Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

inconscient (suite)

La structure de l’inconscient, dont on ne connaît que les effets de langage et qui n’en a pas d’autres, décide de la relation psychanalytique : le psychanalyste est celui à qui le discours de l’analysant s’adresse, discours d’Autre à Autre et dont le support est le seul langage. C’est pourquoi Lacan, fermant une boucle que Freud avait ouverte, peut écrire : « Les psychanalystes font partie du concept d’inconscient, puisqu’ils en constituent l’adresse » (« Position de l’inconscient », Écrits, 1966). Dépositaires de l’inconscient, les psychanalystes, dit Lacan, sont des scribes ; ils enregistrent, supportent la superposition de discours historiquement datés dans leur provenance : discours présents du symptôme, discours anciens des formes enfantines du langage. Freud a transformé la conception privative de l’inconscient en construction systématique d’une cause pulsionnelle ; Lacan a étendu cette causalité au langage et, par là même, à la relation transférentielle tout entière ; si bien qu’on peut dire que le psychanalyste est à la fois l’Autre du sujet et l’historien de son langage.

C. B.-C.

➙ Psychanalyse.

 S. Freud, Entwurf einer Psychologie (Vienne, 1895 ; trad. fr. « Esquisse d’une psychologie scientifique », dans la Naissance de la psychanalyse. Lettres à Wilhelm Fliess, P. U. F., 1956) ; Die Traumdeutung (Vienne, 1900 ; 8e éd., 1929 ; trad. fr. la Science des rêves, P. U. F., 1926, nouv. éd. l’Interprétation des rêves, 1967) ; Das Unbewusste (Vienne, 1915 ; trad. fr. « l’Inconscient » dans Métapsychologie, Gallimard, 1952 ; nouv. éd., 1968) ; Das Ich und das Es (Vienne, 1923 ; trad. fr. « le Moi et le Soi » dans Essais de psychanalyse, Payot, 1948). / J.-C. Filloux, l’Inconscient (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1947 ; 11e éd., 1970). / C. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale (Plon, 1958) ; « Introduction » dans M. Mauss, Sociologie et anthropologie (P. U. F., 1960). / G. Roheim, Psycho-analysis and Anthropology (New York, 1965 ; trad. fr. Psychanalyse et anthropologie, Gallimard, 1967). / J. Lacan, Écrits (Éd. du Seuil, 1966). / J. Derrida, « Freud et la science de l’écriture » dans l’Écriture et la différence (Éd. du Seuil, 1967). / J. Laplanche, J.-B. Pontalis et D. Lagache (sous la dir. de), Vocabulaire de la psychanalyse (P. U. F., 1967). / L. L. Whyte, Unconscious before Freud (New York, 1967 ; trad. fr. l’Inconscient avant Freud, Payot, 1971).

incubation

Période qui sépare la fécondation de l’éclosion de l’œuf. Période qui correspond à la multiplication silencieuse et à la dissémination des germes pathogènes à l’intérieur d’un être vivant.



Incubation des œufs

Elle coïncide, de par sa définition, avec le développement embryonnaire, puisque l’embryon* est le jeune encore enfermé dans la coque de l’œuf.

Le développement embryonnaire est donc tout naturellement tributaire des conditions de l’incubation. Nous n’en citerons que quatre exemples bien caractéristiques.


La température

On a pu montrer (A. H. Wright) que les œufs de Batraciens étaient très sensibles à ce facteur ; la durée de l’incubation en dépend. Chez les Oiseaux, dispenser la chaleur aux œufs est une impérieuse nécessité. Le développement embryonnaire ne peut s’accomplir convenablement qu’à cette condition. Les œufs sont couvés soit par le père (rarement), soit par la mère, soit par les deux. À ce moment, au niveau abdominal, le sexe couveur présente un œdème et une vascularisation importante, qui entraîne la chute du duvet, mettant localement la peau à nu (plaques incubatrices). Les œufs, au contact de cette région, bénéficient donc d’apports caloriques importants. Sans autre intervention, ces échanges seraient localisés plus particulièrement à une certaine partie de l’œuf, mais on constate qu’avec leur bec les Oiseaux retournent leurs œufs. Si les deux sexes couvent, on assiste à un relais dans l’accomplissement de cette tâche. Si l’un des sexes couve seul, la prise de nourriture oblige l’adulte à quitter parfois le nid. Il le fait seulement quand le trou qui sert de nid présente une température suffisamment élevée pendant le jour (cas des guêpiers de la zone tropicale).

Pour toutes ces raisons, on conçoit que la température d’incubation ne soit pas constante. Chez un Troglodyte (nid couvert et clos), elle est de 34,4 °C en présence du couveur et seulement de 32,9 °C en son absence. Pendant la couvaison, elle augmente, du moins au début. C’est ainsi qu’elle est de 20 à 25 °C chez le Manchot les deux premiers jours et qu’elle s’élève à 38 °C à partir du quinzième jour (durée d’incubation : 45 jours).

Signalons toutefois que, dans quelques cas, la couvaison est parfaitement continue. Il ne peut pas en être autrement, d’ailleurs, chez les Calaos, chez qui la femelle est emmurée dans son nid.

Il ne revient pas à l’Homme seul d’avoir inventé l’incubateur artificiel : chez Leipoa ocellata, Mégapodidé d’Australie, un petit tas de débris végétaux est mis à fermenter, ce qui dégage de la chaleur ; la réaction est surveillée jalousement par le mâle, qui retourne et mélange les fragments selon les besoins pour activer la fermentation. Les œufs sont placés dans ce tumulus par la femelle.

On retrouve un cas similaire chez les Reptiles avec l’Alligator du Mississippi, dont la femelle construit un nid fait de boue et de débris végétaux pouvant atteindre 1 m de haut et 2 m de diamètre. Elle urine dessus pour maintenir l’humidité et, semble-t-il aussi, les fermentations. La température de ce nid est alors à peu près constante et de 2 °C supérieure à celle de l’atmosphère.

Ce n’est qu’une exception chez les Reptiles, dont souvent les œufs sont abandonnés dans une quelconque cavité servant de nid ou enfouis dans le sable (Tortues marines) ou dans la terre (Lézards), ce qui est le cas aussi de la plupart des Serpents. Toutefois, chez Elaphe obsoleta (Couleuvre nord-américaine), la femelle se chauffe au soleil et vient ensuite restituer la chaleur qu’elle a emmagasinée à ses œufs en se plaçant à leur contact. On retrouve cette pratique chez certains Lézards.