Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indien (océan) (suite)

Caractères généraux


Un océan du Gondwana

Selon la théorie de l’expansion du fond des océans, l’océan Indien serait né de l’écartèlement d’un ancien continent appelé « Gondwana » (v. Antarctique). Une telle origine expliquerait l’importance prise par les vieux boucliers dans l’encadrement structural et la faible extension des mers marginales, sauf en bordure des montagnes alpines.

• Les cuvettes océaniques. Elles comprennent trois parties.

La dorsale. Elle est en continuité avec celle de l’Atlantique*, mais disposée ici en « Y » renversé. La branche sud-ouest (sommets à moins de 1 000 m) et la branche sud-est (décalée vers le sud, sur le méridien des îles de la Nouvelle-Amsterdam et Saint-Paul) font leur jonction à l’est de l’île Maurice pour former la dorsale centre-indienne. Celle-ci, d’abord sud-nord, est recourbée ensuite vers le nord-ouest (dorsale dite « de Carlsberg ») jusqu’au golfe d’Aden, à l’intérieur duquel on en retrouve des tronçons (dorsale Est-Sheban). Toute la dorsale forme une masse montagneuse, longue de près de 20 000 km, ouverte sur toute sa longueur par un fossé médian (ou rift), bordée de chaînes parallèles qui s’ennoient latéralement sous les sédiments. On y retrouve les anomalies magnétiques, gravimétriques et thermiques connues dans toutes les autres dorsales. La mer Rouge, dont la dépression centrale est dans le prolongement du fossé, est considérée comme une mer en formation par écartement des blocs africain et arabique. Dans le sens longitudinal, la continuité des reliefs est interrompue par de nombreux décrochements, sur l’emplacement desquels sont apparus des reliefs transversaux complexes, souvent imposants, comme les gigantesques escarpements (rehaussés de monts sous-marins), les dépressions et les fosses décrits le long des zones des fractures, d’Owen, qui va du bassin somalien à la marge pakistanaise (mont Error, fosse Wheatley, 5 802 m), de la Véma, à l’est des Seychelles (fosse à 6 402 m), et de Rodrigues, à l’est de Madagascar.

Les seuils. Les uns sont des blocs massifs et dissymétriques, aux structures profondes apparentées à celles des continents les plus proches, dont ils ont été isolés lors de la formation des bassins. Ces « microcontinents » sont : à l’ouest, les seuils des Aiguilles (2 310 m), du Mozambique (1 220 m) et de Madagascar ; au sud-ouest, les seuils des Crozet et des Kerguelen, entre les deux branches de la dorsale ; au sud-est, les seuils de Broken (1 123 m) et du Naturaliste (1 177 m), bordés au sud par les fosses de l’Ob (5 761 m) et de la Diamantina (6 857 m). Les autres seuils possèdent un soubassement « océanique » recouvert par des sédiments pélagiques (seuil Nonantest ou chaîne indienne centrale, 870 m) ou d’épais entablements coralliens (seuils des Seychelles-Mascareignes, des Chagos-Laquedives-Maldives). Les glacis sédimentaires qui les entourent ne sont pas toujours parvenus à combler les fosses bordières (fosse des Amirantes, à l’ouest des Seychelles, 5 349 m ; fosse des Chagos, 5 408 m).

Les bassins. Ils sont logés entre les diverses parties de la dorsale et les seuils, et sont en grande partie occupés par des reliefs différenciés (les collines abyssales) que surmontent quelques monts sous-marins d’origine le plus souvent volcanique (îles Cocos et Christmas au sud-ouest de Java). Les plaines abyssales, construites par l’accumulation de sédiments venus du continent (turbidites), sont le plus souvent exiguës, sauf au voisinage de l’Australie et du continent antarctique. C’est l’argile rouge qui tapisse la plus grande partie des bassins orientaux ; les bassins de l’Ouest, moins profonds, sont, au contraire, recouverts par des boues calcaires à globigérines.

• Les marges continentales. Les vieux boucliers qui appartenaient jadis au Gondwana sont bordés de marges continentales larges et peu inclinées (par exemple le nord-ouest de l’Australie) ; mais, lorsque la façade maritime est montagneuse (par exemple le pourtour du Deccan), les plates-formes et les pentes sont étroites, très inclinées, et les cañons sous-marins sont rares. Les marges continentales dominées par l’arc alpin diffèrent sensiblement de cette première catégorie. L’importante masse sédimentaire (provenant de l’érosion de la chaîne himalayenne) s’est accumulée en formant les immenses cônes alluviaux de l’Indus (mer d’Oman) et du Gange (golfe du Bengale), dont la surface est parcourue par un lacis complexe de chenaux que l’on pense être façonnés par des courants de turbidité. Leur exhaussement eut pour effet la réduction sensible de la pente continentale et le comblement de la plus grande partie des cañons. Toute la partie affaissée entre les chaînes iraniennes et le socle arabique a été colmatée pour former le golfe Persique, dont les profondeurs sont dérisoires (30 m). De la Birmanie à la mer de Timor, un arc insulaire discontinu, bordé à l’ouest de l’Indonésie par une ligne de hauts-fonds, est précédé par un chapelet de fosses (de Sumatra, vers 6 000 m ; de Java, à 7 450 m) formées par l’engloutissement de la croûte « océanique » sous l’arc. Le décalage vers l’ouest de la partie constituée par les îles Andaman et Nicobar paraît être responsable de la formation de la mer Andaman (4 198 m) par extension ou subsidence de son soubassement.


Un océan de l’hémisphère Sud

À la différence des autres océans, presque également répartis de part et d’autre de l’équateur, l’océan Indien appartient pour les trois quarts à l’hémisphère austral. De plus, il est fermé vers le nord par l’Asie, le continent le plus massif. Cette disposition originale a pour effet de troubler la disposition zonale des climats et provoque pendant l’été une véritable invasion du climat tropical vers le nord jusqu’à des latitudes considérées ailleurs comme tempérées (phénomène de la mousson). Par ailleurs, l’océan Austral se voit accorder un rôle prépondérant dans la structure hydrologique des parties profondes.