Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Inde (suite)

Prem Cand

Sa vie

• Nawāb Rāy, dit Prem Cand, né en 1880 à Lamahī, village proche de Bénarès.

• Il était de caste Kāyastha (scribe), fils d’un pauvre employé des postes.

• Marié à l’âge de quinze ans, il se sépare de sa femme et se remarie en 1906.

• Il étudie à Bénarès, au Queen’s College, et passe un examen de fin d’études en 1897. Il devient maître d’école, puis directeur.

• En 1916, il passe un diplôme universitaire.

• Ses premières œuvres sont écrites en style et en alphabet urdū, mais, à partir de 1920, il écrit en hindī et met son talent au service du mouvement nationaliste de Gāndhī.

À partir de 1926, il devient écrivain de métier et mène une vie difficile.

Il meurt à Bénarès en 1936.

Ses œuvres principales

1907 Premā (urdū et hindī).

1919 Sevāsadan (urdū et hindī).

1922 Premāśram et vardān (urdū et hindī).

1923 Sangrām (pièce de théâtre).

1925 Rangbhūmi.

1926 Ahamkār (version de Thaïs, d’Anatole France).

1927 Nirmalā (problème du mariage forcé).

1931 Gaban.

1932 Karmabhūmi (nationalisme et problème paysan).

1936 Godān (son chef-d’œuvre, trad. en anglais en 1956 et en français).

Nombreuses nouvelles rassemblées sous le titre de Mānsarovar.


L’évolution des idées après l’indépendance

Les écrivains progressistes de tendance marxiste avaient déjà fait leur apparition dans la décennie précédant l’indépendance. Les idées marxistes gagnent un terrain considérable parmi les intellectuels après 1950. On peut même dire que, chez les plus jeunes générations, elles détrônent les idées héritées de Gāndhī. Il est aussi frappant de constater que le rythme général d’évolution, resté jusqu’alors assez lent, s’accélère de plus en plus. Les littératures qui reflètent le plus largement les nouvelles tendances idéologiques correspondent volontiers aux régions les plus pauvres, à celles où l’industrialisation s’est récemment développée, où l’éducation universitaire est la plus poussée. C’est le cas des littératures bengali, hindī-urdū, marāṭhī, des jeunes littératures panjābī et malayālam dans le Sud (Kerala). Les thèmes sociaux, surtout réservés au début du siècle aux romanciers et aux nouvellistes, gagnent la poésie. La lutte des classes est clairement évoquée, et une nouvelle organisation socio-économique préconisée. Ces idées sociales vont le plus souvent de pair avec l’emploi de la psychanalyse de type freudien dans les études psychologiques et la libre allusion aux relations et aux problèmes sexuels. C’est en somme l’écho de la réaction contre les tabous que l’on observe en Europe à la même époque, mais d’un caractère plus sporadique et plus contrasté, car elle apparaît dans un milieu resté longtemps statique. Le changement n’atteint qu’un groupe relativement restreint d’individus et reflète plus des options et des engagements brusques qu’une évolution progressive. Un autre facteur important est l’élargissement de l’ouverture sur l’Occident. Après l’indépendance, le contact des jeunes Indiens éduqués avec les civilisations de l’Ouest ne se fait plus seulement dans le cadre britannique. Ils voyagent et vont étudier dans les autres pays d’Europe, en U. R. S. S. et aux États-Unis. Les traductions d’œuvres en toutes langues se multiplient, et l’intérêt pour l’étude des langues autres que l’anglais va croissant. Les sciences, l’économie, la technique attirent beaucoup d’étudiants, et leur pratique modifie assez profondément la mentalité des jeunes Indiens. La résistance que provoquent ces nouvelles tendances produit d’ailleurs une littérature non dénuée d’intérêt. C’est le cas des essais de synthèse entre les nouvelles idées venues de l’Ouest et les valeurs traditionnelles. Une plus large compréhension et une meilleure assimilation du dynamisme actif de l’Occident permet d’entrevoir la possibilité d’un certain équilibre.

Malgré ces caractéristiques générales, chaque littérature garde son originalité régionale. L’Inde est une république de type fédéral, et la division en États sur une base linguistique a favorisé le régionalisme. Dans le choix des sujets, leur approche et leur expression, chaque langue garde sa personnalité.

Les langues de la République indienne

Langue nationale

hindī

Langue commune associée

anglais

Les quatorze langues régionales littéraires

assamais

bengali

gujarātī

kannara

kāśmīrī

malayālam

marāṭhī

oriyā

panjābī

sanskrit

sindhī

tamoul

telugu

urdū.


La littérature régionale

Les écrivains réalistes qui étudient les conditions de vie et les problèmes humains dans l’environnement de leur région d’origine sont bien souvent parmi les meilleurs. La vie dans les provinces du Nord est parfaitement rendue en hindī sous la plume de Phaṇīsvarnāth Reṇu, de Vrindāvan Lāl Varmā, de Nāgārjun, pseudonyme de Vaidyanāth Miśra, de Śiva Prasād Miśra. La vieille ville de Delhi est magistralement évoquée par Ahmed Ali, qui écrit en anglais. En anglais également, Khuśvant Siñgh brosse une peinture saisissante de la situation au Pendjab au moment du partage de ce pays entre l’Inde et le Pākistān. Mohan Siñgh, poète, romancier et journaliste panjābī, admirateur d’Eliot et de Paul Eluard, consacre tout un recueil de poèmes (Savey Patr) à la description de son pays natal ; enfin, la poétesse et romancière Amritā Pritam, dont les œuvres ont beaucoup de charme, est aussi lue en panjābī qu’en hindī. Lāl Singh H. Ajvami fait revivre les contes folkloriques du Sind ; en tamoul, J. Janakirman situe l’action de ses romans dans les villages du Tamilnād, et M. Varadarajan, philosophe, critique littéraire et romancier sait rendre avec beaucoup de sensibilité les images de la vie contemporaine dans le sud de l’Inde. L’auteur malayālam Thakazhi Śivaśankara Pillai, l’un des meilleurs de toute l’Inde, non seulement sait écrire avec poésie les incomparables paysages du Kerala, mais encore réussit, à travers la vie des pêcheurs et des paysans, à nous familiariser avec l’âme de ses compatriotes. Le conteur et romancier oriyā Gopināth Mahantī fait une large place dans son œuvre à la vie des tribus qui peuplent une partie de l’Orissa. Dans ses romans en anglais, Bhabani Bhaṭṭacārya décrit les coutumes du Bengale (Music for Mohini).