Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indien (océan) (suite)

• La partie située au sud de 10° de lat. S. Elle se distingue par la faible amplitude saisonnière et la distribution parfaitement zonale de la pression atmosphérique, de la température (air et eau), de la salinité et des courants. Cette stabilité des milieux atmosphériques et marins est due à l’absence de la mousson. Les courants influencés par les vents forts qui soufflent dans la zone tempérée australe (vers l’ouest, en bordure du continent antarctique, et surtout vers l’est, dans l’auge de basses pressions située au sud de 40° de lat. S.) et dans la zone tropicale (alizés du sud-est) adoptent dans la plus grande partie du domaine un tracé cellulaire tournant dans le sens contraire de celui des aiguilles d’une montre. Les sensibles différences entre les masses d’eau permettent d’individualiser l’eau centrale, l’eau subantarctique et l’eau antarctique, que séparent les fronts hydrologiques subtropicaux et polaires, qui se déplacent modérément en latitude. Sous l’eau centrale, on trouve en profondeur (sous la thermocline) les eaux tempérées ou froides, moins salées, formées dans l’océan Austral et qui migrent vers le nord-ouest : c’est d’abord l’eau centre-indienne, née au voisinage du front subtropical, puis l’eau antarctique intermédiaire, qui a plongé sous le front polaire, et enfin l’eau antarctique de fond, qui, après avoir dévalé la pente continentale antarctique, va occuper les parties les plus profondes des bassins.

• Au nord de 10° de lat. S. Toute la vie de l’océan Indien est ici placée sous l’influence du grand renversement planétaire, qui occasionne l’apparition de grands contrastes saisonniers observés dans les masses d’air et les masses d’eau, dont les variations gagnent en amplitude à mesure que l’on se rapproche du continent asiatique. En hiver, la situation météorologique est comparable à celle des autres océans sous les mêmes latitudes : les vents, réguliers et peu chargés en humidité, soufflent du nord-est (alizé normal) depuis l’Asie jusqu’à la zone des calmes (convergence intertropicale, CIT), qui oscille entre le nord de Madagascar et l’Indonésie. Pendant cette saison, les ciels sont clairs, les pluies et les vents modérés. Les courants sont dirigés vers l’ouest et le sud-ouest (upwelling sur les façades occidentales), et associés à un mouvement normal de compensation vers l’est. En été, la situation est renversée, puisque le champ de basses pressions est démesurément étalé jusqu’à l’Asie méridionale. L’alizé austral (du sud-est) franchit l’équateur, s’oriente vers le nord-est, où, chargé d’humidité, il apporte ciels couverts et pluies abondantes, parfois orageuses, accompagnées ou non de dangereuses dépressions tropicales. Les eaux, surtout dans les golfes, subissent alors un réchauffement sensible et une dessalure partielle, proportionnels à l’intensité régionale des radiations, des pluies et des apports fluviaux. C’est la saison pendant laquelle les vents et les courants sont les plus rapides, les tempêtes les plus fortes. En surface, l’eau se dirige vers l’est et le nord-est, à la façon d’un immense contre-courant. En profondeur, dans l’eau antarctique intermédiaire, qui remonte vers la surface et perd une part de son individualité, viennent s’encastrer et se diluer deux langues d’eau salée (plus de 35 p. 1 000) : c’est l’eau de la mer d’Arabie, formée dans le golfe Persique et en mer Rouge, et qui plonge vers l’est (golfe du Bengale), le sud-est (large de Java) et le sud (canal de Mozambique).


Un océan du sous-développement

Sur la plus grande partie de son étendue, l’océan Indien, en dehors de certaines bordures continentales (golfes asiatiques, mers d’Insulinde, ouest de l’Australie) et des régions australes, ne connaît qu’une « fertilité » réduite. L’exploitation des eaux en est restée fréquemment au stade de la pêche de subsistance, fondée sur des moyens habiles, certes, mais peu efficaces. La grande pêche y est apparue avec l’arrivée des flottilles étrangères (soviétiques et japonaises surtout) ; elle est en voie de développement rapide dans les secteurs sud-ouest. Les chiffres publiés par la F. A. O. (Food and Agriculture Organization), qui ne tiennent compte que des seuls tonnages débarqués dans les ports riverains, restent donc modestes : environ 3 Mt pêchées en 1970 (moins de 5 p. 100 du total mondial), dont les deux tiers pour les régions nord-ouest et sud-ouest.

Autour de l’océan Indien, les civilisations maritimes n’ont connu qu’une extension restreinte : aux Arabes, découvreurs, géographes et conquérants qui ont parcouru tout le secteur nord-ouest, ont succédé les colonisateurs portugais, hollandais, britanniques et français, qui ont essaimé des comptoirs reliés par des routes autant commerciales que stratégiques, mais dont la durée fut parfois éphémère. Les concentrations humaines des plaines maritimes n’ont qu’une économie agricole et coloniale, et seuls les rivages de l’Afrique australe et de l’Australie sont localement industrialisés : d’où la modestie des réseaux d’échanges entre les façades. Les routes commerciales ont essentiellement une activité exportatrice ; jadis, elles convergeaient vers la route des Indes, via Suez ; depuis 1967, elles tendent à s’articuler autour de la route du Cap, par où transitent les hydrocarbures du golfe Persique. Les archipels et les façades maritimes qui ont servi de bases aux peuples colonisateurs ont été récemment submergés par la vague démographique venue de l’Asie, en particulier de l’Inde. Dans tout cet océan qui n’a jamais aussi bien porté son nom, si les impérialismes de toute nature s’affrontent, l’Orient et l’Occident s’y fondent en des mélanges féconds.


Les régions


L’océan Indien de la mousson

• La région arabique. Elle occupe tout l’angle nord-ouest et se distingue par son aridité, car les vents y ont, en toute saison, un parcours en grande partie continental.