Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Inde (suite)

Poètes contemporains

Assamais : Hem Baruā (1915), éducateur et poète influencé par Eliot et Edith Sitwell / Navakānta Baruā (1926), progressiste. Technique nouvelle des rythmes.

Bengali : Narendra Deva (1887-1971) / K. K. Dās Gupta / S. Bhaṭṭācārya.

Gujarātī : Narindra Dave.

Hindī : Ajñeya / Tendance marxiste : Ranjega Rāghava, Bhārat Bhūśan, Kedār Nāth Agraval, Nāgārjun, Dhumil R. Sahay, Kailāś Vājpegi / Girijā Kumār Māthur (1917), qui expérimente diverses techniques.

Kannara : V. K. Gokak (1909), influencé par W. Whitman, Hopkins, Eliot.

Kāśmīrī : Dinanāth Nadim (1916), progressiste / Rahmān Rāhi (1925), progressiste.

Malayālam : G. Śankara Kurup (1901), symboliste / Mme N. Balamanī Amma (1909).

Marāṭhī : B. S. Mardhekar (1907-1956), progressiste / P. S. Gore / B. B. Borkar / P. K. Atre.

Oriyā : Sacidānand Raut Roy (1916), progressiste qui s’inspire de Freud, de Marx et de Whitman.

Sindhī : Arjan Gobindrām Mircandani « Śad ».

Urdū : Raghupati Sahai « Firaq Gorakhpūrī » (1896), poète révolutionnaire / Akhtar ul-Imān (1915), qui écrit en vers libres / Sulaimān Ārib (1922), poète et journaliste / Nun Mim Rāśid, qui écrit en vers libres.

Panjābī : Mohan Siñgh (poésie du « tourbillon ») / Bhāi Vīr Siñgh / Narendra Pal Siñgh.

Tamoul : Karuna Nandam / N. R. Pillai.

Telugu : Kundurti Anjanegulu / D. B. Gangādhārā Tilak, entre romantiques et progressistes.


Les thèmes historiques

Le souci de réalisme entraîne un intérêt nouveau pour les sujets historiques, préférés par les auteurs nourris de culture classique : Gajendra Kumār Mitra et le poète Amiyā Cakravartī (Bengali), de nombreux écrivains de langue hindī, Hazāri Prasād Dviyedī, Rāhul Sānkrityāyana, Udaya Śankar Bhaṭṭa, Rāmdhāri Sinha « Dinkar ». En gujarātī, les auteurs restent très attachés à la tradition culturelle : le plus célèbre est sans doute K. M. Munśī, romancier et essayiste. B. C. Rāmrakhiani (sindhī) est journaliste et biographe. P. V. Akilandam (tamoul) a écrit un roman historique, Vengaiyin Maindhan, qui a été couronné par l’Académie indienne. N. Venkatarāo, professeur et auteur d’histoires littéraires, s’exprime en telugu et en anglais. Enfin, l’ambassadeur K. M. Panikkar (malayālam) est parmi les auteurs indiens les mieux connus dans le monde entier. Ancien ambassadeur en France et en Chine, il a publié de très nombreux ouvrages concernant l’histoire et la culture indiennes.


Les progressistes

Parmi les écrivains progressistes, le groupe des « expérimentalistes » est nettement influencé par Freud et T. S. Eliot. Leur psychologie est le plus souvent fondée sur l’expérience individuelle. Malheureusement, celle-ci est nécessairement très limitée, étant donné la force des contraintes sociales. Il en résulte parfois une impression un peu fastidieuse d’effort et d’artificialité. Dans le domaine des relations personnelles, la mentalité indienne est si éloignée de la mentalité occidentale que nos méthodes scientifiques ne lui conviennent pas toujours très bien. Même les romanciers contemporains les plus doués se dégagent difficilement du point de vue traditionnel et réussissent à traiter ces questions en toute objectivité et avec une compréhension profonde. Par contre, lorsque l’analyse psychologique se limite à l’étude des relations entre l’individu et la société, à la lutte de l’individu contre un système de société féodale abusif ou à une réaction contre les superstitions, elle est généralement très révélatrice, vivante et bien menée.

• Bengali. Balai Cand Mukerjī, dit Banaphūl (1899), médecin de profession, auteur de contes, de poèmes, de romans et de pièces de théâtre, doit sans doute à sa formation de savoir analyser le comportement humain avec une certaine rigueur dans un style précis et clair. Tārāśankar Bandyopādhyāya (1898-1971), lui aussi docteur en médecine, est surtout romancier et conteur. Il prend part à la lutte pour l’indépendance durant les années 1920 et commence sa carrière littéraire en 1930 par des études réalistes sur les paysans du Bengale. Son roman le plus connu, Ganadevatā, recevra un prix littéraire et sera traduit dans toutes les langues de l’Inde.

• Hindī. Upendranāth Aśka (né en 1910), originaire du Pendjab, s’exprime en hindī. Son roman psychologique Girti divāren (les Murs qui tombent) est une étude psychanalytique assez intéressante d’un jeune Indien devant les problèmes de la vie personnelle en Inde. L’écrivain Ilācandra Jośi (né en 1902), dans Sannyāsi (le Renonçant), tire un bon parti des analyses freudiennes appliquées à un cas spécifiquement indien. Poète, romancier et conteur, S. H. Vātsyāyana, dit Ajñeya (1911), est le chef de file des expérimentalistes en hindī. Son principal roman, Śekhara, étudie l’âme d’un révolté et pose la question de l’existence de Dieu. Son point de vue, influencé par la philosophie existentialiste, est celui d’un humanisme scientifique.

• Tamoul. P. Padmaraju (1915), conteur et poète, se réclame en particulier de Huxley, d’Eliot et de Joyce. La psychologie de ses personnages est bonne, et son souci de peindre la place de la mort dans la vie est très indien.

En poésie, la tendance « moderniste » s’exprime par le symbolisme et l’emploi de techniques nouvelles telles qu’on les observe dans notre poésie contemporaine.

Dans la propagation des idées modernes, le roman et la nouvelle jouent un rôle de premier plan. Facilement accessibles à une proportion relativement large de la population, en particulier les femmes et les jeunes, ils contribuent à favoriser l’évolution de la mentalité. Depuis le xixe s., le journalisme n’a cessé de se développer en Inde. La plupart des écrivains indiens ont d’abord publié leurs œuvres dans des mensuels et magazines littéraires plus en rapport avec le pouvoir d’achat des lecteurs. Depuis quelques années, cependant, les éditions de poche se multiplient. Par les soins de la Sāhitya Akādemi (Académie littéraire), les meilleurs romans en langues régionales sont traduits en hindī, langue nationale (et vice versa), ainsi que des œuvres en langues étrangères. La littérature hindī occupe une place importante.