atteint la plus forte productivité d’Amérique, la densité de population était de 720 personnes pour 100 km2. Si les villages ne comptaient que plusieurs centaines d’habitants, des cités comme Cuzco, au Pérou, en rassemblaient près de 100 000. Un système de classes héréditaires coïncidait avec un complexe rituel très élaboré.

Il ne fait nul doute que l’environnement naturel a conditionné au moins en partie le développement socioculturel des populations indiennes d’Amérique du Sud. Lorsque le climat, le sol ou le relief ne permettaient pas l’apparition et le développement d’une agriculture intensive ou extensive, la densité de population restait très faible et la division sociale du travail peu élaborée.

Aujourd’hui, la situation des groupes indiens à l’intérieur des États sud-américains dont ils font partie présente dans chacune des trois régions des problèmes spécifiques :
— dans les îles et les plaines du Sud, en Argentine et au Chili, les Indiens, peu nombreux, habitent des zones très localisées, bien qu’ils ne se trouvent pas dans des réserves ;
— dans la forêt tropicale, en Bolivie, au Brésil, en Équateur, au Paraguay, au Pérou ou au Venezuela, les Indiens habitent des territoires isolés et d’accès difficile ;
— dans les Andes centrales, en Colombie, en Équateur, au Pérou, en Bolivie, les Indiens constituent la population rurale.

À des degrés différents et à l’exception de l’Uruguay, qui ne possède pas de population indigène, le « problème indien » est crucial pour tous les États sud-américains, qui, de diverses façons, tentent de réaliser l’intégration des groupes indiens à la nation.

D. D.


Les populations indiennes de la région andine

Les Andes représentent l’un des deux grands foyers de haute culture amérindienne. Cette région, qui correspond approximativement au territoire des actuelles républiques de l’Équateur, du Pérou et de la Bolivie, possède 7,5 des 15 millions d’Indiens qui vivent encore dans les Amériques.

La population indienne des Andes se répartit en trois ensembles ethniques : les Quechuas, les Aymaras et les Urus-Chipayas, que singularisent la langue et secondairement la culture. Ces ethnies occupent les terres hautes, c’est-à-dire les deux cordillères et le haut plateau. Sur la côte, qui a été fortement affectée par la colonisation espagnole, les Indiens, nombreux avant le xvie s., ont été très tôt anéantis par les maladies importées d’Europe ou absorbés par la société hispano-coloniale. Toutefois, certains éléments chimus, issus de la grande ethnie qui conquit tout le Nord côtier entre les xiiie et xve s., sont parvenus à conserver leur langue et leurs coutumes jusqu’au début du siècle, et notamment dans le village d’Eten.